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Jacqueline Sauvage reste en prison

Paris (AFP) – Devenue un symbole des victimes de violence conjugale, Jacqueline Sauvage, condamnée à dix ans de prison pour le meurtre de son mari violent et partiellement graciée par le président, a vu jeudi une nouvelle fois rejetée sa demande de libération conditionnelle.

Après un premier refus du tribunal d’application des peines de Melun (Seine-et-Marne) le 12 août dernier, la cour d’appel de Paris a à son tour rejeté cette demande d’aménagement de peine, à laquelle le parquet général ne s’était pourtant pas opposé.

Les avocates de Jacqueline Sauvage, 68 ans, se sont dites « consternées », alors que la condamnation de Jacqueline Sauvage en 2014-2015 avait, de manifestations en pétitions, suscité une vague d’indignation.

Mes Nathalie Tomasini et Janine Bonaggiunta ont annoncé qu’elles comptaient se pourvoir en cassation contre un arrêt qui « n’a pas tenu compte des pièces fournies », et qu’elles envisageraient une nouvelle demande de libération, après en avoir discuté avec leur cliente – qui n’était pas présente au tribunal.

Dans son arrêt que l’AFP a pu consulter, la cour d’appel estime que Jacqueline Sauvage continue « à se poser en victime (…) tout en remettant en question l’élément d’intentionnalité », que « sa réflexion demeure pauvre et limitée puisqu’elle peine encore à ce jour à accéder à un réel et authentique sentiment de culpabilité ». 

La cour souligne aussi que la rapidité avec laquelle Jacqueline Sauvage a usé de son droit à demander une libération conditionnelle, après la grâce présidentielle en janvier, et la « médiatisation du dossier » ont rendu « sa réflexion et sa prise de conscience plus difficiles et complexes sur le sens de la peine ».

La chambre d’application des peines a donc invité Jacqueline Sauvage à « se livrer à une authentique réflexion, autrement qu’en adoptant un discours figé et assez stérile consistant à qualifier, de manière assez répétitive, son geste +d’horrible+ ».

« Finalement, Jacqueline Sauvage a pâti de sa grâce présidentielle », a commenté Me Tomasini.

– « Vraie grâce présidentielle » –

Les avocates ont promis d’aller « jusqu’au bout » de leur combat pour faire libérer cette femme qui a vécu 47 ans de calvaire conjugal avant, le 10 septembre 2012, de tuer son époux de 65 ans de trois coups de fusil dans le dos, à la Selle-sur-le-Bied (Loiret).

En l’état actuel du dossier, compte tenu des remises de peine, Jacqueline Sauvage serait libérable « entre avril et juillet 2018 », ont estimé ses avocates.

« C’est la société qui devrait être condamnée pour non-assistance à personne en danger », a lancé Me Tomasini.

Plusieurs associations ont dit leur « indignation ». Osez le féminisme a dénoncé « une justice qui condamne les victimes », à la veille de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, alors « qu’une femme sur dix est victime des violences de son conjoint » en France. Les Effronté-e-s ont demandé une « vraie et entière grâce présidentielle ».

En première instance en octobre 2014, comme en appel en décembre 2015, Jacqueline Sauvage avait été condamnée à dix ans de réclusion criminelle. A chaque fois, la cour d’assises a écarté la préméditation de son geste.

Ses trois filles avaient témoigné à charge contre leur père, expliquant avoir été violées et battues comme l’était leur mère.

Après la mobilisation de ses filles et de nombreux élus et personnalités, elle avait obtenu le 31 janvier une grâce partielle du président François Hollande, notamment de la période de sûreté, lui permettant de présenter immédiatement une demande de libération conditionnelle.

Pour la lui refuser, le tribunal d’application des peines de Melun avait reproché à Jacqueline Sauvage « de ne pas assez s’interroger sur son acte » et estimé qu’elle ne pouvait « prétendre vivre à proximité des lieux des faits, dans un environnement qui, compte tenu des soutiens dont elle bénéficie et de la médiatisation des faits, risquerait de la maintenir dans une position victimaire ».

Si elle le souhaite, Jacqueline Sauvage pourra déposer une nouvelle demande de libération. Cela pourrait être devant le tribunal d’application des peines de Melun si elle est toujours incarcérée à Réau (Seine-et-Marne). 

Les avocates de Jacqueline Sauvage, Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini, lors d'une conférence de presse, le 12 août 2016 à Paris. © AFP

© AFP/Archives ALAIN JOCARD
Les avocates de Jacqueline Sauvage, Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini, lors d’une conférence de presse, le 12 août 2016 à Paris

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