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Immunité collective, une course sans fin ?

Conférence de presse sur la situation épidémiologique de la Polynésie française – ©Présidence

25 nouveaux décès en 24 heures, 378 personnes hospitalisées dont 57 en réanimation. Le message des autorités est inchangé : la vaccination est la solution à la crise Covid.  La capacité des structures de santé est largement dépassée et le nombre de décès ne cesse d’augmenter : il est passé de 41 par semaine à 100 entre les semaines 32 et 33. Un « retour à la normale » n’est en aucun cas envisagé pour le moment. Outre une troisième dose qui serait administrée aux populations fragiles rapidement, on parle de vaccination saisonnière pour une immunité de groupe, comme pour la grippe.

Le ministre de la Santé Jacques Raynal faisait ce mercredi le point sur la situation sanitaire, alors que la Direction de la santé publiait le bulletin hebdomadaire relatif à la semaine passée. Impossible à l’heure actuelle de connaître le nombre réel de cas actifs en Polynésie. Le point de situation publié quotidiennement ne les inclut d’ailleurs plus : avec l’arrivée des auto-tests en pharmacie et la surcharge des centres de dépistage, les données collectées sous-évaluent la réalité. En revanche la donnée factuelle que les autorités de santé martèlent,  c’est le taux de vaccination des personnes hospitalisées. La semaine dernière en filière covid, 87,7% des patients présentaient d’un schéma incomplet ; 10,4% sont totalement vaccinés, et en réanimation 93,7% des patients présentaient un schéma incomplet, 6,3% un schéma complet. Du 1er juillet au 18 août, les personnes décédées du Covid au CHPF étaient à 86,4 % incomplètement vaccinées, à 13,6% totalement vaccinées. Une analyse des comorbidités des patients hospitalisés est en cours de finalisation.

Le Dr Jean-Marc Ségalin, de la Direction de la santé, explique à nouveau que le but de la vaccination est d’atteindre une immunité de groupe qui protège la population à un moment T contre une forme spécifique de virus. « Pour le virus de la grippe, il est nécessaire d’atteindre 65 à 70% de couverture vaccinale, à peu près comme pour le virus originel du Covid. Pour le variant indien (Delta) il faut probablement une couverture supérieure. »  Un but que les autorités ne quittent pas des yeux, et qui pourrait être atteint, « mais à quel prix ? » demande le médecin au vu du nombre de décès et de cas graves. Peu importe que l’épidémie soit encore galopante, il faut quand même vacciner : il cite l’exemple de l’épidémie de rougeole qui a fait 80 morts aux îles Samoa en 2019 dont la fin est due à une vaccination massive de la population. L’immunité collective n’est donc pas un objectif fixe mais qu’il convient de réévaluer et de renouveler. Le représentant de la veille sanitaire explique qu’ « entre le nombre de personnes vaccinées et présumées infectées on pourra dire « il y a tant de personnes protégées ». Mais l’analyse ne s’arrête pas là, car ce qu’on ne sait pas, c’est combien de temps on est protégé après une infection, ni même après la vaccination ».

Vaccination saisonnière en perspective 

Le vaccin n’offre pas 100% d’immunité, mais il protège des formes graves et évite les hospitalisations. Les conséquences de la saturation des structures de santé vont bien au-delà des seuls chiffres du Covid :  tous les autres patients risquent d’être privés d’accès aux soins. S’il est impossible de savoir quand et si un retour à la normale est envisageable, « ce que l’on peut faire c’est anticiper un peu comme on fait pour la grippe » indique le Dr Ségalin. « J’ai lu qu’il y aurait en France, une vaccination à la fois pour la grippe et pour le Covid à la prochaine saison froide. C’est probablement un modèle qu’on va adopter un peu partout dans le monde puisque le Covid a déferlé alors que la population n’était absolument pas immunisée. » Pour l’heure la priorité est une vaccination du plus grand nombre avec une première dose. Ce sont les populations fragiles, comme les personnes âgées, qui seront rapidement concernées par un rappel de la vaccination contre le Covid.

Actuellement, 45,8% de la population est vaccinée dont 34,4 avec un schéma vaccinal complet. Cela représente 15% de vaccination en plus en 1 mois. Les archipels des Marquises et des Australes sont les moins touchés et aussi les plus vaccinés. Mais à Tahiti et Moorea, le taux d’incidence (calculé avec les données disponibles, il est probablement plus élevé) atteint déjà 3 357/100 000 habitants, et 2 863/ 100 000 sur l’ensemble de la Polynésie. Autant dire que la crise est loin d’être terminée.

Dr. Jean-Marc Segalin, attaché au ministère de la Santé intervenant au titre de la veille sanitaire

 

Nouvelle présentation du bulletin épidémiologique quotidien

La plateforme Covid n’indique plus le nombre de cas dépistés : avec le redéploiement des personnels vers les centres de vaccination et la généralisation des autotests vendus en pharmacie, il est difficile de comptabiliser les contaminations au quotidien. Le faible taux de dépistage (6 295 pour 100 000 habitants) laisse présumer une contamination bien plus étendue.

Le bulletin épidémiologique pour la semaine du 16 au 22 août

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1 Commentaire

  1. 26 août 2021 à 8h47 — Répondre

    Le silence assourdissant de « l’Eglise évangélique maohi » dans cette explosion de cas et de morts nous interpelle.

Répondre à Soriano.C Annuler la réponse.

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