INTERNATIONAL

Islam Karimov, le président de toujours de l'Ouzbékistan, est mort

Moscou (AFP) – Le président de l’Ouzbékistan Islam Karimov est mort vendredi des suites d’une hémorragie cérébrale après plus d’un quart de siècle d’un pouvoir sans partage, laissant ce pays d’Asie centrale dans l’incertitude quant à sa succession.

La mort à 78 ans de l’autoritaire chef de l’Etat a été annoncée dans un communiqué commun du gouvernement et du parlement lu par le présentateur de la chaîne publique de télévision.

Elle est intervenue après une accumulation pendant la journée de signes montrant que le premier président de l’Ouzbékistan indépendant était au soir de sa vie. Sa ville natale de Samarcande (sud-est) a ainsi limité le trafic sur son aéroport pour accueillir samedi les responsables étrangers qui seront présents à ses funérailles.

« Chers compatriotes, c’est avec un immense chagrin dans nos coeurs que nous vous annonçons la mort de notre cher président », a déclaré le présentateur de la télévision d’Etat.

« Islam Abdouganievitch (Karimov) est mort le 2 septembre 2016 (vendredi) à Tachkent des suites d’une hémorragie cérébrale », a-t-il ajouté.

La fille cadette d’Islam Karimov, Lola Karimova-Tilliaïeva, qui réside à Paris, a confirmé la nouvelle sur les réseaux sociaux : « Il nous a quittés… Je cherche les mots, je ne peux pas y croire », a-t-elle écrit sur Instagram.

Le défunt chef de l’Etat sera enterré samedi à Samarcande. Le Premier ministre Chavkat Mirzioïev dirige la commission chargée d’organiser les funérailles, une indication sur le rôle important qu’il pourrait désormais jouer. Pour l’heure, et conformément à la Constitution, c’est le président du Sénat, Nigmatilla Iouldachev, qui assure l’intérim à la tête de l’Ouzbékistan. 

Islam Karimov avait été conduit à l’hôpital, inconscient, le 27 août après avoir souffert d’une grave hémorragie et immédiatement placé en réanimation, selon la télévision ouzbèke.

Des médecins venus de Russie, d’Allemagne et de Finlande se sont succédé les jours suivants pour tenter de le sortir du coma, sans succès. Vendredi matin, les autorités ont annoncé qu’il se trouvait « dans un état critique ». Elles ont précisé que son coeur avait cessé de battre à 20H15 (15H15) et qu’il avait été déclaré mort quarante minutes plus tard.

Vladimir Poutine a déploré « une perte immense » et salué « un homme d’Etat de la plus grande autorité et un vrai leader » dans un télégramme de condoléances rendu public par le Kremlin. Son Premier ministre Dmitri Medvedev représentera la Russie aux obsèques.

Le président tadjik Emomali Rakhmon fera quant à lui le déplacement, ont déclaré des sources diplomatiques interrogées par l’AFP. Le Premier ministre kazakh Karim Maximov sera également présent.

Né le 30 janvier 1938, Karimov a grandi dans un orphelinat avant de gravir tous les échelons de l’appareil du Parti communiste à l’époque de l’URSS jusqu’à prendre la tête de la république soviétique d’Ouzbékistan. A l’indépendance, en 1991, il se maintient au pouvoir et s’emploie aussitôt à éliminer tous ses opposants.

De nombreuses ONG accusent M. Karimov, réélu en 2015, d’avoir régulièrement truqué les élections, arrêté arbitrairement des centaines d’opposants et soutenu le recours à la torture dans les prisons.

 – Quel successeur ? –

Malgré des rumeurs persistantes sur la fragilité de son état de santé, Islam Karimov n’a publiquement désigné aucun successeur dans ce pays qui est l’un des principaux exportateurs mondiaux de coton et frontalier de l’Afghanistan.

Un temps favorite, sa fille aînée Goulnara est tombée en disgrâce après avoir comparé son père à Staline. Elle est désormais assignée à résidence.

En l’absence de plan pour assurer sa succession, sa disparition risque donc d’ouvrir une lutte pour le pouvoir, selon les experts.

Et même s’il existait un tel plan, « les prétendants vont-ils le suivre ? Vu que cette situation est sans précédent pour l’Ouzbékistan en 25 ans d’indépendance, personne ne sait si les gens suivront les règles une fois l’arbitre parti », s’est inquiété Scott Radnitz, spécialiste de ce pays auprès de l’Université de Washington.

Les prétendants les plus crédibles à la succession d’Islam Karimov sont son Premier ministre Chavkat Mirzioïev et le vice-Premier ministre Roustam Azimov, qui sont apparemment rivaux.

Autre candidat, le puissant chef de la sécurité Roustam Inoyatov, 72 ans, considéré comme l’un des responsables de la mort de 300 à 500 manifestants pendant une manifestation à Andijan (est) en 2005 réprimée par les forces de l’ordre.

Ce bain de sang avait provoqué la mise au ban d’Islam Karimov par la communauté internationale.

A l’instar de ses homologues kazakh Noursoultan Nazarbaïev et tadjik Emomali Rakhmon, dont les méthodes de gouvernement sont comparables, le président ouzbek s’est inquiété de la montée de l’islam radical dans son pays, terre d’origine du Mouvement islamique d’Ouzbékistan (MIO) lié à Al-Qaïda et actif au début des années 2000.

Aujourd’hui, c’est l’éventuel retour de combattants de Syrie et d’Irak qui inquiète les autorités. Plus de 500 Ouzbeks sont partis combattre dans les rangs jihadistes, selon les services de sécurité russes.

Le président d'Ouzbékistan Islam Karimov, le 26 avril 2016 lors d'une conférence de presse à Moscou
. © AFP

© POOL/AFP/Archives MAXIM SHEMETOV
Le président d’Ouzbékistan Islam Karimov, le 26 avril 2016 lors d’une conférence de presse à Moscou

Article précedent

Espagne: les députés redisent "non" à un gouvernement Rajoy

Article suivant

Le Gabon toujours sous tension malgré la libération d'opposants

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Islam Karimov, le président de toujours de l'Ouzbékistan, est mort