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Irak: répression sanglante d'une manifestation à Bagdad, tirs sur la Zone verte

Bagdad (AFP) – Sept personnes ont été tuées et plus de 200 blessées samedi à Bagdad lors de la dispersion par les forces de sécurité de milliers de partisans de l’influent leader chiite Moqtada al-Sadr qui réclamaient des réformes.

Quelques heures plus tard, la Zone verte, un secteur ultrasécurisé qui abrite les principales institutions de l’Etat, a été frappée par des tirs de roquettes tirées depuis des quartiers nord de Bagdad. Les auteurs des tirs n’étaient pas connus dans l’immédiat.

Ces violences lors d’une manifestation sont les plus meurtrières depuis qu’a débuté en 2015 un mouvement de contestation réclamant une amélioration des services publics et accusant la classe politique de corruption et de népotisme.

Ce mouvement a connu un arrêt en octobre lorsque les forces gouvernementales ont lancé une offensive pour reprendre au groupe jihadiste Etat islamique (EI) son bastion de Mossoul, dans le nord du pays.

Des milliers de manifestants, essentiellement des partisans du chef chiite Moqtada Sadr, s’étaient rassemblés à la mi-journée place Tahrir, dans le centre de Bagdad, pour réclamer des réformes sur la loi électorale.

– Tirs de roquettes –

Des manifestants ont ensuite tenté de franchir de force un cordon policier sécurisant la voie principale conduisant à la Zone verte, qui abrite aussi des ambassades.

« Les protestataires ont essayé de traverser le pont Joumhouriya, les forces de sécurité ont tiré des grenades lacrymogènes pour les stopper mais ils ont insisté », a affirmé un responsable de la police.

« Les violences ont fait sept morts, dont deux membres des forces de l’ordre et cinq manifestants », a déclaré à l’AFP un colonel de la police, qui a également fait état de plus de 200 blessés.

La grande majorité des blessés sont des manifestants ayant été asphyxiés par les gaz lacrymogènes mais au moins 11 souffrent de blessures plus graves, causées par les balles et les bombes lacrymogènes.

Des correspondants de l’AFP ont vu plusieurs manifestants blessés.

Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a assuré qu’une enquête serait ouverte pour identifier et juger les responsables des violences.

En soirée, le commandement des opérations conjointes a fait état de plusieurs roquettes tombées sur la Zone verte, et qui ont été tirées de deux secteurs du nord de la capitale, Baladiyat et la rue Palestine.

Des responsables de la police et du ministère de l’Intérieur ont confirmé ces tirs, mais n’étaient pas en mesure de dire dans l’immédiat ce qu’ils visaient exactement, si ils avaient fait des victimes et qui les avait tirés.

Moqtada Sadr, devenu populaire en se rebellant contre les Américains après l’invasion de l’Irak en 2003, lutte ces dernières années pour l’adoption de réformes.

Avant la manifestation, il avait encouragé ses partisans à se rendre tout près de la Zone verte pour clamer haut et fort leurs revendications.

Dans un communiqué, il avait néanmoins prévenu les manifestants de ne pas entrer de force dans la Zone verte, que ses partisans avaient envahie l’année dernière à deux reprises.

Moqtada Sadr a appelé le Premier ministre Haider al-Abadi à répondre à ses revendications.

– ‘Ecouter la voix du peuple’ –

« Je l’exhorte à introduire les réformes dans l’immédiat, écouter la voix du peuple et se débarrasser des corrompus », avait-il lancé.

L’année dernière, les partisans de Moqtada Sadr ont manifesté maintes fois pour réclamer des réformes politiques, surtout la formation d’un nouveau gouvernement, et protester contre l’inaction du Parlement.

Un groupe moins nombreux de manifestants s’était rassemblé mercredi près de la Zone verte pour réclamer des réformes et plusieurs centaines de personnes avaient manifesté vendredi dans plusieurs villes du sud de l’Irak.

Les protestataires, qui appellent depuis des mois à de profondes réformes politiques, estiment notamment que la loi électorale actuelle sert les intérêts des grands partis qu’ils accusent de corruption, et jugent que la commission n’est pas indépendante.

Nos « politiciens ont créé une commission électorale basée sur des quotas confessionnels. Elle possède neuf commissaires, qui appartiennent à des groupes politiques. Elle n’est pas indépendante », a déclaré Sinan al-Azzawi, un célèbre acteur irakien qui a pris part à la manifestation de samedi.

Le gouvernement Abadi a fixé les prochaines élections provinciales à septembre, date à laquelle le mandat de la commission électorale expire. Leurs résultats sont perçus comme un baromètre pour les élections législatives prévues en 2018.

Les forces de sécurité face aux manifestants à Bagdad, le 11 février 2017. © AFP

© AFP SABAH ARAR
Les forces de sécurité face aux manifestants à Bagdad, le 11 février 2017

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