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Hommage national à Michel Rocard jeudi aux Invalides

Paris (AFP) – Un hommage national sera rendu jeudi à Michel Rocard lors d’une cérémonie à l’Hôtel des Invalides à Paris, alors qu’une pluie de louanges pour « l’homme d’État », voire « le visionnaire », s’est poursuivie dimanche en France, venue de toute la classe politique.

L’ancien Premier ministre, décédé samedi à 85 ans, doit être incinéré dans la semaine à Paris, selon son fils, Francis. Ses cendres seront ultérieurement inhumées, probablement en septembre, à Monticello près de L’Ile-Rousse, en Corse, d’où sa dernière épouse, Sylvie, est originaire.

Cérémonie au temple protestant, hommage aux Invalides et hommage au siège du Parti socialiste, Michel Rocard, doté du sens de l’histoire, avait laissé un testament « très précis » sur le triple hommage qu’il souhaitait à sa mort, a indiqué le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis.

La cérémonie aux Invalides sera présidée par François Hollande et l’ancien secrétaire général de la CFDT Edmond Maire devrait également prendre la parole. L’hommage du PS rue de Solférino aura lieu vers le 11 juillet. 

Et, lundi soir, une minute de silence est prévue à la mairie, désormais LR, de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), dont Michel Rocard fut l’édile durant 17 ans et où certains habitants saluaient dimanche sur le marché « un grand monsieur ».

Dimanche matin, François Hollande s’est rendu à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, où l’ancien Premier ministre de François Mitterrand est mort, pour lui rendre un hommage personnel et saluer sa famille, selon l’entourage du chef de l’État.

Le Premier ministre Manuel Valls s’est également rendu à la mi-journée auprès de la dépouille de son « père en politique ».

Atteint d’un cancer, Michel Rocard « subissait des traitements lourds, il préparait avec beaucoup de lucidité, de courage et sérénité ses derniers mois », a raconté François Hollande au JDD. Le chef de l’État a dit l’avoir vu il y a encore un mois, « fatigué mais parfaitement conscient », à la remise de la Légion d’honneur au peintre Pierre Soulages, « son ami ».

« Je l’avais vu il y a quelques jours et il pensait tenir sa réunion sur les pôles, dans quelques jours au Quai d’Orsay », a déclaré le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron.

Toujours « en perpétuelle réflexion », comme sur le réchauffement climatique, « son horizon, c’était la planète », a souligné François Hollande. 

L’artisan du RMI et de la CSG a marqué l’histoire en jouant un rôle clef dans les accords de Matignon -un des plus beaux souvenirs de sa vie politique. « La Nouvelle-Calédonie pleure celui par qui elle a pu renaître, en 1988, avec Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou, après une décennie de guerre civile », a souligné le centriste Philippe Gomes, à l’unisson des hommages rendus sur le « Caillou ».

– Valls et Macron revendiquent l’héritage –

Depuis son décès, le théoricien de la « deuxième gauche », ex-Premier ministre à l’ambition présidentielle toujours contrariée et homme d' »utopies concrètes », suscite un élan convergent dans un pays en pré-campagne présidentielle.

À droite, l’ancien président Jacques Chirac a rendu hommage à son « ami de jeunesse », depuis le début des années 1950, et à « un homme d’État » mêlant, « de manière rare, le goût des concepts et la capacité d’action », dans une déclaration transmise à l’AFP.

À gauche, où beaucoup ont souligné l’empreinte de ce « passionné » dans l’histoire de la gauche, même chez ceux en désaccord avec sa ligne politique, Jacques Delors et Lionel Jospin ont insisté à leur tour sur son apport. 

Un « rôle essentiel » pour renouveler son camp, a retenu l’ancien président de la Commission européenne, rappelant « des divergences très nettes entre François Mitterrand et Michel Rocard » et la nécessité de « concilier les deux pour permettre au PS de revenir au pouvoir ».

L’ancien Premier ministre a lui évoqué « un social démocrate épris de dialogue social », « modernisateur en économie (…), pas un néo-libéral ».

Nicolas Hulot a salué « un homme d’exception », qui « avait saisi avant les autres les enjeux écologiques ». Et Brigitte Bardot a évoqué le défenseur des animaux qui venait d’adopter un chien de sa fondation.

La mort de Michel Rocard a également suscité l’émotion en Corse, avec des hommages des dirigeants nationalistes. 

Dans la jeune génération au gouvernement, tant Manuel Valls qu’Emmanuel Macron, en désaccords réguliers, ont distillé des messages codés sur l’héritage.

« Si Michel Rocard à un moment -mais on ne refait pas l’histoire avec des si- avait été président de la République, peut-être une grande partie des débats qui secouent la gauche seraient derrière nous », a lâché l’actuel locataire de Matignon.

Quant au fondateur du mouvement « En marche! », il a considéré que « bien souvent la France a été injuste avec lui (…) parce qu’elle n’a pas reconnu ses idées, l’originalité de celles-ci, elle a parfois été injuste au sein même de sa propre famille ».

Michel Rocard, le 26 août 2012 à Chanceaux-pres-Loches, (Centre) . © AFP

© AFP ALAIN JOCARD
Michel Rocard, le 26 août 2012 à Chanceaux-pres-Loches, (Centre)

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