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Irak: les forces d'élite face à une résistance de l'EI dans Mossoul

Gogjali (Irak) (AFP) – Des forces d’élite irakiennes ont avancé vendredi dans les rues d’un quartier de l’est de Mossoul mais se heurtaient à une forte résistance des combattants du groupe Etat islamique (EI).

Un responsable militaire a indiqué à l’AFP que les forces d’élite du contre-terrorisme (CTS) avançaient dans le quartier d’Al-Karama et faisaient face à des tirs et des bombes des jihadistes, qui contrôlent la grande ville du nord de l’Irak depuis plus de deux ans.

Des membres des forces du contre-terrorisme (CTS) lourdement armés ont quitté à l’aube Gogjali, dernier village avant l’entrée est de Mossoul, selon une journaliste de l’AFP.

Ils ont traversé un cimetière bordant l’est de la métropole en tirant de longues rafales avec leurs mitrailleuses tandis que d’autres forces irakiennes tiraient avec leurs blindés sur le quartier voisin d’Al-Karama.

Des colonnes de fumée noire s’élevaient de la deuxième ville d’Irak, où les jihadistes brûlent des pneus pour gêner les frappes aériennes de la coalition internationale sous commandement américain.

Des forces irakiennes se sont déployées cette semaine aux abords est de la ville, l’avancée la plus nette sur les trois principaux fronts depuis le début le 17 octobre d’une offensive contre Mossoul impliquant des dizaines de milliers de combattants irakiens et kurdes.

Au sud de Mossoul, des jihadistes se sont infiltrés vendredi derrière le front dans la région de Charqat, à environ 90 kilomètres de la métropole, et ont tué sept membres des forces irakiennes lors d’affrontements, selon des responsables.

Depuis le début de l’offensive sur Mossoul, des combattants de l’EI ont plusieurs fois mené des raids meurtriers derrière le front pour faire diversion.

– ‘Revenus des morts’ –

En progressant vers Mossoul, les forces irakiennes ont croisé la route des civils fuyant les combats, dont la plupart étaient originaires des villages autour de la grande ville du nord de l’Irak.

Ces femmes et ces hommes, qui se dirigent vers les camps mis en place dans la zone sous contrôle kurde, témoignent de la brutalité de l’EI et des conditions de vie sous la menace jihadiste.

Oum Ali ne peut retenir ses larmes lorsqu’elle évoque la peur constante que les jihadistes s’en prennent à ses jeunes fils. « Ils continuaient à venir chez nous, parfois ils frappaient à la porte à 22H00, » raconte-t-elle. « Ils ont pris notre voiture, en disant: +C’est la terre du califat, elle nous appartient+ ».

« Nous revenons du monde des morts vers celui des vivants », résume pour sa part Raed Ali, 40 ans, qui a fui sa maison dans le village voisin de Bazwaya.

C’est à Mossoul, en juin 2014, que le chef de l’EI Abou Bakr al-Baghdadi avait proclamé un « califat », une annonce qui avait provoqué la stupéfaction dans le monde.

Depuis, le groupe ultraradical responsable de nombreuses atrocités et exactions a perdu une grande partie des territoires dont il s’était emparé en Irak et en Syrie.

– ‘Sur la défensive’ –

Dans un rare enregistrement sonore publié jeudi, Abou Bakr al-Baghdadi est sorti de près d’un an de silence pour exhorter ses troupes à lutter jusqu’au martyre pour défendre Mossoul.

« Tenir ses positions dans l’honneur est mille fois plus aisé que de se replier dans la honte », a-t-il lancé aux jihadistes de Mossoul, qui seraient 3.000 à 5.000 selon une estimation américaine.

Pour Aymenn al-Tamimi, du Middle East Forum, le ton de ce discours montre que le groupe extrémiste est « sur la défensive ».

L’EI continue de diffuser des messages et des vidéos propagande sur Mossoul, dont la dernière montre une zone commerçante fréquentée et des voitures s’arrêtant aux feux de circulation.

A l’approche de l’hiver, les inquiétudes sur le sort des civils de Mossoul se font plus vives.

Selon les organisations humanitaires, jusqu’à un million de personnes pourraient chercher à fuir dès qu’elles le pourront mais les abris disponibles sont rares.

Des ONG et des témoins ont rapporté que l’EI empêchait les civils de quitter la ville, faisant craindre qu’ils ne soient utilisés comme « boucliers humains ».

Les forces irakiennes à Gogjali, dans les faubourgs est de Mossoul, le 3 novembre 2016
. © AFP

© AFP BULENT KILIC
Les forces irakiennes à Gogjali, dans les faubourgs est de Mossoul, le 3 novembre 2016

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