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Incendie mortel à Saint-Denis: un suspect admet être à l'origine

Bobigny (AFP) – L’incendie qui a tué cinq personnes début juin à Saint-Denis ne provenait ni d’un feu de cuisine, ni d’un court-circuit: un des squatteurs de de cette copropriété dégradée a reconnu avoir mis le feu avec une bougie, mais conteste toute intention criminelle.

Cet homme de 35 ans environ qui squattait un appartement au premier étage de cet immeuble a été interpellé mercredi aux Halles, dans le centre de Paris, après la diffusion de son signalement, selon une source policière. Il doit être déféré vendredi après-midi devant le parquet de Bobigny en vue d’une mise en examen.

Si les motifs de son acte restent confus, une « certitude » pour les enquêteurs: le suspect prend aussitôt la fuite et reste introuvable pendant plus d’une semaine.

Son acte est-il délibéré ? « Il l’a fait, il est d’accord là-dessus », mais conteste l’intention criminelle. « Il faudra une expertise psychiatrique » pour comprendre, a ajouté la source policière, qui n’écarte pas l’hypothèse d’un geste « semi-accidentel » dans un moment d’énervement.

L’incendie, qui a fait également onze blessés dont trois pompiers, s’était déclaré le 6 juin en début de soirée dans le centre-ville de cette banlieue au nord de Paris.

Les corps de cinq personnes piégées par le feu, dont une femme, ses trois enfants et une amie de la famille, avaient été retrouvés au milieu de la nuit, quand les pompiers avaient enfin pu accéder par le toit à leur studio de 26 m2. Le père de famille avait appelé vainement à l’aide, avant de se jeter par la fenêtre pour échapper aux flammes.

– ‘Délinquance en col blanc’ –

Une marche silencieuse avait eu lieu dimanche à Saint-Denis en hommage aux victimes de l’incendie de cette copropriété délabrée mais qui n’était pas répertoriée comme insalubre. 

Ce drame, suivi le lendemain par deux autres sinistres accidentels dans la commune, a soulevé une vive émotion et relancé le débat sur l’habitat indigne dans le parc privé vieillissant des quartiers populaires.

Au vu de l’état de l’installation électrique, signalé à la mairie par le syndic, l’hypothèse d’un court-circuit avait été avancée, ainsi que celle d’un feu de cuisine lié à l’usage massif du réchaud à gaz.

Pour la mairie, qui évoque un « règlement de comptes sur fond de trafic de logements », le système des marchands de sommeil est à l’origine du drame.

Le propriétaire du logement d’où est parti le feu « organisait le squat des caves et de plusieurs appartements au grand dam des autres propriétaires », a expliqué le maire adjoint à l’urbanisme, Stéphane Peu. 

Cet homme, que la municipalité communiste tient pour responsable d’un autre incendie en 2013, « était le plus débiteur vis-à-vis de la copropriété et bloquait donc tous les travaux » nécessaires.

Dans cet immeuble comme dans d’autres, « les propriétaires de bonne foi et la ville sont confrontés à une délinquance en col blanc qui peut se payer les meilleurs avocats » et profitent des lenteurs des procédures, a ajouté M. Peu. Les arrêtés de péril ou d’insalubrité pris par la mairie demeurent souvent lettre morte, faute d’être suivis d’une rapide décision de justice.

« Ce n’est pas un simple fait divers », abonde le député PS de la circonscription, Mathieu Hanotin. « Derrière il y a la question du logement indigne et des marchands de sommeil qui exploitent la misère humaine ».

A Saint-Denis, 38% des logements du centre-ville sont « potentiellement indignes ». Un chiffre très élevé pour l’élu, qui relève la disproportion entre l’ampleur du problème et les moyens alloués par la commune, même si cette ville de 110.000 habitants est loin d’être un cas isolé.

Les pompiers luttent contre l'incendie d'un immeuble le 6 juin 2016 à Saint-Denis. © AFP

© AFP Erwan Thépault
Les pompiers luttent contre l’incendie d’un immeuble le 6 juin 2016 à Saint-Denis

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