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Irak: raid aérien meurtrier dans l'ouest

Bartalla (Irak) (AFP) – Un raid aérien d’origine encore incertaine a tué et blessé mercredi des dizaines de civils à Al-Qaïm, une ville de l’ouest de l’Irak qui est aux mains du groupe Etat islamique (EI), selon des responsables irakiens.

Mercredi en fin de soirée, on ignorait toujours qui avait effectué ce raid sur Al-Qaïm, une ville située sur l’Euphrate et tout près de la frontière entre l’Irak et la Syrie.

Le chef du Parlement irakien, Salim Joubouri, a affirmé qu’une frappe aérienne sur Al-Qaïm avait « visé un marché destiné aux civils et tué ou blessé des dizaines d’entre eux ».

Sans se prononcer sur l’origine du raid, M. Joubouri a déclaré qu’il s’agissait d’une « erreur » et a demandé au gouvernement irakien d’ouvrir une enquête pour en déterminer les auteurs.

Des responsables de la province d’Anbar, dans laquelle se trouve Al-Qaïm, ont déclaré que des dizaines de civils avaient été tués dans le raid effectué dans l’après-midi sur la ville.

L’AFP n’est pas parvenue à contacter des sources dans la ville pour obtenir un bilan précis des victimes. Ni le gouvernement, ni l’armée n’avaient évoqué l’affaire mercredi en fin de soirée.

Maath al-Joughaifi, un leader tribal à Haditha, non loin d’Al-Qaïm, a évoqué un bilan de « 70 à 80 morts » dans le raid. Il a affirmé que la frappe avait été menée par la coalition dirigée par les Etats-Unis, qui mène en Irak une campagne aérienne contre l’EI qui s’est emparé de vastes régions en 2014.

– ‘Des familles entières tuées’ –

Un porte-parole du conseil provincial d’Anbar a affirmé que le raid avait été mené dans l’après-midi par un avion irakien.

« La frappe a atteint un marché à une heure d’affluence, il y avait des retraités qui faisaient la queue pour toucher leur pension, des gens qui touchaient leur salaire et des versements de la sécurité sociale », a déclaré ce responsable, Eid Ammash.

« Des familles entières ont été tuées », a-t-il affirmé.

Un autre responsable local, parlant sous le couvert de l’anonymat, a accusé la coalition internationale d’être responsable du raid sur Al-Qaïm.

Le Commandement des opérations conjointes, qui coordonne les opérations des forces irakiennes contre les jihadistes de l’EI, n’a pas commenté immédiatement les informations sur le raid d’Al-Qaïm.

Et la coalition internationale a démenti être responsable du raid. « Nous n’avons pas effectué de frappes dans la zone au moment où les faits ont eu lieu », a déclaré à l’AFP un porte-parole de la coalition, le Colonel John Dorian.

Dans le nord de l’Irak, les forces irakiennes qui mènent depuis la mi-octobre une offensive pour reprendre la ville de Mossoul à l’Etat islamique ont effectué une percée mercredi, se rapprochant, malgré une forte résistance des jihadistes, du fleuve Tigre qui traverse la deuxième ville d’Irak.

Les combats dans la région de Mossoul continuaient à pousser un nombre croissant d’habitants à quitter leurs foyers pour trouver refuge dans des camps de déplacés, alors que les nuits peuvent être glaciales.

La progression de l’armée irakienne mercredi est la plus profonde jamais enregistrée dans la partie orientale de Mossoul depuis le début le 17 octobre de la vaste offensive pour reprendre la ville aux jihadistes.

Sept semaines après le début de son offensive, l’armée ne contrôle que la moitié de la partie orientale de Mossoul.

Les opérations sont menées en partie par les forces d’élite irakiennes du Service du contre-terrorisme (CTS), qui ont repris plusieurs quartiers de la partie Est de la ville. Elles ont ainsi reconquis mercredi celui d’Ilam, a annoncé le centre de commandement.

Officiers et experts avaient prévu une résistance moins importante dans la partie Est, et une reconquête de Mossoul avant la fin de l’année, promise par le Premier ministre irakien Haider al-Abadi, semble de plus en plus incertaine.

Les Unités de mobilisation populaire du Hachd al-Chaabi, force paramilitaire progouvernementale dominée par les milices chiites, ont conquis du terrain à l’ouest de Mossoul.

Les loyalistes avaient engrangé des gains rapides au sud et au nord de la ville au début de l’offensive. Mais leur progression s’est ralentie ces derniers jours, l’un des principaux obstacles étant la présence de plusieurs centaines de milliers d’habitants restés dans la ville.

Le nombre des déplacés de l’offensive s’élève désormais à plus de 82.000, a indiqué l’ONU.

– Pénurie d’eau –

Dans son nouveau rapport, l’ONU fait état d’un nombre croissant de victimes civiles, alors que les forces irakiennes mènent leurs opérations de maison en maison à la recherche des jihadistes en tentant dans le même temps de protéger les civils.

Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha), « des partenaires s’emploient à fournir des soins traumatologiques plus près des lignes de front afin de donner la meilleure chance de survie aux civils blessés ».

Des travaux sont par ailleurs en cours pour réparer les infrastructures d’eau et d’électricité dans l’Est de Mossoul, a ajouté l’Ocha en jugeant « critique » la pénurie d’eau actuelle.

Plusieurs centaines de milliers de personnes sont privées d’eau potable depuis plusieurs jours, et sont contraintes de bouillir l’eau de puits pour pouvoir survivre.

La situation des déplacés dans les camps disséminés autour de Mossoul est elle aussi inquiétante, avec l’arrivée de l’hiver.

Un soldat des forces spéciales irakiennes lors des combats visant à reprendre à l'EI le secteur d'al-Tamim à Mossoul, le 5 novembre 2016. © AFP

© AFP/Archives Achilleas Zavallis
Un soldat des forces spéciales irakiennes lors des combats visant à reprendre à l’EI le secteur d’al-Tamim à Mossoul, le 5 novembre 2016

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