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Journée explosive à l’assemblée

© Nicolas Perez

La journée de jeudi à l’assemblée a été marquée par la mobilisation de l’intersyndicale et des grévistes à Tarahoi, par l’envahissement de l’hémicycle et par les discussions tardives parfois houleuses entre les syndicats et le gouvernement et sa majorité Tapura. Récit d’une journée qui va évidemment marquer la campagne des territoriales.

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Après leur marche de la matinée, les 4 000 manifestants se sont installés jeudi midi à Tarahoi pendant que les élus ont débuté leur séance sans examiner immédiatement le projet de réforme des retraites du gouvernement. A midi, le président Edouard Fritch a pris la parole pour annoncer en séance « trois propositions » à l’adresse directe de l’intersyndicale. Deux étaient déjà connues : le « vœu » pour la cotisation des élus à la Caisse de prévoyance sociale (CPS) pour leurs retraites et l’amendement de la majorité pour revenir sur les départs à la retraite pour travaux pénibles. La troisième proposition était la surprise du jour. Edouard Fritch a annoncé qu’il reculait sur l’âge légal de départ à la retraite, en le maintenant à 60 ans. Charge au comité d’orientation et de suivi des retraites de proposer des modifications ultérieures.

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Des propositions qui n’ont pas satisfait les manifestants qui ont investi en nombre le hall de l’assemblée pour clamer leur demande de retrait du texte. Les esprits se sont échauffés et la séance a été suspendue dans une agitation assez maîtrisée. Un rendez-vous a alors été donné à l’intersyndicale pour rencontrer les deux présidents du Pays et de l’assemblée à 13h30.

Mais à l’heure dite, ce sont le ministre de la Santé et le directeur de l’Agence de régulation sanitaire et sociale (Arass), Jacques Raynal et Pierre Frébault, qui se sont présentés aux syndicalistes. L’intersyndicale a alors claqué la porte et pris la direction de l’hémicycle fermé à clé où se trouvait le président du Pays, le reste du gouvernement et les représentants. La scène la plus forte de la journée s’est alors mise en place vers 15 heures. Les grévistes ont fait le forcing sur l’une des portes de l’hémicycle pour entrer en séance. Les portes ont été retenues quelques minutes par les policiers de la DSP à l’extérieur et les vigiles de l’assemblée à l’intérieur.

Sous la pression des manifestants, les portes ont volé en éclat et une centaine de manifestants a pénétré à l’intérieur de l’hémicycle. Une vingtaines de « ninjas » de la DSP s’est alors placée entre les manifestants et les élus qui ont quitté leurs fauteuils abasourdis.

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Devant la situation très tendue, le président du Pays, Edouard Fritch, celui de l’assemblée, Marcel Tuihani, trois représentants des groupes à l’assemblée et le leader du Tavini sont entrés en discussion avec les leaders de l’intersyndicale. Un statu quo s’est ensuite installé. Les élus sont restés dans la salle devant des manifestants qui invectivaient la majorité et le gouvernement, demandant le retrait du texte.

Vers 17h30, la réunion a pris fin. Le gouvernement et sa majorité sont partis à la présidence réunir un comité de majorité pour établir une position commune. Et l’intersyndicale s’est installée dans l’assemblée pour attendre leur réponse, comme l’explique Angelo Frébault de la CSTP-FO.

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A 20h45, le gouvernement et sa majorité ont tenu une conférence de presse à la présidence. Edouard Fritch a rappelé ses « concessions » du jour envers l’intersyndicale et jugé « inadmissible » les évènements de l’après-midi à l’assemblée. Son vice-président, Teva Rohfristch, a été plus virulent à l’égard des manifestants, estimant que les élus avaient été « séquestrés » et qualifiant les méthodes employées de quasi « terroristes ». Sans affirmer qu’il maintenait ou retirait son texte, Edouard Fritch a renvoyé le président de l’assemblée à ses « responsabilités », indiquant que les élus ne pouvaient reprendre les débats avant le retour de davantage de sérénité à Tarahoi.

A l’assemblée, l’intersyndicale a bondi après avoir entendu les déclarations du président et de son vice-président. Décidant immédiatement de marcher sur la présidence.

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Près de 400 manifestants se sont alors rassemblés à 22 heures devant les grilles de la présidence, avenue Pouvanaa. Une délégation de douze leaders syndicaux a alors été reçue par la sénatrice et représentante Lana Tetuanui, le vice-président de l’assemblée, René Temeharo, et le ministre de la Culture, Heremoana Maamaatuaiahutapu. Au bout de deux heures de réunion, les leaders syndicaux sont ressortis plutôt satisfaits de leur réunion. Ils ont affirmé avoir été entendus par leurs interlocuteur et avoir obtenu un rendez-vous pour vendredi matin à 10 heures pour « signer un accord ».

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Selon les syndicats, les représentants de la majorité ont donné des « garanties sérieuses » permettant d’envisager un retrait du projet de réforme des retraites dès vendredi matin. D’ici là, la grève a été maintenue. Toujours selon les syndicats, elle sera levée dès le retrait du texte vendredi matin.

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4 Commentaires

  1. Chaval
    9 mars 2018 à 5h53 — Répondre

    Il est inadmissible de voir de tels comportements de quelques agités vraisemblablement alcoolisés, c’est vraiment honteux et les représentants syndicaux auraient du tout de suite intervenir pour refouler ces sans cervelles. Normalement toute manifestation qui se veut pacifique doit tout de même être encadrée par un service d’ordre émanant de l’intersyndicale, ce qui ne semble avoir été le cas. Défoncer la porte de l’hémicycle voilà qui démontre une irresponsabilité et un degré d’inconscience au plus haut point des responsables. Ne peut-on discuter et se réunir en personne sensée autour d’une table sans que les esprits s’échauffent ? Il semble d’après les déclarations de certains responsables que le gouvernement doit se plier à leurs demandes sous peine de durcissement du mouvement. Prendre la population en otage, l’économie, la libre circulation, le tourisme même, pour faire passer leurs exigences, est-ce faire preuve de respect envers la population ? Est-ce la bonne méthode ? Non, bien sur et certains profitent de ces moments de tensions pour mettre de l’huile sur le feu. Mr Frébault hier soir à la télé, certainement victime d’un « coup de soleil »l, de menacer et d’exiger une réponse dans les deux heures, quelle classe.
    A l’heure où je m’exprime je ne connais pas encore le résultat des entrevues d’hier au soir mais j’espère de tout coeur que la raison a prévalu. De toute façon que feras-t-on dans deux ans quand le problème se présentera à nouveau, car il ne faut pas se leurrer il faudra bien que des dispositions soient prises pour assurer les retraites…de ceux qui ne veulent pas faire un an ou deux de trop. C’est l’affaire de tous, gouvernement, patrons, employés, pour bénéficier d’une retraite il faut cotiser et deux ans de plus ne vont jamais tuer personne, enfin il faut créer des emplois et se bouger un peu au lieu de tendre la main.

  2. Sanford Alexis
    9 mars 2018 à 6h50 — Répondre

    Cela ne m’etonne pas j’ai quitté l’assemblé les mecs n’arretaient pas de boire. Je me suis dit ça va partir en live

  3. MATA
    9 mars 2018 à 8h10 — Répondre

    L’intrusion forcée et la rage qui animaient les manifestants relève t-elle vraiment du projet de réforme des retraites ou d’un malaise social qui ne cesse de grandir? Une démonstration de force qui prouve à ces élus que le peuple n’est pas si ignorant qu’ils le croient…manipulé je sais pas?. Ce vice président qui parle de séquestration et de démocratie bafouée c’est assez ironique lorsque l’on a soi-même été au coeur de l’instabilité politique qui a conduit la polynésie à cet état de crise. Ces alliances politiques contre nature n’ont-elles pas bafouées le principe de démocratie? Par démocratie et autonomie doit-on comprendre que les bons penseurs de l’APF doivent au gré de leurs envies et de leurs intérêts changer de convictions et bafouer l’intérêt général? Nous sommes dans une ère ou l’exemplarité est devenue une nécessité voir une obligation et un gouvernement ou une assemblée composé de condamnés ça ne rend qu’une image négative et incitent nos enfants à se dédouaner de toutes responsabilités sociales dans leurs actions. Cette réforme est nécessaire mais aurait du être réfléchie et amorcée lorsque l’a Polynésie croulait sous l’argent qui en a profité qu’à une infime partie de la population. STOP CORRUPTION = CREDIBILITE et RESPECT.

  4. simone grand
    9 mars 2018 à 8h31 — Répondre

    C’est la dictature d’une poignée de syndicalistes prenant en otage tout un Pays. Nous ne les avons pas élus et s’ils sont en mesure de réunir et mobiliser des gros bras, ils ne représentent pas grand monde.
    Mise à la retraite d’office à 60 ans, j’aurais aimé travailler 2 ans de plus. Et je ne suis certainement pas la seule. ET dans les silencieux, nombreux sont celles et ceux désireux de prolonger d’au moins deux ans. Mais ceux qui aiment travailler ne savent pas faire du barouf comme les casseurs qui coulent l’économie du Pays.

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