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Italie: le président consulte pour trouver une issue à la crise

Rome (AFP) – Le président italien Sergio Mattarella a entamé jeudi des consultations pour trouver une issue à la crise politique, officiellement ouverte la veille avec la démission du chef du gouvernement Matteo Renzi, désavoué dimanche dans les urnes.

Le chef de l’Etat italien, arbitre de la situation créée par le non massif des Italiens à la réforme constitutionnelle, a d’abord reçu vers 18H00 (17H00 GMT) le président du Sénat Pietro Grasso, suivi de la présidente de la Chambre des députés Laura Boldrini et de l’ancien président italien Giorgio Napolitano.

Vendredi, ces consultations se poursuivront avec des petits partis et mouvements régionalistes représentés au Parlement, avant la journée cruciale de samedi qui verra défiler au Quirinale, le siège de la présidence italienne, les principaux partis. Le verdict du chef de l’Etat devrait tomber lundi.

Première force politique représentée au Parlement, le Parti démocrate (PD, centre-gauche) sera le dernier à être entendu. Matteo Renzi en est toujours le chef, mais il ne participera pas lui-même à ces consultations.

Il a indiqué mercredi devant la direction de son parti vouloir prendre un peu le large et rentrer en Toscane –où vit sa famille–, pour « organiser un concours de playstation » avec ses trois enfants.

Mais il a aussi semblé toujours aussi combatif, affirmant n’avoir « peur de personne » et surtout pas d’un vote anticipé. Un sondage effectué au lendemain du référendum, publié jeudi par le quotidien La Stampa, donne le PD toujours en tête avec 32,5% des voix, suivi du M5S à 27%.

Encore faut-il qu’il conserve son poste de secrétaire-général du PD. La minorité de gauche, qui a fait campagne pour le non au référendum, fourbit ses armes dans l’espoir de le pousser dehors. « Matteo Renzi se comporte comme s’il avait gagné le référendum », a ainsi déclaré jeudi le sénateur PD, membre de cette minorité, Miguel Gotor. 

– « Descendre dans la rue » –

L’autre hypothèse, évoquée aussi mercredi par Matteo Renzi, est celle d’un gouvernement d’union nationale soutenu par l’ensemble des forces politiques, qui pourrait rester en place jusqu’au terme de la législature en février 2018. Mais comme plusieurs d’entre elles se sont déjà prononcées pour des élections anticipées, cette éventualité semble peu probable.

« Nous réclamons des élections immédiatement, sinon nous inviterons les citoyens à descendre dans la rue », a lancé mercredi Matteo Salvini, chef de la Ligue du Nord, proche du Front National français. 

Idem pour les populistes du Mouvement Cinq Etoiles, (M5S), galvanisés après un vote ayant confirmé la vague de mécontentement née avec le Brexit et confirmée par l’élection de Donald Trump.

« Nous ne voulons pas discuter pendant des mois avec les partis sur la loi électorale », affirme l’un des ténors du M5S, Alessandro Di Battista, au quotidien allemand Die Welt, dans une interview reprise jeudi par le quotidien La Repubblica.

Reste alors l’hypothèse d’un gouvernement « technique », soutenu par la majorité actuelle au Parlement pour préparer d’éventuelles élections anticipées. Certains experts, dont le politologue Giovanni Orsina de l’université Luiss de Rome, jugent d’ailleurs qu’un tel gouvernement pourrait tout à fait se prolonger jusqu’à 2018, soit le terme prévu de la législature actuelle.

La plupart des 945 parlementaires italiens doivent absolument être encore en poste en septembre pour que s’ouvrent leurs droits à une retraite pleine. De quoi les inciter à « résister », relève la presse italienne.

En attendant, le « totopremier », jeu inspiré du loto sportif en vogue à chaque crise politique, va bon train. En tête, on trouve le président du Sénat et le ministre des Finances Pier Carlo Padoan.

Ce dernier, économiste réputé, aurait le mérite de rassurer les marchés, inquiets de la crise bancaire toujours pas résolue, au moment où l’agence de notation Moody’s a annoncé avoir baissé la perspective de la note de la dette italienne. 

« Non, nous ne craignons pas de crise bancaire » en Italie a tenté de rassurer jeudi le commissaire européen Pierre Moscovici.

Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, le 5 décembre 2016 à Rome. © AFP

© AFP Andreas SOLARO
Le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi, le 5 décembre 2016 à Rome

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