CINÉMAINTERNATIONAL

Hobbit versus Le Seigneur des anneaux : quelle trilogie l’emporte ?

Gandalf-1280X640

DUEL – Peter Jackson clôt son incroyable épopée au pays de la terre du Milieu, en six films, adaptés des romans de Tolkien.

C’est le bouquet, dans un déluge d’affrontements qui mêle des Nains, des Elfes, des Wargs et des Orques. Avec Le Hobbit : la bataille des cinq armées, Peter Jackson met (enfin !) un point final à la trilogie de Bilbo le Hobbit, adaptée des romans de ‘fantasy’ publiés par l’auteur britannique J.R.R. Tolkien, dès 1937. Particulièrement attendu par les fans du Seigneur des anneaux, ce dernier volet en 3D, en salles mercredi, se doit de boucler la boucle en beauté. Peter Jackson a-t-il relevé le défi ? Hobbit versus Le Seigneur des anneaux : quelle trilogie l’emporte ? On a demandé leur avis à quelques critiques cinéphiles.

>>> Stéphane Gobbo est critique cinéma pour le magazine suisse l’Hebdo.

>>> Phalène de la Valette est journaliste cinéma pour Le Point.

>>> Louisa Amara est journaliste culture pour Zoo Le Mag et pour Ecran large.

La forme : Le Seigneur des anneaux 1 / Hobbit 0 –

Pour Stéphane Gobbo, il n’y a « aucun doute ». La trilogie du Seigneur des anneaux est sans conteste la meilleure des deux. A la sortie de La communauté de l’anneau, film inaugural de la première trilogie, « il y avait quelque chose de nouveau dans la représentation des mondes de l’imaginaire et dans le cinéma de fantasy. Grâce aux techniques numériques, on avait alors l’impression de voir le monde du roman culte de Tolkien prendre vie devant nous », confie le journaliste à Europe 1. Mais passé le choc de la première, la seconde trilogie frappe moins fort, de fait, « à l’instar de la suite de Jurassic Park, forcément moins marquante », explique le journaliste.

Même constat du côté de Phalène de la Valette. « La trilogie du Hobbit a fait un peu le même effet que la dernière trilogie de Star Wars par rapport à la première ». C’est nettement moins fort, explique la journaliste, qui regrette le choix artistique du tout numérique. « Technologiquement, le Hobbit reste très impressionnant », reconnaît-elle, « mais ce dernier volet n’a définitivement pas le toucher d’un film qui utilise des maquettes et l’artisanat. »

Quand on demande son avis à Louisa Amara, elle n’y va pas par quatre chemins. « C’est évident ! » s’exclame-t-elle. « La première trilogie, c’était notre Star Wars à nous. Alors que le Hobbit… » Non, apparemment, on n’est pas sérieux de poser cette question. Le Hobbit, ça ne marche pas, tout simplement. Et Louisa Amara s’est même ennuyée.

Le fond : Le Seigneur des anneaux 1 / Hobbit 0 –

Avec Le Seigneur des anneaux, Peter Jackson « inventait un genre hybride, empruntant autant au fantastique qu’au film de cape et d’épée, qu’au drame historique voire même au western », souligne Stéphane Gobbo. « S’il n’avait pas adapté Le Seigneur des anneaux, il n’y aurait probablement pas eu de Game of Thrones, dont les premiers romans sont sortis peu avant l’arrivée sur les écrans de La communauté de l’anneau, ni de Monde de Narnia.« Mais Le Hobbit donne au journaliste « l’impression étrange que le cinéaste néo-zélandais a en quelque sorte détruit ce qu’il avait construit. Au sortir de La bataille des cinq armées, on se dit que la fantasy ne se relèvera pas de ces films-monstres désincarnés, qu’elle est morte. »

Redécouvrez la bande-annonce du Seigneur des Anneaux: La Communauté de l’Anneau :

Pour Phalène de la Valette, « avec Le seigneur des anneaux Peter Jackson fait une adaptation de Tolkien alors qu’avec le Hobbit, il fait… du Peter Jackson. Il ne reste plus grand chose de l’œuvre originelle », selon la journaliste. Le film verse même dans du « pur Hollywood sans nuance », juge-t-elle. Un exemple ? L’histoire d’amour entre un nain et un elfe, inventée de toutes pièces dans La bataille des cinq armées. » Si l’elfe « n’existe tout simplement pas dans le livre », précise-t-elle, ce qui dérange, c’est plutôt « le manque total de subtilité » dans le traitement de l’intrigue. Si pour la journaliste, il n’y a tout simplement « pas photo » entre les deux trilogies, c’est surtout parce qu’il y a, dans le Seigneur des anneaux, une profondeur qui n’existe pas dans le Hobbit. Principal défaut ? Le Hobbit cherche à « s’imposer comme un préquel, ce qui n’est pas du tout le principe du livre », à prendre plutôt comme un conte pour enfants.

« Dans le Hobbit, on se retrouve 60 ans en arrière », rappelle Louisa Amara. On perd donc tout un tas de personnages en route. Douze d’entre eux notamment, brillent par leur absence. « Il aurait fallu des personnages aussi forts et aussi emblématiques, pour compenser… », regrette la journaliste. Mais à part Gandalf et les elfes, « on manque de personnages charismatiques. »

Le rythme :Le Seigneur des anneaux 1 / Hobbit 0

Ultime bémol, « la trilogie du Hobbit ne parvient pas à retrouver le souffle épique du Seigneur des anneaux », selon Stéphane Gobbo. « Les trois volets du film sont en effet adaptés d’un roman de 300 pages. Le réalisateur étire donc chaque épisode et ça piétine. »

Phalène de la Valette relève la même erreur, celle d’avoir coupé le livre « en trois films de deux heures quarante », là où deux volets auraient sans doute suffi. « Un long-métrage reposant uniquement sur six chapitres souffre d’un manque de matière évident qu’il lui faut dès lors combler en rallongeant indéfiniment les scènes de combat et en affabulant », résume la journaliste.

Hobbit versus Le Seigneur des anneaux : quelle trilogie l’emporte ?

Louisa Amara, qui s’est carrément ennuyée devant la trilogie du Hobbit, a mené l’enquête. Comment Peter Jackson a-t-il pu en arriver là ? Pour elle, l’explication est limpide comme le regard d’un elfe : Peter Jackson ne tenait pas à s’attaquer à cette suite. Le réalisateur était parvenu à « refiler le bébé » au réalisateur Guillermo del Toro pendant un temps, « ce qui aurait constitué un joli passage de relai », selon la journaliste. Manque de bol : « tout s’est mal goupillé. Ce sont les producteurs qui ont gagné. Ils ont exigé un film en trois volets. Résultat : on sent qu’on tire le fil autant qu’on peut, à tel point qu’il y a même des scènes où il ne se passe rien… Essentiellement, le problème du Hobbit, « c’est qu’il n’y a pas de rythme. »

Avantage donc à la première trilogie. En salles, le Hobbit fait un joli score, même si les chiffres des entrées ne devraient pas atteindre les sommets de la première. « La première trilogie (de 2001 à 2003) avait attiré, en moyenne, 7 millions de spectateurs tandis que Le Hobbit n’a pour l’instant qu’une moyenne de 4,6 millions de spectateurs. Celle-ci augmentera sûrement avec le dernier opus, car il clôt la trilogie, mais aussi parce que c’est vraiment le dernier de Peter Jackson sur cet univers. », selon Perrine Quennesson, du Film Français. « On peut imaginer que si cette seconde trilogie fonctionne moins bien, c’est parce que ce livre est un peu moins connu que la trilogie précédente et qu’il y a aussi, peut-être, un effet de trop plein », analyse la journaliste. Ces chiffres « restent malgré tout très bon », précise-t-elle. « D’ailleurs, à l’international, les deux premiers Hobbit cumulés frôlent les 2 milliards de dollars de recette (1,98 milliard de dollars précisément) et font même plus que les deux premiers opus du Seigneur des anneaux cumulés, soit 1,8 milliard de dollars. »

Source : Europe1

Article précedent

EDT à la Une de Va'a News

Article suivant

Après Dacia, Renault veut récidiver dans le low cost

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Hobbit versus Le Seigneur des anneaux : quelle trilogie l’emporte ?