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JO-2016 – Russie: le CIO renonce à "l'option nucléaire" et renvoie aux fédérations

Lausanne (AFP) – Le CIO a renoncé à « l’option nucléaire »: il a maintenu dimanche le Comité olympique russe (ROC) et seulement confié aux Fédérations internationales le soin de trier les sportifs russes non contaminés par le « système de dopage d’État » et qui pourraient aller aux Jeux de Rio.

Seuls les athlètes sont pour l’instant éliminés des JO cariocas (5-21 août), après la confirmation par le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne (Suisse), jeudi, du droit de la Fédération international d’athlétisme (IAAF) à suspendre collectivement l’athlétisme russe.

« Cela ne plaira sans doute pas à tout le monde », a reconnu le président du CIO Thomas Bach dans une conférence de presse par téléphone, dimanche après-midi, en regrettant qu’un journal comme le Times britannique ait par exemple « lancé une campagne » pour l’exclusion de la Russie.

« Il s’agit simplement de rendre justice aux athlètes », a insisté M. Bach, en refusant de répondre à la question de savoir s’il avait fait preuve de « faiblesse » face à la Russie.

La Russie s’est montrée « reconnaissante » de la décision « objective » du CIO, voulant croire qu’une « majorité » des sportifs russes sélectionnés par le ROC (387) iront à Rio, a assuré le ministre russe des Sports Vitali Moutko.

– Stepanova privée de Rio –

L’instance olympique n’a donc pas utilisé « l’option nucléaire », pour reprendre les termes de Dick Pound, le fondateur de l’Agence mondiale antidopage (AMA). Elle a été à l’origine de la disgrâce de l’empire sportif russe avec ses deux rapports successifs, dont la fameuse enquête de Richard McLaren qui a dévoilé lundi les rouages du dopage russe, sous la direction du ministère des Sports et avec l’aide « active » des services secrets du Kremlin.

Cette semaine encore, M. Pound avait pressenti cette non sanction du CIO, ayant « l’impression (…) que le CIO est (…) très réticent à envisager une exclusion totale des Russes ».

Le CIO n’a donc pas pris pour la Russie la mesure qu’il avait su prendre à l’automne 2015 en suspendant le Comité olympique koweïtien, pour « ingérence gouvernementale indue ».

Par le passé, le CIO avait exclu l’Afghanistan des Talibans des JO de Sydney en 2000, et l’Afrique du Sud de l’apartheid durant sept Jeux successifs, de 1964 à 1988. Aucune nation jusqu’à présent n’a été sanctionnée pour dopage.

Après la publication du rapport McLaren, Thomas Bach avait pourtant évoqué « une atteinte choquante et sans précédent à l’intégrité des sports et des JO ».

Et les pressions pour une exclusion de la Russie étaient nombreuses. « Toute autre décision » ne serait « pas raisonnable » avaient averti 14 agences antidopage mondiales, dont celles des États-Unis, d’Allemagne, du Japon ou du Canada. L’AMA avait jugé indispensable d' »empêcher la participation des sportifs russes aux compétitions internationales, y compris les JO de Rio, tant que (la Russie) n’aura pas réalisé un +changement de culture+ ».

Si sanction il y a eu de la part du CIO, elle a visé Yuliya Stepanova, la lanceuse d’alerte à l’origine des révélations sur le dopage russe dans un documentaire de la chaîne de télévision allemande ARD en décembre 2014. « Malgré sa contribution à la protection des athlètes propres », précise le communiqué du CIO dimanche, cette spécialiste du 800 m ne sera pas autorisée à courir à Rio car elle a été sanctionnée pour dopage dans le passé.

En confiant aux Fédérations internationales le soin de trier parmi les sportifs russes, le CIO a en effet indiqué plusieurs critères stricts qu’elles devront respecter. Et notamment celui de ne retenir aucun athlète ayant été condamné pour dopage dans le passé, quand bien même il aurait déjà purgé sa peine.

Cet argument devrait susciter de nombreuses critiques en Russie et ailleurs: Justin Gatlin, sprinteur américain, est en lice pour le titre olympique sur 100 m à Rio après avoir été deux fois suspendu pour dopage, pendant cinq ans au total.

– Combien de Russes à Rio? –

Pour sélectionner les sportifs réellement +propres+, les Fédérations internationales devront également « étudier avec soin » le CV antidopage des candidats en s’assurant qu’ils ont tous subi des « contrôles crédibles », et donc faits ailleurs qu’en Russie, a précisé le communiqué du CIO.

Combien donc seront les sportifs russes au Brésil? Une certitude: il y aura Darya Klishina, la seule athlète repêchée par la Fédération internationale de l’athlétisme (IAAF).

Mais qu’en sera-t-il des volleyeurs, champions olympiques à Londres en 2012, des lutteurs, revenus d’Angleterre avec 11 médailles, ou d’Aliya Mustafina, la gymnaste en or olympique aux barres asymétriques? Les autres Fédérations seront elles aussi strictes que l’IAAF? 

Mercredi, le Comité olympique russe avait couché 387 noms au total sur sa liste pour Rio. Ils ne sont déjà plus que 320 avec l’exclusion définitive de 67 des 68 athlètes engagés.

Certaines Fédérations ne semblaient pas pressées de prendre des sanctions. « Nous espérons qu’en autorisant la participation des sportifs russes, un message positif sera envoyé à la jeunesse qui mérite qu’on lui donne des preuves d’amitié, et non d’une Guerre froide », avait plaidé jeudi soir l’Autrichien Marius Vizer, le président du judo mondial.

Si elles refusaient de jouer le jeu, le dernier mot resterait cependant au CIO. La règle 44 de la charte olympique lui donne le droit d’accepter ou non l’inscription de chaque sportif.

Le casse-tête semble insoluble, à 12 jours du coup d’envoi des JO. Car il faudra aussi compter avec les inévitables recours des athlètes russes recalés, devant le TAS.

Auprès de l’AFP cette semaine, le président de la Fédération internationale d’aviron, le Français Jean-Christophe Rolland, craignait ainsi que certains sportifs russes soient finalement déclarés inéligibles… « après les jeux de Rio ».

Le président de commission exécutive du CIO, Thomas Bach, lors d'une conférence de presse le 21 juin 2016 à Lausanne. © AFP

© AFP FABRICE COFFRINI
Le président de commission exécutive du CIO, Thomas Bach, lors d’une conférence de presse le 21 juin 2016 à Lausanne

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