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Interpellation d'Aulnay-sous-Bois: 4 policiers présentés à un juge

Bobigny (AFP) – Quatre policiers, accusés d’avoir blessé un jeune homme de 22 ans à coups de matraque jeudi lors d’une interpellation qui « choqué » la Cité des 3.000 à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), seront présentés dimanche à un juge de Bobigny, où une information judiciaire pour violences en réunion a été ouverte. 

Le parquet a confié à un juge d’instruction une enquête pour « violences volontaires avec arme par personnes dépositaires de l’autorité publique » à l’encontre des quatre fonctionnaires, soupçonnés au départ de « viol en réunion ».

Jeudi, vers 17H00, ce jeune habitant d’Aulnay avait fait l’objet d’une « interpellation musclée » après qu’une opération de « contrôle » a dégénéré, selon une source proche de l’enquête.

La scène de l’interpellation, filmée par la vidéosurveillance de la police municipale et des témoins, montre notamment un policier « porter un coup de matraque horizontal au niveau des fesses » du jeune homme, après que son « pantalon a glissé tout seul », selon cette source, qui explique ainsi la requalification des accusations en « violences volontaires ». 

Gravement blessé au niveau de la zone rectale, le jeune homme était toujours hospitalisé dimanche, après avoir été opéré. Il déclaré que l’un des policiers lui avait introduit volontairement sa matraque dans l’anus.

Lors de son hospitalisation jeudi à l’hôpital Robert Ballanger d’Aulnay, un médecin a notamment diagnostiqué « une plaie longitudinale du canal anal » et une « section du muscle sphinctérien », et lui a prescrit 60 jours d’incapacité totale de travail (ITT), selon la source proche de l’enquête.

Les quatre fonctionnaires, en garde à vue depuis jeudi soir dans les locaux de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), seront présentés au juge « dans la journée », a indiqué le parquet, qui a requis leur placement sous contrôle judiciaire.

– ‘Jeune homme sans histoire’ –

Dimanche, le maire LR de la commune, Bruno Beschizza, a dénoncé face à la presse la requalification des accusations de « viol » en « violences ». « Nous, les Aulnaysiens, ne pouvons pas comprendre cette requalification, elle est vécue comme un détournement de vérité », « la police est là pour protéger et non humilier nos concitoyens », a-t-il déclaré.

Le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux a souhaité samedi dans un communiqué « que toute la lumière soit faite sur les accusations d’une extrême gravité portées à l’encontre de ces fonctionnaires », prévenant que des « sanctions » seraient prises « s’il était avéré que les règles déontologiques, éthiques et de droit n’ont pas été scrupuleusement respectées ».

Samedi soir, vers 21H00, de brefs incidents ont éclaté dans la Cité des 3.000 où une voiture a été brûlée et une tentative d’incendie constatée sur un bus. Des abribus ont également été cassés, et le quartier plongé dans l’obscurité après le sabotage de l’éclairage public, a constaté une journaliste de l’AFP. Une compagnie de CRS a été appelée en renfort dans le quartier, selon une source policière.

« C’est un vrai choc, comme on en a jamais connu à Aulnay. Théo (le jeune homme blessé) est un citoyen français engagé dans la vie de son quartier, c’est un famille exemplaire », a dit à l’AFP Hadama Traoré, qui a grandi aux 3.000 et vient de fonder un mouvement citoyen, « La révolution est en marche ». 

Pour le député PS de Seine-Saint-Denis, Daniel Goldberg, qui a rendu visite samedi à la famille du jeune homme, « dévastée », « rien ne justifie qu’un jeune homme de 22 ans sans histoire soit ainsi violenté ». « Je ne pense pas que ça se serait déroulé de la même manière si on avait été place de l’Opéra à Paris », dit-il.

Pour l’élu, cette affaire repose « une question lancinante : celle des motifs et des techniques d’interpellation ». 

Début janvier, six mois de prison avec sursis avaient été requis dans une autre affaire contre un policier municipal de Drancy (Seine-Saint-Denis), accusé d’avoir violenté avec sa matraque un homme de 27 ans lors d’une interpellation mouvementée en 2015. 

Le certificat médical établi cette nuit-là avait attesté d’une « pénétration ». Le tribunal doit rendre sa décision le 20 février.

Vue extérieure en date du 15 février 2016 du palais de justice de  Bobigny. © AFP

© AFP/Archives BERTRAND GUAY
Vue extérieure en date du 15 février 2016 du palais de justice de Bobigny

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