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Procès du « désosseur de Tubuai »: « Je voulais qu’elle ait peur et qu’elle ait honte »

Le procès du « désosseur de Tubuai » a démarré mardi matin devant la cour d’assises de Papeete. Comme lors de sa garde à vue et durant l’enquête, l’accusé s’est montré très calme et n’a pas dévié dans ses déclarations. Oui, il voulait tuer sa mère pour se venger d’elle. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

Maui Tai, 44 ans, un physique de boxeur, le regard froid et déterminé, a été extrait mardi matin de la maison d’arrêt de Nuutania pour être présenté à la cour d’assises de Papeete. Cet ancien cuisinier, reconverti dans le jardinage, est accusé de « tentative d’assassinat ». Le 6 décembre 2016, il s’est introduit au domicile de sa mère armé d’un couteau de désosseur, d’une hache et d’une scie avec pour but de la tuer. Plan qu’il ne pourra pas mettre à exécution grâce à l’intervention de son beau-père. À l’époque des faits déjà, le quadragénaire n’avait pas caché ses intentions : « Je suis venu tuer ma mère, je suis venu hier mais je n’ai pas pu alors je suis revenu aujourd’hui pour la planter ». Il avait décidé de se venger de sa mère pour avoir « bousillé sa famille et volé ses filles ». Ses deux filles avaient en effet été placées chez leur grand-mère paternelle après un signalement pour des violences. Pour l’homme, il s’agissait donc d’un complot : « J’ai peut-être la carrure d’un colosse mais je ne suis pas violent, je sais que ce sont eux qui sont derrière tout ça ».

« J’aime travailler proprement »

À la barre devant les jurés de la cour d’assises, Maui Tai n’a pas dévié dans ses propos. Parlant calmement et semblant totalement détendu, l’accusé a rappelé qu’il « ne niait rien ». Il a expliqué ce qui l’avait poussé à organiser l’assassinat de sa mère : « J’ai reçu un courrier disant que mon fils unique allait m’être enlevé et là j’ai pété les plombs, je me suis préparé et j’ai foncé tête baissée ». « Je voulais qu’elle ait peur, je voulais qu’elle ait honte », a rajouté l’accusé pour justifier son désir de vengeance. « Vous maintenez donc que vous avez l’intention d’homicide ? » a demandé la présidente de la cour. Réponse sans hésitation : « oui ». Plutôt prolixe, l’accusé a précisé qu’il « voulait la poignarder dans le dos, dans la nuque, à un endroit mortel ». Précis également sur l’utilisation de « l’arsenal », selon ses propres mots, qu’il avait emporté ce jour-là. « Pourquoi des gants ? », « Je suis jardinier et ancien cuisinier, j’aime travailler proprement ». « Vous vouliez la démembrer, pas la dépecer ? », « Non ça demande trop de travail ». Très méthodique, l’accusé avait prévu d’envoyer plusieurs parties du corps de sa mère à différentes personnes ; la tête à son beau-père dans un paquet cadeau « car c’était son anniversaire, c’est de l’humour noir ». Le pied à la juge des enfants responsable du placement de ses filles, « parce qu’elle a pris son pied ». Et les deux mains clouées sur la porte « parce qu’elle (sa mère) m’a pris mes deux enfants »….

Les jurés ont également entendu son ex-épouse. Visiblement très perturbée par sa présence au tribunal, la mère de famille s’est contredite à plusieurs reprises, évoquant une vie heureuse puis des épisodes de violences. S’excusant d’avoir « peut-être oublié » les coups portés par son mari, elle a fini par avouer avoir « peur » de lui : « le fait de penser qu’il va peut être revenir, ça fait peur, je ne sais pas ce qu’il a dans la tête ».

Le procès doit se poursuivre mercredi avec notamment l’audition de la mère de l’accusé, ainsi que des experts psychiatres. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

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