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Irak : l’armée veut reprendre Fallouja aux mains d’Al-Qaïda

Des insurgés liés à Al-Qaïda ont gagné du terrain vendredi dans la ville de Ramadi et contrôlaient une partie de la cité de Fallouja à la faveur de nouveaux combats dans ces bastions sunnites hostiles au Premier ministre chiite Nouri al-Maliki. © REUTERS

Des insurgés liés à Al-Qaïda ont gagné du terrain vendredi dans la ville de Ramadi et contrôlaient une partie de la cité de Fallouja à la faveur de nouveaux combats dans ces bastions sunnites hostiles au Premier ministre chiite Nouri al-Maliki. © REUTERS

ON FAIT LE POINT – L’année 2013 a été la plus meurtrière depuis cinq ans. Et 2014 débute dans la violence.

>> L’info. L’armée irakienne s’apprête à passer à l’assaut dans la ville de Fallouja, passée aux mains des insurgés liés à Al-Qaïda.

Dernier appel avant l’action. Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a appelé lundi les habitants de Fallouja à chasser les insurgés liés à Al-Qaïda ayant pris le contrôle de la ville, pour éviter un assaut de l’armée. Il a demandé à « la population de Fallouja et ses tribus de chasser les terroristes », afin d’être épargnés par « les dangers d’affrontements armés », a rapporté la télévision d’Etat. Cette dernière a néanmoins précisé lundi que le Premier ministre avait ordonné aux forces de sécurité de « ne pas frapper des zones résidentielles ».

Fallouja, une ville symbole. Les combattants de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), des extrémistes sunnites liés à Al-Qaïda, ont pris ces derniers jours le contrôle de Fallouja et de quartiers de Ramadi, respectivement à 60 et 100 kilomètres à l’ouest de Bagdad. Ces deux localités sont situées dans la province majoritairement sunnite d’Al-Anbar, un ancien bastion de l’insurrection ayant suivi l’invasion américaine de 2003 et un haut lieu de la contestation lancée il y a un an contre Nouri al-Maliki, un chiite accusé d’accaparer le pouvoir et de marginaliser la communauté sunnite.

Une année de tristes records. L’année 2013 s’est terminée sur un triste record : elle a été la plus meurtrière depuis cinq ans. Des bombes ont dévasté des marchés, des terrains de foot ou des mosquées, des insurgés ont attaqué des prisons, des commissariats ou autres locaux gouvernementaux, et des personnes ont été tuées à leur domicile… C’est la chronique d’une violence devenue ordinaire en Irak. Et l’année 2013 s’est terminée sur un triste record : elle a été la plus meurtrière depuis cinq ans.

Selon l’ONG Iraq Body Count, qui répertorie les victimes civiles des violences, 9.475 civils ont été tués en 2013, contre 10.130 en 2008. Le gouvernement irakien a, lui, fait état de 7.154 personnes tuées dans les violences sur l’année, en comptant les membres des forces de sécurité et insurgés, contre 8.995 en 2008. Les Nations unies ont de leur côté décompté 7.818 civils et policiers tués en 2013, soit plus que les 6.787 tués en 2008. Si les chiffres diffèrent quelque peu selon les organismes, le constat est limpide : l’Irak s’enfonce chaque jour un peu plus dans la violence.

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Des tensions confessionnelles. Deux principaux éléments expliquent cette flambée d’attaques. D’une part, le mécontentement qui se répand au sein de la minorité sunnite. Celle-ci s’estime discriminée par les autorités du Premier ministre, Nouri al-Maliki (chiite) et injustement prise pour cible dans le cadre de la campagne anti-terroriste menée par des forces de sécurité à la main lourde. Cette colère a facilité le recrutement par les groupes d’insurgés extrémistes sunnites et diminué la volonté de la population de coopérer avec les forces de sécurité. Signe de ce mécontentement, des mobilisations anti-gouvernementales ont éclaté dans les régions à majorité sunnites fin 2012, et ont continué depuis. Deux ans après le retrait des derniers soldats américains en décembre 2011, les forces irakiennes peinent à faire face à ces rebelles, enhardis par le conflit en Syrie voisine et le mécontentement de la minorité sunnite.

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« Nous vivons des heures sombres ». A Bagdad, cette violence est quotidienne. Bouchra travaille dans le centre-ville. Elle a assisté à un de ses attentats de très près, un soir en rentrant chez elle. « J’étais si près de la voiture piégée que je n’ai pas entendu le bruit de l’explosion. J’étais sous le choc. Je n’ai pas compris ce qui se passait. Puis j’ai vu la fumée. Les gens projetés en l’air… Toutes les vitres cassées… Les gens criaient, certains couverts de sang. J’ai vu des corps partout. Mais je n’étais pas morte », soupire cette Irakienne encore sous le coup de l’émotion, interrogée par Europe 1. « Les femmes, les enfants, tout le monde peut être victime n’importe quand. Le peur fait partie de nos vies. C’est comme ça, nous vivons des heures sombres », déplore Bouchra.

Al-Qaïda se renforce. Cette peur paralyse les habitants de la capitale mais aussi dans beaucoup d’autres villes irakiennes à cause des voitures piégées. Un attentat suicide à la voiture piégée a encore fait 13 morts jeudi près de la ville de Baqouba, à 60 km au nord-est de Bagdad. Parallèlement, de violents combats opposent actuellement les forces de sécurité à des insurgés liés à Al-Qaïda. Signe de l’aggravation de la situation, ces groupes radicaux, comme le l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), ont pris, en partie, le contrôle de deux importantes villes sunnites : Fallouja et Ramadi.

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• RÉCIT – En Irak, des vies « paralysées » par la violence

Source : Europe1

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