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Israël enterre ses soldats tués dans l'attaque au camion

Jérusalem (AFP) – Israël enterre lundi les quatre soldats tués dans l’une des attaques les plus meurtrières des derniers mois, qui confirme la persistance des tensions israélo-palestiniennes malgré une récente accalmie.

Le Palestinien Fadi al-Qunbar a ramené à la une de l’actualité la vague d’attaques commencée à l’automne 2015 en fonçant dimanche avec son camion dans un groupe de soldats en excursion sur l’un des points de vue les plus saisissants sur Jérusalem.

Trois soldates et un soldat sont morts sous les roues du véhicule: Shira Tzour et Yaël Yekoutiel, 20 ans, Shir Hadjaj, 22 ans, et Erez Auerbach, 20 ans. 17 autres ont été blessés. Fadi al-Qunbar a été abattu sur place.

Les soldats sont les premiers Israéliens tués depuis le 9 octobre dans une succession d’attaques palestiniennes qui, quasiment quotidiennes pendant des mois, se sont espacées en 2016, selon une liste officielle israélienne.

Israël s’apprêtait lundi à de nouvelles funérailles déchirantes, à commencer par celles d’Erez Auerbach en fin de matinée dans un bloc de colonies en Cisjordanie occupée.

« Ma chérie, ma vie, parle-moi s’il te plaît »: tel est selon la presse le dernier message envoyé sur le téléphone de Shir Hadjaj par sa mère alarmée.

Les autorités israéliennes ont répondu à cet attentat comme aux autres par une série de mesures répressives.

La police a indiqué avoir arrêté neuf personnes, dont cinq membres de la famille de Fadi al-Qunbar, peu après l’attentat.

Cette famille se préparait à quitter sa maison, promise à la démolition punitive par Israël, a indiqué un cousin à l’AFP. En attendant, les forces de sécurité israéliennes ont détruit lundi la tente dressée traditionnellement pour le deuil devant chez lui, ont constaté les journalistes de l’AFP.

Tout près des lieux de l’attaque, la sortie de son quartier de Jérusalem-Est, partie majoritairement palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël, a été fermée par des blocs de béton.

Les autorités israéliennes ont décidé de ne pas restituer le corps de Fadi al-Qunbar à sa famille, autre mesure punitive fréquente. Elles vont aussi rejeter toute demande de réunification familiale que présenteraient des membres de sa famille vivant dans les Territoires palestiniens de Cisjordanie ou de la bande de Gaza pour venir s’installer à Jérusalem, ont rapporté les médias.

– ‘Illusion d’optique’ –

Israël a par ailleurs décidé d’emprisonner sans procès ni détention toute personne qui s’identifierait avec le groupe Etat islamique (EI), a indiqué un officiel sous le couvert de l’anonymat.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé dimanche que Fadi al-Qunbar était un sympathisant de l’organisation jihadiste. Le cousin du Palestinien, Mohammad al-Qunbar, a démenti auprès de l’AFP cette affirmation.

M. Netanyahu n’a pas précisé sur quels éléments il se fondait. Il s’est employé au cours des derniers mois à inscrire les centaines d’attaques palestiniennes dans la même perspective que les attentats jihadistes, comme ceux commis en France ou en Allemagne.

Depuis le 1er octobre 2015, les violences dans les Territoires palestiniens et en Israël ont coûté la vie à 247 Palestiniens, 40 Israéliens, deux Américains, un Jordanien, un Erythréen et un Soudanais, selon un décompte de l’AFP. 

La plupart des Palestiniens tués sont des auteurs ou auteurs présumés d’attaques anti-israéliennes, souvent commises par des jeunes isolés.

Ces attaques sont attribuées par maints experts aux vexations de l’occupation israélienne qui dure depuis près d’un demi-siècle, à l’absence de toute perspective proche d’indépendance, aux frustrations économiques et aux dissensions interpalestiniennes. Les difficultés personnelles des assaillants entrent souvent en ligne de compte.

Le gouvernement israélien incrimine le refus palestinien de reconnaître le droit d’Israël à l’existence et une culture d’incitation à la haine des juifs.

L’emploi d’un camion dans l’attaque de dimanche peut indiquer qu’elle a été inspirée par l’EI, écrivait Maariv. Mais le quotidien relevait que les Palestiniens avaient déjà commis des attaques à la voiture bélier pendant la première Intifada (1987-93) et que celle de dimanche « présentait la plupart des caractéristiques » des attentats des derniers mois.

« La situation s’était calmée ces derniers mois, mais ce calme était trompeur, une illusion d’optique », ajoutait le journal. « La vague peut se former à nouveau, encore plus haute, à n’importe quel moment », selon lui.

Des équipes de secours sur le site d'une attaque au camion, le 8 janvier 2017 à Jérusalem. © AFP

© AFP AHMAD GHARABLI
Des équipes de secours sur le site d’une attaque au camion, le 8 janvier 2017 à Jérusalem

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