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Irak: des familles cherchent leurs proches parmi les déplacés

Khazir (Irak) (AFP) – Adossé contre sa voiture, Massoud scrute les grillages qui enserrent un camp de déplacés aux portes de la région autonome du Kurdistan irakien. Il cherche des membres de sa famille qu’il n’a pas vu depuis l’été 2014, quand des jihadistes ont pris leur village.

Grâce à la progression des forces fédérales irakiennes et des combattants kurdes après dix jours d’offensive sur Mossoul, le bastion du groupe Etat islamique (EI) en Irak, le frère de Massoud, sa femme et leurs trois enfants ont pu fuir leur village de Bazwaya.

Pendant plus de deux ans, ce village de bergers situé à la lisière est de Mossoul a vécu sous le joug des jihadistes et les contacts téléphoniques ont été rares entre les deux frères kurdes, l’un à Bazwaya et l’autre au Kurdistan irakien.

« Les hommes de l’EI les empêchaient de nous contacter mais parfois ils arrivaient à s’éloigner un peu, à capter un réseau et à nous appeler rapidement », témoigne Massoud Ismaïl Hassan, 61 ans, vêtu de de l’habit kurde traditionnel.

« Les jihadistes accusaient les Kurdes des villages qu’ils contrôlaient de donner des informations aux peshmergas », les combattants kurdes qui défendent leur région autonome contre l’EI et prennent aujourd’hui part à l’offensive sur Mossoul, explique Essam Saadou, un étudiant de 22 ans ayant pu rejoindre le camp de déplacés de Khazir.

Il n’a plus revu six de ses dix frères et soeurs depuis l’été 2014. Aussitôt arrivé dans ce camp situé à mi-chemin entre Mossoul et Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, Essam les appelés et il attend désormais qu’ils viennent lui rendre visite.

– A manger et à boire –

Dans ce camp où commencent tout juste à affluer des déplacés, les peshmergas procèdent à l’enregistrement et à la fouille des familles.

« Une fois que toutes ces procédures seront terminées, on va pouvoir leur donner à manger et à boire et des couvertures que nous leur avons amenées », espère Massoud.

Le long du grillage, des familles enfin réunies parviennent à se toucher, en pleurs. Ils s’assaillent mutuellement de questions.

Un homme trépigne: « Mon père est malade, je ne sais même pas s’il va survivre jusqu’à ce que je puisse l’embrasser », explique-t-il à l’AFP en voyant au loin son père se diriger vers les responsables qui enregistrent les déplacés.

Selon l’ONU, plus de 10.000 personnes ont fui leurs foyers depuis le début le 17 octobre de l’offensive sur Mossoul, la deuxième ville d’Irak et lieu où l’EI a proclamé en 2014 son « califat ».

Mais ce chiffre ne représente qu’une fraction du déplacement massif de population auquel des ONG s’attendent une fois que les forces de sécurité irakiennes auront atteint l’agglomération même, où résident environ 1,5 million d’habitants selon les Nations unies.

Alors que l’Irak compte déjà plus de 3,3 millions de déplacés depuis le début en 2014 de l’expansion jihadiste puis des combats pour le faire reculer, la perspective d’un nouvel afflux inquiète grandement la communauté humanitaire, notamment au sujet des capacités d’accueil.

Des Irakiens qui ont fui Mossoul, retrouvent des proches, près du checkpoint de Aksi Kalak, à 40 km à l'est d'Erbil, le 26 octobre 2016. © AFP

© AFP BULENT KILIC
Des Irakiens qui ont fui Mossoul, retrouvent des proches, près du checkpoint de Aksi Kalak, à 40 km à l’est d’Erbil, le 26 octobre 2016

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