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Israël fait ses adieux à Shimon Peres en attendant les leaders de la planète

Jérusalem (AFP) – Le peuple israélien a fait ses adieux jeudi à Shimon Peres et se préparait à recevoir vendredi les dirigeants de la planète aux obsèques de cette grande figure historique.

Un flux ininterrompu de milliers d’Israéliens de tous les âges et toutes les origines sociales a défilé devant le cercueil du prix Nobel de la paix et ancien président disposé sur le parvis de la Knesset (parlement).

Maintenus à quelques mètres par un cordon, beaucoup ont pris en photo le cercueil ceint du drapeau bleu et blanc frappé de l’étoile de David. Pas de solennité extrême, pas beaucoup de larmes, mais le sentiment personnel qu’une page d’histoire était tournée.

Marielle Halimi a patienté plus d’une heure avant de pouvoir entrer avec ses trois enfants, puis d’en repartir en pleurant. « Ce qui est important, c’est que mes enfants comprennent et respectent ce que cet homme a fait, ses valeurs, son amour pour Israël, sa volonté de paix », dit-elle.

Les drapeaux sont en berne. Toutes les routes menant à la Knesset sont fermées et des navettes assurent le transport jusqu’au parlement.

– ‘Une ampleur sans précédent’ –

Jérusalem est déjà en état de siège alors que ne fait que commencer l’hommage populaire à celui que tout le monde appelait Shimon et dont l’image était intimement associée à l’ascension d’Israël, de la naissance au statut de puissance régionale.

Vendredi, avec l’arrivée des dirigeants étrangers, le mont Herzl sur lequel Shimon Peres sera enterré, ainsi qu’une grande partie de Jérusalem devraient être largement coupés du monde.

La présence à Jérusalem de dizaines de dirigeants, dont le président américain Barack Obama, confronte les services de sécurité à un défi considérable. « Nous avons affaire à une opération d’une ampleur sans précédent », a déclaré le chef de la police Roni Alsheikh.

Israël n’a pas connu de tel évènement au moins depuis les funérailles en 1995 d’Yitzhak Rabin, l’ancien rival et Premier ministre assassiné, qui avait été récompensé en même temps que Shimon Peres et le leader palestinien Yasser Arafat du Nobel de la paix en 1994.

Dans un pays constamment confronté aux défis sécuritaires, 7.000 policiers ont été mobilisés pour ces deux jours de deuil.

L’autoroute reliant Jérusalem et Tel-Aviv, la capitale économique, sera coupée par intermittences pour acheminer les chefs d’Etat et de gouvernement.

Ces obsèques coïncident avec le début des congés des grandes fêtes juives qui font redouter aux autorités israéliennes un accès de violences palestiniennes.

– Obama, Hollande, Clinton… –

M. Peres s’est éteint mercredi matin dans son sommeil à l’âge de 93 ans à l’hôpital, des suites d’un accident vasculaire cérébral.

Il n’était pas seulement le dernier survivant des trois récipiendaires du Nobel de la paix 1994 récompensant leurs « efforts en faveur de la paix au Moyen-Orient », concrétisés un an plus tôt par le premier accord d’Oslo. Ce dernier jetait les bases d’une autonomie palestinienne et offrait un espoir de règlement du conflit.

Il était aussi aux yeux des Israéliens le dernier survivant de la génération des pères fondateurs de l’Etat d’Israël.

Les marques de l’immense respect qu’inspirait M. Peres ont afflué du monde entier, à l’exception des pays arabes voisins d’Israël. Il était de ceux « qui changent le cours de l’histoire humaine », selon le président américain Barack Obama.

Ce dernier est attendu à l’enterrement avec ses homologues français, allemand ou polonais, l’ancien président américain Bill Clinton (mais pas son épouse en pleine campagne), le prince Charles, le roi d’Espagne Felipe VI et des dizaines de personnalités. Aucune présence de dirigeants d’importants pays du Moyen-Orient n’avait été officialisée.

– ‘Un peu de Peres en nous’ –

M. Obama a ordonné que les drapeaux soient mis en berne jusqu’à vendredi soir sur la Maison Blanche, ainsi que tous les bâtiments officiels et militaires américains dans le pays et à l’étranger.

Malgré les accords d’Oslo et la conversion à la paix de cet ancien faucon, les Palestiniens ont une image bien plus sombre de l’homme qui a cautionné les premières colonies juives de Cisjordanie occupée et qui était Premier ministre quand l’aviation israélienne a bombardé le village libanais de Cana, tuant 106 civils en avril 1996.

Après avoir été toute sa vie au coeur des grandes batailles de la courte histoire d’Israël et occupé quasiment toutes les fonctions officielles, M. Peres, maintes fois ministre, deux fois Premier ministre (1984-1986 et 1995-1996) et finalement président de 2007 à 2014, était devenu dans son pays une personnalité largement consensuelle, considérée comme un sage de la nation.

« Il était évident qu’on viendrait car c’est l’un des plus grands leaders d’Israel », a déclaré Dani Levite, chef scout venu avec plusieurs dizaines de membres de son mouvement en uniforme beige. « En m’arrêtant devant son cercueil, j’ai respiré très fort, comme si je voulais absorber tout ce que cet homme peut m’apporter. Si seulement on pouvait tous avoir un peu de Shimon Peres en nous… »

M. Peres reposera au mont Herzl au côté de M. Rabin.

Le cercueil de Shimon Peres exposé sur le parvis de la Knesset, le 29 septembre 2016 à Jérusalem

. © AFP

© AFP GALI TIBBON
Le cercueil de Shimon Peres exposé sur le parvis de la Knesset, le 29 septembre 2016 à Jérusalem

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