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"Jungle" de Calais, en cours de démolition

Calais (AFP) – Les pelleteuses sont entrées en action jeudi matin pour entamer la destruction de la « Jungle » de Calais, où continuent à se presser des migrants candidats au départ vers les centres d’accueil ou bien décidés à passer en Angleterre.

Vers 08H30, la « Jungle » a commencé à être rasée, a constaté un journaliste de l’AFP. Objectif: faire place nette le plus vite possible, pour éviter tout « appel d’air », comme le disait la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio mercredi soir.

Une grosse pelleteuse accompagnée de deux engins d’évacuation a ainsi arraché les abris de la partie ouest du camp, protégée par un cordon de CRS déployé pour empêcher les curieux, des journalistes et une poignée de migrants d’y accéder. Un mineur passant par là a été refoulé: « Je dois prendre mes affaires! Mes affaires! ». Le policier ne le laisse pas passer. Il repart énervé.

Les employés de la société de nettoyage, en combinaison orange fluo, amassent aussi les déchets. Soudain, une cabane prend feu dans la partie nord du camp, à 100 m des travaux. Un camion de bénévoles britanniques arrive en vitesse, ils tentent désespérément de retirer les tentes adjacences pour éviter que le feu ne se propage.  

Peu avant le début du déblaiement, une centaine de migrants, tous mineurs selon eux, se sont massés devant le centre de transit mis en service pour l’évacuation totale de la « Jungle » mais qui est désormais fermé, a constaté une journaliste de l’AFP.

A l’extérieur du centre de transit, certains ont dormi par grand froid, comme Abdelhadi, Afghan de 16 ans: « J’ai dormi ici, pas dans la +Jungle+, c’est trop dangereux. Et la +Jungle+, c’est fini ». S’ils ont pris cette décision, c’est aussi « parce qu’il n’y a pas de place » dans les conteneurs chauffés du Centre d’accueil provisoire (CAP), dans la « Jungle », réservé désormais aux mineurs. Il contient 1.500 places mais affiche complet depuis mercredi et devant son entrée principale des dizaines de duvets, couvertures et doudounes sont entreposées sur une petite butte: une quarantaine de mineurs ont dormi là…

– Ville fantôme –

Vers 09H00, les CRS ont refoulé cette foule de jeunes des abords du hangar d’où sont partis 5.600 migrants entre lundi et mercredi soir. Après avoir été maintenus à distance sous un pont tout proche, les mineurs se sont éparpillés sur le terrain de la « Jungle », en profitant de la levée du barrage des policiers, a constaté une journaliste de l’AFP. 

Quelques cars passent encore derrière ce hangar. 

« On a prévu ces cars pour les gens qu’on pourra trouver sur le camp de la Lande (nom officiel de la « Jungle », ndlr). C’est la dernière proposition », explique le sous-préfet de Calais Vincent Berton venu assister aux opérations avec la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio, qui a annoncé mercredi « la fin » de la « Jungle », où vivaient encore entre 6.400 et 8.100 personnes la semaine dernière, principalement venues d’Afghanistan, du Soudan et d’Erythrée.  

« Dix bus sont en réserve », a précisé a l’AFP Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii). Selon lui, deux autocars transportant des mineurs doivent également partir ce matin depuis le CAP vers des Centre d’accueil et d’orientation (CAO) pour mineurs, un pour l’Occitanie, l’autre pour la Bretagne. Mercredi soir, un premier est parti pour la Meurthe-et-Moselle. De toute évidence, l’Etat veut vider au plus vide le CAP.

La « Jungle » elle-même était quasiment déserte, une sorte de ville fantôme seulement arpentée par quelques mineurs, jonchée de débris et de carcasses d’objets divers après les incendies de mercredi. Quelques migrants ont portant dormi là, comme cet Afghan, dans sa caravane: « Je veux aller en Angleterre, je n’ai pas peur de la police », lance-t-il, bravache.

Des pelleteuses sont entrées en action le 27 octobre 2016 pour détruire les baraquements de la "Jungle" de Calais. © AFP

© AFP PHILIPPE HUGUEN
Des pelleteuses sont entrées en action le 27 octobre 2016 pour détruire les baraquements de la « Jungle » de Calais

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