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Ils règlent leur différend à coup de machette et de barre de fer

Yan et Gilles ne s’aiment pas, et dès qu’ils se voient cela dégénère. Ils ont écopé l’un de 12 mois de prison ferme, et l’autre de 8 mois pour violences aggravées avec armes. Une barre de fer et une machette.

Yan et Gilles, tous deux la quarantaine, ont un passif à régler. Un passif qui doit être assez conséquent car il a poussé les deux hommes à commettre ce qui aurait pu être irréparable, à savoir des violences avec arme. Une barre de fer pour l’un, et un coupe-coupe pour l’autre.

Les faits se sont déroulés à Raiatea en juin dernier. Gilles était, depuis le matin, dans l’arrière-cour d’un magasin en train de boire du rhum. La prise de sang a révélé 1,20 grammes d’alcool dans le sang. C’est alors que Yan arrive au magasin, lui aussi alcoolisé, moins que Gilles toutefois puisqu’il n’a bu « que » cinq bouteilles de bière.

À peine Gilles voit-il Yan, qu’il se précipite sur lui, barre de fer à la main, en le traitant de voleur et de violeur, et se met à le frapper. Yan recule sous les coups de Gilles et trébuche sur son vélo. Il est à terre, mais les coups continuent à pleuvoir jusqu’à ce que la barre de fer se brise sur le vélo. Yan se relève alors et se saisit du coupe-coupe accroché à sa bicyclette.

Il le frappe à coups de machette à huit reprises

Voyant cela, Gilles prend les jambes à son cou. Mais en courant, il perd son short qui le bloque dans sa course et il chute à plat ventre. Yan se jette alors sur lui et le frappe de quatre coups de machette, à l’aide du tranchant de la lame, qui sont amortis par le sac à dos de Gilles. Estimant que cela ne suffisait pas Yan le pique alors à quatre reprises, le blessant au niveau du bras et des épaules. Et c’est un client du magasin, témoin de la scène, qui viendra s’interposer dans ce qui aurait pu finir en boucherie. Emmené à l’hôpital, Gilles se verra donner 30 jours d’ITT. Yan, lui, en aura quatre.

Au niveau du casier, tous deux ont un passif judiciaire. Si celui de Yan est relativement modeste, trois condamnations pour dégradations de biens, violences et vol, celui de Gilles est un peu plus conséquent. Neuf condamnations, trois pour conduite en état d’ivresse et les autres pour vols.

Présent à la barre ce lundi, alors que Gilles, lui est absent, Yan explique « il m’a lancé des piques, je me suis défendu au début et après je l’ai frappé ». Sur son mode de vie, on apprendra que Yan s’adonne à l’alcool et à l’herbe et qu’il vit de petits boulots au noir qui lui rapportent environ 30 000 Fcfp par mois. « Votre avenir, vous le voyez comment ? » lui demande le juge. « Pas bien ». « Pas bien, pourquoi ? Parce que les faits qui vous sont reprochés sont très graves ? » Yan baisse la tête et acquiesce.

Douze mois de prison requis

Pour le procureur, « les deux protagonistes de cette affaire sont poursuivis pour violences aggravées. Vous enlevez l’alcool, et ils ne seraient pas là aujourd’hui. Alors certes il y aurait eu des insultes, mais pas les coups. » Et le procureur de refaire le match. « Gilles a bu de l’alcool depuis le matin, et dès qu’il voit Yan, il se jette sur lui et le tape sans aucune explication. Et jusqu’alors, c’est Yan la victime. Mais celui-ci a la mauvaise idée de se saisir d’un coupe-coupe, et de victime, il passe à agresseur. Il le frappe au début à coup de tranchant, sans grand dommage, et après il le pique ! Voilà les faits qui les conduisent ici. » Pour Yan il requiert 12 mois de prison dont six avec sursis et pour Gilles, 12 mois de prison dont quatre avec sursis.

Pour les deux avocats, leurs clients sont à la fois victimes et agresseurs. L’avocate de Yan estime que son client n’est pas dangereux et que son intention « n’était pas de tuer Gilles ». Elle demande que ses deux mois en détention provisoire soient comptabilisés dans sa peine de prison ferme. Quant à l’avocat de Gilles, il ne trouve pas normal que son client ait à effectuer deux mois de plus que Yan. « Mon client était ivre mort au moment des faits et ne présentait pas un véritable danger. Il était trop ivre. La responsabilité pénale de mon client n’est pas plus forte que celle de l’autre prévenu. » Il conclut, « chacun à la responsabilité du préjudice causé à l’autre. »

Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné Yan à 24 mois de prison, dont 12 avec sursis avec obligation de soins et interdiction de rentrer en contact avec Gilles, ainsi que son maintien en détention. Quant à Gilles il a écopé de 12 mois de prison avec 4 mois de sursis et aussi l’interdiction de rentrer en contact avec Yan.

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