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Irak: l'offensive sur Mossoul entre dans sa deuxième semaine

Qaraqosh (Irak) (AFP) – L’offensive sur Mossoul, qui entre dans sa deuxième semaine, se déroule comme prévu mais la résistance des jihadistes va s’accroître à mesure que les forces irakiennes s’approcheront de la deuxième ville du pays, ont prévenu lundi des responsables américains.

« Tous les objectifs ont été atteints jusqu’à présent », s’est félicité sur Twitter Brett McGurk, l’émissaire du président américain auprès de la coalition internationale antijihadistes, qui intervient en soutien aux forces irakiennes.

Les dizaines de milliers d’hommes mobilisés convergent à partir de différents fronts vers le fief du groupe Etat islamique (EI), où son chef Abou Bakr al-Baghdadi avait proclamé l’instauration d’un « califat » en juin 2014.

En soutien à ces forces, la coalition internationale conduite par les Etats-Unis a mené « plus de frappes » aériennes depuis le lancement de l’opération sur Mossoul « que durant n’importe quelle semaine depuis le début de la guerre contre l’EI » en 2014, a précisé M. McGurk.

En sept jours, 32 raids aériens ont permis de détruire 136 positions de l’EI, 18 tunnels et 26 véhicules piégés, selon la coalition.

En première ligne sur le front, les combattants kurdes (peshmergas) étaient positionnés dans la ville de Bachiqa, à environ 25 km de Mossoul.

Au sud-est de Mossoul, des forces d’élite fédérales se battaient pour reconquérir la ville chrétienne de Qaraqosh. Dans la cité, elles ont essuyé des tirs de jihadistes pour le troisième jour consécutif, selon un correspondant de l’AFP.

– Retour à la normale –

« Nous nous attendons à ce que la résistance augmente au fur et à mesure que l’on s’approche » de Mossoul, a prévenu un officier de l’état-major américain à Bagdad.

Les stratèges américains estiment toutefois que pour l’instant, l’EI n’essaie pas de bloquer l’avancée des troupes irakiennes et des peshmergas et cherche juste à « infliger des pertes ».

Les troupes irakiennes sont encore dans la « zone de perturbation » voulue par l’EI, une tactique portant la marque des anciens officiers de l’armée irakienne qui jouent un rôle clef dans le commandement de l’EI, explique un militaire américain à Bagdad.

L’EI tente parallèlement de détourner les forces irakiennes de Mossoul.

Son attaque surprise lancée vendredi à Kirkouk, à 170 kilomètres au sud-est de Mossoul, a été mise en échec et « la vie est retournée à la normale », a indiqué lundi le gouverneur de la province, Najmeddin Karin. Selon lui, 74 jihadistes ont été tués ainsi que 46 personnes, principalement des forces de sécurité.

L’EI a également mené dimanche une attaque à Routba, une ville de l’ouest du pays où il a exécuté au moins cinq Irakiens, selon des sources militaires.

– Talus, tranchées et tunnels –

La progression de ces derniers jours a donné un avant-goût des défenses préparées par l’EI: talus, tranchées remplies de pétrole, véhicules bourrés d’explosifs ou tunnels permettant aux jihadistes de revenir dans des positions que les forces irakiennes croyaient abandonnées pour prendre ces dernières à revers.

Les jihadistes ont également percé les murs mitoyens des maisons pour pouvoir passer d’immeuble en immeuble, sans avoir à sortir dans la rue. « Ils ont très bien préparé leurs défenses » autour de Mossoul, résume un officier américain. 

Celui-ci estime qu’il y a « 3.000 à 5.000 combattants » qui attendent les forces irakiennes dans Mossoul même, auxquels il faut ajouter « 1.000 à 1.500/2.000 combattants » qui sont chargés de mener les actions dans les alentours de la ville.

Par ailleurs, selon l’entourage du ministre français de la Défense, « quelques centaines » de jihadistes sont arrivés de Syrie ces derniers jours pour renforcer les combattants de l’EI à Mossoul.

Pour les militaires américains, il ne fait pas de doute qu’une partie des jihadistes de Mossoul se battra jusqu’à la mort.

Mais ils s’attendent à ce que d’autres tentent de fuir ou de se fondre dans la population en « se coupant la barbe et en mettant un T-shirt ». Ils espèrent par ailleurs que la campagne d’éliminations des chefs de l’EI a porté ses fruits.

« En ciblant les responsables intermédiaires, nos opérations spéciales et notre aviation ont obtenu d’excellents résultats et ont semé beaucoup de confusion dans les rangs des défenseurs de Mossoul », avait expliqué dimanche à Erbil le général Stephen Townsend, qui commande les forces de la coalition.

L’une des questions épineuses liée à l’offensive est le rôle joué par la Turquie, qui a affirmé dimanche avoir fourni un soutien militaire aux peshmergas à Bachiqa. Mais Bagdad a démenti lundi « que la Turquie participe sous quelle forme que ce soit aux opérations ».

Par ailleurs, Human Rights Watch a appelé lundi à l’ouverture d’une enquête sur les circonstances d’une frappe aérienne ayant provoqué vendredi la mort de 15 femmes dans une mosquée à Dakouk (nord). La Russie a désigné la coalition internationale, qui a démenti avoir mené ce raid.

L’offensive sur Mossoul fait craindre une crise humanitaire de grande ampleur compte tenu du nombre élevé d’habitants pris au piège dans la ville.

Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué lundi qu’il sera bientôt prêt pour accueillir 150.000 personnes qui fuieraient les combats autour de Mossoul.

Un membre des forces de sécurité irakienne équipé d'un lance roquette patrouille dans le quartier al-Shura, au sud de Mossoul, le 24 octobre 2016. © AFP

© AFP AHMAD AL-RUBAYE
Un membre des forces de sécurité irakienne équipé d’un lance roquette patrouille dans le quartier al-Shura, au sud de Mossoul, le 24 octobre 2016

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