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Il a des rapports sexuels avec une enfant de 13 ans mais ne voit pas la gravité des faits

Un homme de 39 ans comparaissait ce mardi au tribunal pour atteinte sexuelle sur mineur. Ne comprenant pas véritablement sur le fond ce qui lui était reproché, il a été condamné à cinq ans de prison dont deux avec sursis.

Teva* a l‘intellect limité. 82 de QI. Á 39 ans les experts le comparent à « un enfant effronté. Il est immature. » Dans son esprit rien ne l’empêche donc de tomber amoureux d’une gamine de 13 ans, sa nièce. La différence d’âge, il ne la conçoit pas, ne la voit pas. Le viol non plus. Pour lui un viol c’est quand on tape sa proie et qu’on la force à l’acte. Sa nièce, il ne l’a pas forcée. « Elle était amoureuse de moi. Elle ne s’est pas débattue. »

Les faits se sont déroulés entre le 13 et 14 juillet 2018 aux îles Sous-le-Vent. Alors que la mère de la victime lui demande de se rendre à son domicile pour y tirer des câbles électriques, il voit Roxanne*. « Je ne l’avais pas vue depuis longtemps et j’étais content de la voir. Je lui ai fait des bisous. On s’est enlacé. »

Deux rapports sexuels en l’espace d’une journée

Le lendemain alors qu’il se rendait au fa’a’apu, il fait un détour par la maison où vit Roxanne pour prendre une lime pour sa chaine de tronçonneuse. La jeune fille est dehors. Seule. Il s’approche d’elle, la saisit par la main et l’entraîne dans la maison. Il passe pour la première fois à l’acte, « en mettant un préservatif parce que je ne voulais pas qu’elle tombe enceinte. » Durant l’acte, la petite ne dit mot, ni ne le repousse.

Le soir même, il réitère les faits. Il pénètre dans la chambre où Roxanne dort en compagnie de son petit frère, il la réveille et l’emmène dans la pièce d’à coté. C’est par le petit frère que les faits ont été révélés. Ce soir là, il avait entendu du bruit, vu une ombre près du lit de sa sœur et remarqué le t-shirt de l’homme. Le lendemain son oncle portait le même tricot. Il s’est confié à sa mère, absente aux moments des faits, qui a porté plainte.

Une victime paralysée par la peur

L’expertise psy de la jeune fille dira d’elle, qu’elle est « très inhibée, qu’elle manque de confiance en elle. » Ce qui explique qu’elle ne s’est pas débattue tandis que l’homme abusait d’elle. « Elle n’était pas consentante mais paralysée par la peur. Elle n’était pas attirée par l’homme qu’elle décrit en termes peu amènes. Elle a peur de lui. ». Teva interprètera cela comme un assentiment. « Elle ne criait pas, je pensais qu’elle était d’accord. »

Des faits requalifiés

Durant l’instruction, les versions divergent. Tout d’abord Roxanne omet de parler de la première relation sexuelle et dira que, lors du deuxième rapport, elle avait serré les jambes et que Teva les lui aurait écartées de force. Ce qu’il nie. De son coté elle ne se rappelle pas si l’homme l’immobilisait ou lui tenait les poignets.

Quand le juge interroge Roxanne en lui demandant pourquoi elle n’avait pas parlé de la première relation sexuelle, elle ne répond pas. En l’absence de réponse et compte tenu de certaines incohérences dans les déclarations, un doute subsiste et le juge requalifie les faits de viols en atteinte sexuelle.

Pas le profil typique du prédateur

Á la barre, l’homme n’a rien de l’idée que l’on se fait d’un prédateur. Cruauté, froideur, fierté, orgueil, en gros toutes les caractéristiques du pervers narcissique, manquent au personnage. Son visage reflète son intellect et ses réponses évasives ne font que confirmer celui-ci.

« Vous avez profité de cette jeune fille frêle et timide sans qu’elle manifeste son opposition. Vous êtes d’accord ? » « Oui » « Vous pensez qu’elle est amoureuse de vous ? » « Oui ». Le juge insiste. « Vous pensez vraiment qu’une jeune fille immature de 13 ans puisse tomber amoureuse et avoir un rapport avec un homme de 25 ans son ainé ? » « J’sais pas. »

Poursuivant le débat dans la même direction, le juge demande à l’accusé si cela n’aurait pas été mieux de discuter avec la jeune fille avant de passer à l’acte. « J’sais pas m’sieur le juge. » et l’accusé de poursuivre, « C’est pas bien. Avant de faire ça, j’aurais du en parler à la mère de Roxanne. ». Le juge saisit la balle au rebond. « Pourquoi vous pensez cela ? » « Comme c’est la maman, elle est mineure. »,

Le juge poursuit, « Pourquoi à votre avis la loi interdit à un adulte de coucher avec une moins de 15 ans. Pourquoi c’est interdit ? » « Parce qu’elle est mineure. C’est la loi. » « Mais le sens de l’interdiction, vous n’avez aucune idée la dessus ? » « J’sais pas. Parce que c’est un enfant ? », tente-t-il. « Et vous trouvez normal de coucher avec un enfant ? » « Non ».

Il s’exhibait nu devant la baie vitrée d’une voisine

Remontant à plus loin dans le temps, le juge remarque que l’homme a aussi des cotés exhibitionniste. Il avait pour habitude dans son quartier de s’exhiber nu devant la baie vitrée d’une de ses voisines et de se masturber. Il suffisait qu’elle crie pour qu’il prenne la fuite. « Je ne sais pas comment expliquer mon comportement. » avouera-t-il.

Pour conclure le juge s’adresse au prévenu. « Peut-on craindre que cela se reproduise une autre fois ? » « Non, assure Teva, en prison j’ai appris beaucoup de choses avec le psy. Ca aide beaucoup ces trucs là. J’ai jamais fait ça dehors et ça m’a beaucoup aidé. » « Donc vous pouvez nous expliquer pourquoi vous avez fait cela ? » « Je l’aime vraiment m’sieur. Je veux faire ma vie avec elle, si elle est d’accord. »

Cinq ans de prison dont deux avec sursis

Pour la procureure de la République, « J’ai l’impression qu’il ne comprend pas pourquoi il est là et moi je ne comprends pas pourquoi il ne comprend pas. (…) Á l’évidence on ne couche pas avec une gamine de 13 ans, même si elle le demande. Je réclame quatre années de prison avec deux années de sursis. »

Le tribunal après en avoir délibéré a été au-delà de la peine requise en condamnant l’homme à cinq ans de prison dont deux avec sursis et obligation de soins. Il sera inscrit au fichier national des délinquants sexuels et a interdiction de rentrer en contact avec sa victime. Pour son avocat Me Huguet, son client n’a pas pris conscience de la gravité des faits qui lui étaient reprochés.

*Nom d’emprunt

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