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JO-2016: le CIO repousse sa décision sur la Russie mais "explore toutes les options"

Lausanne (AFP) – Un Russe au moins est certain de ne pas aller aux Jeux de Rio: le ministre des Sports Vitali Moutko. Pour les sportifs, menacés d’une exclusion collective après le rapport McLaren sur le « système » de dopage russe lundi, le CIO a repoussé sa décision, tout en « explorant toutes les options juridiques ».

Après avoir réuni d’urgence sa commission exécutive en fin de matinée mardi, le Comité international olympique (CIO) a donc décidé de temporiser. A 17 jours du coup d’envoi des JO cariocas, le CIO a seulement précisé qu’il allait « explorer toutes les options juridiques à disposition » entre une exclusion collective de la Russie et « le droit à la justice individuelle » des sportifs russes.

Le CIO a également souligné qu’il « devra prendre en considération » le code mondial antidopage, la charte olympique, mais aussi l’avis du Tribunal arbitral du sport de Lausanne, en Suisse. Le TAS doit se prononcer jeudi au plus tard sur l’appel de 68 athlètes russes contre leur suspension collective le 17 juin par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF).

Concernant les cas individuels des sportifs russes, le CIO a en tout cas confirmé que « la présomption d’innocence » ne s’appliquait plus à leur égard. 

Concrètement, « l’admission de chaque athlète russe (aux JO de Rio) devra être décidée par sa Fédération internationale, sur la base de l’analyse individuelle des contrôles antidopage auxquels il s’est soumis au niveau international », précise le CIO.

Dans les faits, cette même procédure appliquée par l’IAAF avait abouti à repêcher une seule athlète russe pour Rio, la sauteuse en longueur Darya Klishina, basée en Floride !

– ‘Magiciens’ du FSB –

« J’espère que le Comité international olympique et l’Association des fédérations internationales olympiques des sports d’été prendront une décision raisonnable », a réagi Vitali Moutko mardi, après l’annonce du CIO.

Si les sportifs russes seront donc peut-être à Rio, M. Moutko en tout cas n’y sera pas. Les seules personnes exclues pour l’instant sont en effet les membres du ministère russe des Sports, auxquels le CIO a annoncé qu’il « n’accordera aucune accréditation » pour Rio, du 5 au 21 août.

Pas de Moutko donc, le puissant ministre des Sports russe, également président de la Fédération russe de football et président du Comité d’organisation du Mondial 2018 de football en Russie. Ni de Iouri Nagornykh, son adjoint, largement visé par le rapport McLaren, nommé à son poste en 2010 par Vladimir Poutine.

Sur le dossier des sportifs, par contre, pas de décision immédiate. Thomas Bach, le président du CIO, avait pourtant réagi durement lundi au rapport McLaren, parlant « d’une atteinte choquante et sans précédent à l’intégrité du sport et des Jeux Olympiques » de la part des Russes.

M. Bach avait ajouté que le CIO n’hésiterait pas à « prendre les sanctions les plus sévères ». 

Pour une éventuelle exclusion, ce sera donc plus tard. La Russie n’est pas encore le premier pays exclu des JO depuis l’Afghanistan des talibans, en 2000 à Sydney, ou l’Afrique du Sud de l’apartheid, revenue dans le giron olympique en 1992 après avoir été bannie pendant sept éditions.

A la Une des journaux du monde entier fin juin, pour le comportement de ses hooligans lors du Championnat d’Europe de football en France, la Russie s’était pourtant retrouvée une nouvelle fois dans une situation très inconfortable lundi, avec le rapport McLaren.

« Système de dopage d’Etat » organisé depuis 2011 et jusqu’en 2015, résultats de contrôles antidopage falsifiés, échantillons positifs des JO d’hiver de Sotchi 2014 escamotés par une « trappe à souris » avec l’aide des « magiciens » du FSB, les services secrets russes: ce rapport, commandé par l’Agence mondiale antidopage (AMA), avait décrit par le menu lundi la façon dont la Russie trichait, et ce depuis des années.

Et ce dopage n’avait pas touché que l’athlétisme, sport dans lequel la fédération russe (Araf) est donc d’ores et déjà suspendue des Jeux de Rio, en attendant donc la décision du TAS. Le texte évoquait ainsi trente sports, dont l’haltérophilie, la lutte, le canoë, le cyclisme, le football, et même le curling…

Mais le CIO s’est refusé pour l’instant à utiliser « l’option nucléaire » de l’exclusion, selon les termes utilisés en juin par le Canadien Dick Pound, l’ancien président de l’AMA.

A 17 jours du coup d’envoi des JO cariocas, l’exclusion totale de la Russie était pourtant demandée de tous côtés. 

– ‘Exigences provocatrices antirusses’ –

L’AMA, qui avait commandé son rapport au professeur McLaren, espérait ainsi lundi que le CIO allait frapper fort: « L’AMA appelle le mouvement sportif à empêcher la participation des sportifs russes aux compétitions internationales, y compris les JO de Rio », avait-t-elle insisté.

Cette sanction, demandée notamment par le Comité olympique allemand et plusieurs agences nationales de lutte contre le dopage, était également espérée par des représentants des athlètes, pour qui l’instance internationale joue là sa crédibilité.

Face à ces attaques, la Russie avait réagi dès lundi soir en dénonçant « une ingérence dangereuse » de la politique dans le sport et en évoquant le scénario d’une nouvelle guerre froide, sportive cette fois. « Oui, la forme de cette ingérence a changé, mais le but est le même : faire du sport un instrument de pression géopolitique », avait indiqué le Kremlin dans un communiqué.

Mardi matin encore, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, s’était plaint auprès de son homologue américain John Kerry des « exigences provocatrices et antirusses » de l’Agence américaine antidopage (Usada), qui demandait elle aussi l’exclusion totale de la Russie.

Si guerre froide sportive il y a, la Russie ne l’avait pas encore perdue mardi soir.

Le président du CIO Thomas Bach lors d'une conférence de presse le 21 juin 2016 à Lausanne. © AFP

© AFP/Archives FABRICE COFFRINI
Le président du CIO Thomas Bach lors d’une conférence de presse le 21 juin 2016 à Lausanne

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