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Institut d’archives : 2009-2018, l’histoire bégaie

2009-2018, Nicolas Sarkozy-Emmanuel Macron, le temps passe, mais pour ce qui est du centre de mémoire sur le nucléaire, on semble tourner en rond. Un groupe de travail avait déjà été constitué et avait rendu ses conclusions en 2010, mais le projet est « finalement tombé dans les nuages », raconte Roland Oldham, de Moruroa e tatou, « énervé » de constater que les promesses succèdent aux promesses sans mise en œuvre concrète.

Quasiment dix années se sont écoulées depuis la formulation de la nécessité de « répondre au désir de mémoire sur la période nucléaire ». C’était dans le cadre du conseil interministériel outre-mer du 6 novembre 2009, lorsque Nicolas Sarkozy était président de la République. Parmi les « mesures fortes » à mettre en œuvre, il y avait « la mise en place d’une commission d’historiens pour faire objectivement l’histoire du Centre d’Expérimentations du Pacifique (CEP) ». Un groupe de travail a bien été mis en place. Composé d’historiens, de représentants de l’État, du commandement supérieur des armées, du gouvernement polynésien et des associations concernées, le groupe a travaillé pendant plusieurs mois avant de rendre ses conclusions en octobre 2010. Des conclusions transmises à l’époque par le haut-commissaire, Adolphe Colrat, au gouvernement central à Paris. Roland Oldham, le président de l’association Moruroa e Tatou, a participé à cette réflexion, qui n’a finalement pas abouti. « On traîne, on traîne et après on oublie le projet », se désole-t-il.

Roland Oldham raconte qu’à l’époque, il était question de bâtir ce centre de mémoire sur le terrain situé en face de la présidence actuelle, à Papeete. Voyant que le projet ne prenait pas forme, « on a même pensé le faire nous-mêmes au foyer des jeunes filles à Paofai », rapporte le président de Moruroa e Tatou. Il aimerait que les archives de l’association soient enfin « stockées comme il faut » et se dit « en colère, énervé d’entendre les mêmes trucs et qu’on va refaire le même travail ».

L’ouverture au public était prévue pour 2014

Il faut repartir de zéro et croire en la promesse faite mercredi par la ministre des Outre-mer que le centre de mémoire ouvrira ses portes avant la fin du mandat du gouvernement Macron. Annick Girardin a précisé que la question du « financement » du centre n’était pas du tout à l’ordre du jour, alors qu’en 2010 des premiers chiffres avaient été avancés : on estimait à 10 millions de Fcfp le coût de la pré-programmation. Il était précisé que « le coût du projet en investissement et en fonctionnement ne (pouvait) être déterminé qu’au terme de l’étude de programmation ». A titre indicatif, le budget de construction était estimé à 658,75 millions de Fcfp, le budget de fonctionnement à 65,9 millions de Fcfp. Un calendrier prévisionnel avait même été présenté ; la réalisation complète du projet, de l’étude de faisabilité à l’ouverture au public, devait prendre entre « 40 et 55 mois ». Il était aussi question de construire un centre de mémoire « annexe » à Hao.

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3 Commentaires

  1. Pierre André
    27 janvier 2018 à 8h16 — Répondre

    Pourquoi dépenser tant d’argent alors qu’une construction moins prétentieuse arriverait au même but…

  2. Pito
    27 janvier 2018 à 12h48 — Répondre

    Ne serait il pas plus intelligent de donner une suite à la demande du mécène qui est prêt à céder au pays une collection inestimable de tableaux de maîtres. Ce lieu serait idéal pour l’installation de ce musée, plutôt que d’en faire un lieu pour le nucléaire qui n’interresera qu’une infime partie de la population. Messieurs, mesdames les politiques réfléchissez et donnez à notre population jeune et moins jeunes, touristes de passage, la possibilité d’enrichir leur connaissance en admirant ces œuvres dans un musée digne de ce nom.
    Vous êtes sous la pression de quelques anciens du CEP, faite leur un lieu si vous le souhaitez pour qu’il puissent se rappeler ces temps anciens, mais de grâce gardé ce bâtiment pour en faire un musée digne de ce nom pour présenter ces toiles et qu’il donnera à Papeete une place importante dans l’art.

  3. tam
    29 janvier 2018 à 12h26 — Répondre

    Il est vrai qu’une construction à moindre coup suffirait, mais à force de se baser sur de l’infime, on risque d’occulter cette partie de notre histoire.De plus, il ne s’agit pas là que de quelques anciens du CEP, mais également des générations futures qui sont en droit de connaître l’histoire des essais nucléaires français en Polynésie pour ne pas oublier…

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