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Jérôme Kerviel : derrière les images, la stratégie

Jérôme Kerviel face aux journalistes, le 17 mai. © Reuters

Jérôme Kerviel face aux journalistes, le 17 mai. © Reuters

COUP DE COM’ – Le marcheur Kerviel a été incarcéré lundi. Décryptage des trois images fortes du feuilleton du week-end par un spécialiste en communication.

Case prison. Jérôme Kerviel a été incarcéré lundi matin à la maison d’arrêt de Nice. Il avait été interpellé à minuit, après avoir franchi la frontière, au terme d’une marche de plus de deux mois sur les routes italiennes. Suivi tout le week-end par une foule de journalistes, l’ancien trader de la Société générale, condamné à trois ans de prison ferme, a donné à voir ses derniers instants de liberté. Quel est le but de cette stratégie ? Décryptage de trois images fortes avec Jean-Luc Mano,conseiller en communication, fondateur de l’agence Only Conseil.

• Le marcheur, veste rouge et sac au dos

© Reuters

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Seul sur la route, bien visible dans sa tenue rouge, Jérôme Kerviel marche, semblant affronter son destin. « L’homme en rouge qui arpente les routes, c’est d’abord une stratégie de rupture avec l’image du trader qu’il était », explique Jean-Luc Mano. « On est passé de Wall Street à Saint-Jacques de Compostelle ! »

Pour le communicant, Jérôme Kerviel veut montrer qu’il marche pour une cause, sur un chemin de repentance. « Les gens voient un homme en réminiscence. Il a fait une faute et veut presque donner une image messianique, celle du pèlerin face à la finance », décrypte-t-il. « De ce point de vue, je trouve que cette phase de communication fonctionne bien ».

• Le croyant, à genoux sur la route

© Reuters

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Depuis sa condamnation, Jérôme Kerviel s’affiche en converti. Vraie-fausse « audience » avec le pape François, soutien de l’évêque de Gap, Mgr di Falco, présence d’un prêtre à ses côtés tout au long du week-end… Samedi, à quelques mètres de la frontière française, l’ex-trader s’est agenouillé quelques instants sous l’objectif des photographes, les yeux fermés.

Sincérité ou stratégie ? Pour Jean-Luc Mano, probablement un peu des deux. « Au moment où il s’agenouille, il y a forcément une part de mise en scène », analyse-t-il. « Et en même temps, il y a sans doute de l’authenticité dans la démarche. C’est très difficile à dire car il y a certainement un chemin personnel derrière. On ne peut que le respecter chez quelqu’un qui s’apprête à aller en prison et qui a sans doute trouvé un réconfort dans la foi ».

« Ce qui est cohérent, c’est l’idée de la rédemption », poursuit le spécialiste. « Kerviel reconnaît qu’il a pêché, par arrogance, par appât du gain, et il veut montrer qu’il cherche désormais les vraies valeurs : la foi, la marche, l’effort. »

• L’arrêté, interpellé sans heurts par la police

Dimanche soir, à minuit pile, Jérôme Kerviel a été abordé par deux policiers en civil qui l’ont rapidement arrêté, toujours sous l’œil des caméras. Il n’a opposé aucune résistance. « Il n’est pas dans la violence. C’est la mise en scène de l’arrestation de quelqu’un qui considère qu’il n’est pas coupable, mais que le système l’est », estime Jean-Luc Mano.

Pour autant, si on se concentre sur le message adressé, « la stratégie se discute », affirme-t-il. « Il assure qu’il est une victime, mais il accepte d’être arrêté, d’accomplir une peine. C’est là qu’il manque de cohérence : c’est un Robin des bois qui se laisse arrêter par le shérif. Or, en principe, Robin des bois se réfugie dans la forêt de Sherwood ! »

>> Quel bilan ? Des images, encore des images, mais au final, Jérôme Kerviel n’en a-t-il pas trop fait ? « Le problème, c’est que derrière ces images, sa stratégie globale est parfois assez aléatoire », juge Jean-Luc Mano. Dans ses déclarations au cours du week-end, les revirements se sont succédé. En route pour la France, l’ex-trader avait d’abord affirméêtre « à la disposition de la justice ». Puis, arrivé près de la frontière, il alancé un appel à François Hollande, laissant planer le suspense sur ses intentions. Avant de finalement passer en France pour se rendre à la police. « Il y a une forme de désordre », en conclut Jean-Luc Mano. « Et en même temps, Jérôme Kerviel n’est pas un homme politique, sa communication n’est non plus pas calibrée au millimètre », rappelle le communicant. D’où une probable part de sincérité, juge-t-il, au-delà de la mise en scène.

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 Source : Europe 1

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