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Hôpital: les médecins en grève pour des carrières plus attractives

Paris (AFP) – Temps de travail, rémunération, carrières: dans l’attente de mesures du gouvernement pour rendre plus attractif l’hôpital, confronté à une pénurie de médecins, anesthésistes-réanimateurs, gériatres, gynécologues, urgentistes, psychiatres… sont appelés à une grève « massive » lundi.

« Nous avions prévu un mouvement très fort, il se confirme très très fort », a affirmé lundi lors d’une conférence de presse Max-André Doppia, le président d’Avenir hospitalier, l’une des deux intersyndicales appelant à la grève. M. Doppia avait prédit une participation « d’environ 80% des anesthésistes-réanimateurs et entre 30 et 40% des praticiens d’autres spécialités ».

La continuité des soins devait être assurée, les médecins pouvant être assignés si besoin. En revanche, des opérations programmées mais non urgentes sont reportées, a indiqué à l’AFP M. Doppia. 

Les praticiens sont invités à cesser le travail toute la journée de lundi puis toutes les soirs et toutes les nuits. Le mouvement, initialement lancé par le syndicat d’anesthésistes SNPHAR-E, a été rejoint par deux intersyndicales, Avenir Hospitalier et la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH).

Elles devraient être reçues le 4 octobre, selon M. Doppia.

Avec ce mouvement de grève, la plus importante du quinquennat, les praticiens entendent mettre l’accent sur leurs conditions de travail et la pénurie grandissante de vocations hospitalières, puisque qu’entre « 25 et 30 % des postes de praticiens hospitaliers (PH) sont vacants ».

En cause, notamment, le temps de travail des PH, point central des revendications des syndicats. 

« On arrive à travailler 55 à 60 heures par semaine. On dépasse allègrement le temps de travail (autorisé NDLR) en Europe de 48 heures hebdomadaires », a souligné Yves Rebufat, président du SNPHAR-E.

Les médecins doivent réaliser dix demi-journées par semaine, chaque plage de 24 heures équivalant à quatre demi-journées. Si un médecin travaille deux fois 24 heures dans la semaine, sa direction peut lui signifier qu’il lui reste toujours deux demi-journées à effectuer. 

– ‘la pression financière plus tenable’ –

Jugeant cette situation « inacceptable », ils demandent que les plages de 24 heures soient créditées de cinq demi-journées au lieu de quatre.

Les intersyndicales réclament également les moyens de mieux « maîtriser » le temps de travail et que 20% de ce temps soient réservés aux activités hors patients, comme la recherche. 

Côté rémunération, la « revalorisation substantielle de l’indemnité d’engagement de service public exclusif », ou encore de meilleurs salaires en début et en fin de carrière font partie des doléances.

« Il faut attirer les jeunes, on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre », a souligné lundi M. Rebufat.

La ministre de la Santé Marisol Touraine avait présenté l’an dernier un plan de 250 millions d’euros financé par des réductions des dépenses d’intérim. 

« Après quatre ans de discussions avec le ministère de la Santé, on ne voit toujours rien de concret », a déploré M. Rebufat.

Le plan prévoyait notamment la création « d’une prime d’engagement », équivalent « à plusieurs mois de salaire » pour les jeunes qui font le choix de prendre un poste dans un secteur sous-doté ou dans une spécialité en manque de praticiens, comme l’anesthésie-réanimation ou la radiologie. Il visait 3.000 bénéficiaires d’ici à fin 2018. Il ouvrait également la possibilité pour les médecins de prolonger leur activité jusqu’à 70 ans et le cumul emploi-retraite jusqu’à 72 ans.

Le ministère assure que le « calendrier sera respecté » et « les modalités de mise en œuvre présentées dans les prochains jours ».

Vendredi en présentant le projet de budget de la sécurité sociale pour 2017, Mme Touraine a salué « les efforts des professionnels de santé » qui ont permis de réduire le déficit de la sécurité sociale, alors que quelques jours avant les infirmiers avaient effectué une grève « symbolique » pour alerter sur la « souffrance grandissante » des soignants. 

Mais, en 2017, les hôpitaux, en forte tension, devront encore faire des efforts à hauteur de 845 millions.

« C’est bien de réduire le trou de la Sécu mais la pression financière sur les hôpitaux aujourd’hui n’est plus tenable », a mis en garde sur FranceInfo le député PS Olivier Véran.

Une autre grève, à l’appel cette fois des cinq intersyndicales de PH, est prévue le 12 octobre. 

Des soignants dans un couloir de l'hôpital Tenon le 9 novembre 2010 à Paris. © AFP

© AFP/Archives FRED DUFOUR
Des soignants dans un couloir de l’hôpital Tenon le 9 novembre 2010 à Paris

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