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iTELE: "quelques avancées" dans les discussions qui vont reprendre

Paris (AFP) – Les représentants des salariés et la direction de la chaîne iTELE se sont quittés lundi soir sans parvenir à un accord mais les négociations marathon devaient reprendre mardi, alors que le gouvernement s’est invité dans ce conflit sans précédent dans l’histoire de l’audiovisuel depuis Mai 1968.

« Nous n’avons pas encore de texte de sortie de crise, les discussions ne sont pas finies. Une nouvelle réunion est prévue demain », a indiqué un représentant des salariés à l’issue de huit heures de négociations au « ton constructif » et avec « quelques avancées », selon lui.

« Sur l’éditorial, on n’a pas beaucoup avancé. Il y a encore des points d’achoppement », a commenté de son côté un représentant du syndicat maison PlusLibres, regrettant « l’empressement » de la direction et estimant que « le seul point sur lequel on arrive à avoir des concessions, ce sont les conditions de départ ».

Le nouveau protocole d’accord présenté aux représentants avait été annoncé par plusieurs dirigeants du groupe à l’issue d’une réunion au ministère du Travail plus tôt dans la journée.

« Il y a une volonté de la direction de sortir de ce conflit. Il faut maintenant qu’il y ait des actes », avait souligné la ministre du Travail Myriam El Khomri à l’issue de cette rencontre.

« La direction a déclaré vouloir prendre des engagements sur les trois points constitutifs de la garantie d’indépendance de la rédaction », soit l’édition d’une charte, la mise en place d’un comité d’éthique et la séparation des fonctions de directeur général et de directeur de la rédaction, avait indiqué de son côté la ministre de la Culture Audrey Azoulay, également présente. 

Les deux ministres ont reçu, côté Canal+, Jean-Christophe Thiery (président du directoire) et Gérald-Brice Viret (directeur général des antennes), ainsi que Stéphane Roussel (directeur général chargé des opérations) côté Vivendi, la maison mère de Canal+. La semaine dernière, elles avaient rencontré des représentants du personnel.

Parmi les nouvelles propositions: la nomination d’ici à fin novembre d’un directeur adjoint pour seconder Serge Nedjar, qui assure la double casquette de directeur général et de directeur de la rédaction, ce qui constitue l’un des principaux points de crispation des grévistes.

Ce nouvel adjoint sera « issu prioritairement de la rédaction », a précisé Gérald-Brice Viret.

Juste avant cette réunion au ministère, les salariés d’iTELE avaient affiché leur « détermination » en reconduisant leur mouvement jusqu’à mardi midi pour un 30e jour.

Débuté le 17 octobre, ce conflit dépassera donc en longueur celui qui avait paralysé Radio France en 2015 (29 jours). RFI avait connu en 2009 un mouvement plus long, qui avait perturbé son antenne pendant près de deux mois, mais sans entraîner de paralysie totale des programmes.

– ‘Le vrai sujet est économique’ –

La prolongation de la grève a été approuvée par 84% des voix de la rédaction d’iTELE, selon les grévistes. « Nous entrons dans notre cinquième semaine de grève, très déterminés et très unis », ont-ils écrit sur leur compte Twitter (@greve_i).

Ils réclament des garanties éditoriales sur leur indépendance, notamment une charte éthique, et la fin du double rôle assuré par Serge Nedjar, décrit comme « brutal » et qui cristallise une bonne partie des tensions au sein de la rédaction.

Les grévistes réclament aussi la définition d’un projet stratégique et éditorial « clair et précis » pour la chaîne d’information en continu, en graves difficultés économiques et en perte d’audience.

La mise à l’écart de Jean-Marc Morandini, animateur controversé mis en examen dans une affaire de corruption de mineurs, dont l’arrivée avait mis le feu aux poudres, est désormais passée au second plan des revendications.

« iTELE perd depuis des années 25 millions d’euros par an. Le vrai sujet est économique, le reste ce n’est pas le sujet », a estimé pour sa part Stéphane Roussel. « Nous avons réaffirmé très clairement qu’iTELE allait rester une chaîne d’information en continu de référence. Il n’y a pas du tout de projet de chaîne de divertissement », a-t-il assuré. 

Il a également précisé qu’une dizaine de personnes étaient parties de la chaîne et qu’une dizaine de départs étaient encore en discussion, mais « tous les départs seront remplacés » selon lui.

Le personnel d'iTélé vote pour reconduire la grève le 7 novembre 2016 à Boulogne-Billancourt. © AFP

© AFP/Archives Thomas SAMSON
Le personnel d’iTélé vote pour reconduire la grève le 7 novembre 2016 à Boulogne-Billancourt

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