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Jean-Claude Casadesus ou la passion de transmettre la musique à tous

Lille (AFP) – « La musique a un pouvoir extraordinaire, et nous, les artistes, avons le devoir de transmettre cette part d’émotion. » A 80 ans, le toujours jeune chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus continue de porter la musique dans des lieux improbables, comme mardi au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d’Ascq. 

Dans le cadre des festivités du 40e anniversaire de l’Orchestre national de Lille (ONL), il avait dirigé en juillet dernier le « Boléro » de Ravel et les « Carmina burana » de Carl Orff dans l’antre des joueurs du Losc. Mardi, la « Neuvième Symphonie » de Beethoven avec l' »Ode à la joie », hymne européen, ainsi que la « Marseillaise » orchestrée par Hector Berlioz pour célébrer la révolution de 1830 clôtureront, comme un symbole, les festivités.

« Je revendique avec fierté d’avoir porté la musique dans des lieux les plus improbables, comme l’hôpital, l’entreprise ou la prison mais aussi d’avoir joué dans une trentaine de pays, en Asie, en Russie, aux Etats-Unis, au Canada », note Jean-Claude Casadesus, homme affable et cultivé, qui se plaît à citer Rilke, Zweig ou encore Malraux. Ainsi, le 4 juillet, l’ONL s’est produit pour la 19e fois en milieu carcéral, cette fois-ci à Sequedin (Nord). Et comme toujours, Jean-Claude Casadesus, qui confiera la direction musicale de l’ONL au jeune Alexandre Bloch en septembre, était aussi impeccablement habillé face aux détenus que lors d’un concert à la Philharmonie de Paris. 

Une audace qui suscite l’admiration du milieu, à l’instar du clarinettiste Michel Lethiec: « Jean-Claude est un exemple incroyable comme musicien, comme chef mais aussi comme quelqu’un qui a tellement fait pour l’implantation de la musique dans tous les lieux, tout en conservant une qualité extraordinaire », estime celui qui est aussi directeur artistique du festival Pau Casals de Prades. 

Car rien ne prédisposait le chef d’orchestre à devenir « le plus grand ambassadeur de la région et de la ville de Lille », comme le souligne Martine Aubry, maire de la capitale des Flandres.

– Le Nord, « piège affectif » –

Né en 1935 à Paris, Jean-Claude Casadesus fait partie de la 3e génération de cette illustre famille d’artistes, où l’on retrouve (entre autres) le pianiste Robert qui a son étoile à Hollywood Boulevard, Gisèle (sa mère), sociétaire de la Comédie-Française ou Henri, créateur d’un célèbre orchestre baroque dont Camille Saint-Saëns était président d’honneur. Signe de l’importance de cette famille dans la culture, la « place Casadesus » à Montmartre.

Jean-Claude, « âme russo-catalane de Montmartre » comme il se définit en raison d’origines familiales à Figueres et à Odessa, rêve, dès onze ans en découvrant Wagner, de tenir un jour la baguette. Choisissant le patronyme de sa mère et non de son père (Probst), il apprend le violon, le piano, l’orgue, joue dans différents groupes (y compris de jazz), côtoie comme percussionniste les grands noms de la chanson française  – Aznavour, Piaf, Brassens ou Trenet – avant de devenir chef d’orchestre. Après l’opéra de Paris, l’opéra comique et l’orchestre national des pays de la Loire, il pose ses valises en 1975 à Lille, avec comme lettre de mission de créer un véritable orchestre symphonique. 

Voici le « poulbot » à la découverte du Nord, « ce piège affectif » avec ses habitants « au coeur énorme », « qui ont le sens de la solidarité et de la fraternité propre aux gens qui ont traversé de dures épreuves ». « J’ai été promis aux espérances parisiennes, j’ai trahi d’une certaine façon ma caste en allant en province », confie-t-il à présent en souriant. « Ce jacobinisme, dont on a beaucoup souffert, m’a formidablement incité à militer pour une égalité nationale dans la qualité que l’on propose », dit M. Casadesus, trois enfants (dont le photographe Sébastien Copeland et la chanteuse lyrique Caroline Casadesus) et cinq petits-enfants.

Après le concert de mardi, où la programmation permettra « de réaffirmer l’idée qu’on est debout face aux épreuves auxquelles on est confrontés », une allusion au terrorisme islamiste et au Brexit, Jean-Claude Casadesus connaîtra un nouveau moment émouvant avec les concerts de passation avec son successeur Bloch les 29 et 30 septembre. « Il faut du sang neuf, mais je ne prends pas ma retraite! », prévient-il.

Jean-Claude Casadesus à Lille le 12 septembre 2014. © AFP

© AFP/Archives PHILILPPE HUGUEN
Jean-Claude Casadesus à Lille le 12 septembre 2014

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