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"Jungle" de Calais: toutes les échoppes pourraient fermer

Lille (AFP) – Toutes les échoppes tenues par des migrants qui ont fleuri dans la « Jungle » de Calais pourraient être obligées de fermer définitivement dans les jours à venir à la demande de la préfecture du Pas-de-Calais, toujours décidée à ne pas laisser perdurer ce camp sauvage malgré l’hostilité d’associations.

« Nous demandons, parce que nous sommes gérants du domaine public, au tribunal administratif d’ordonner l’expulsion et la remise en état de 72 lieux de ventes illégaux dans la zone nord » du camp de migrants de Calais, a affirmé Étienne Desplanques, directeur de cabinet de la préfète du Pas-de-Calais Fabienne Buccio, présent à l’audience mercredi matin au tribunal administratif de Lille.  

Saisi en référé, le juge rendra sa décision vendredi.

Cette procédure « s’inscrit dans la continuité de l’opération de police judiciaire menée au mois de juillet », a expliqué M. Desplanques.

Entre le 18 et le 21 juillet, tous les commerces informels de la « Jungle » avaient été contrôlés par les autorités et 18 personnes avaient été placées en garde à vue, soupçonnées de « vente à la sauvette ». « 42 procédures judiciaires avaient été réalisées avec saisie et destruction de plus de 30 m3 de marchandises diverses, dont 19 kg de produits avariés », avait précisé la préfecture.

Elle appuie sa volonté de détruire les commerces de la « Jungle » de Calais en poursuivant leurs gérants pour « occupation indue du domaine public dans le but de pratiquer une activité illégale », en l’occurrence de la « vente à la sauvette », a indiqué à l’AFP le procureur de Boulogne-sur-Mer, juridiction dont dépend Calais, Pascal Marconville.

Ainsi, « une quinzaine de personnes » sont poursuivies en correctionnelle pour « vente à la sauvette », délit passible de six mois d’emprisonnement, et devront se présenter devant le tribunal de Boulogne le 4 octobre.

« On constate une multiplication des lieux de vente et des règlements de compte entre gérants. Tout ceci n’est pas acceptable, c’est un camp humanitaire, ça doit rester un camp humanitaire, il n’y a pas de place pour faire du profit », a ajouté le directeur de cabinet de la préfète. 

– « Une opération symbolique » –

Quant à savoir s’il s’agit de la première étape d’un futur démantèlement, pour M. Desplanques la réponse est « non ». « La question des lieux de ventes illégaux est complètement distincte, ça n’a rien à voir », a-t-il insisté, même si « la question de l’avenir de la zone nord » se « pose toujours ». Les autorités ont toujours affirmé que ce camp dit « de la lande » n’avait pas vocation à durer. La zone sud du camp avait été entièrement déblayée en février dernier.

Mais, pour François Guennoc, de L’auberge des Migrants, la volonté d’éradiquer les commerces est une « opération symbolique maladroite et dangereuse » qui « vise à satisfaire les autorités portuaires et la mairie de Calais qui demandent à grands cris le démantèlement » de la « Jungle ». 

Selon ce responsable, le gouvernement « tente de montrer ainsi qu’il contrôle la situation ». Mais il « n’a pas les moyens de détruire le camp, car il y a trop de monde et pas assez de places en CAO », ces Centres d’accueil et d’orientation que l’État a ouvert un peu partout en France pour accueillir les réfugiés de Calais.

François Guennoc reconnaît que « les conditions sanitaires et sécuritaires de ces restaurants ne sont pas adéquates », mais assure que leur fermeture va aggraver les tensions dans le camp où vivaient environ 4.500 réfugiés au mois de juin, selon la préfecture. Des associations avancent le chiffre de 7.000.

L’Auberge des migrants relève déjà un allongement des files d’attente lors de la distribution des repas par les associations. Cette attente, qui dure parfois plusieurs heures selon les associations, « peut déboucher sur des rixes », comme il s’en est produit plusieurs ces dernières semaines. 

Pendant ce temps, la population du camp de Grande-Synthe, à une trentaine de kilomètres plus à l’est, diminue lentement. « Nous avons plus de sorties que de rentrées, donc le camp se réduit petit à petit de lui-même, avec aujourd’hui un peu moins de 800 habitants », a indiqué un proche du maire écologiste Damien Carême.

Un commerce illégal le 3 mars 2016 dans le camp de migrants de la "Jungle" à Calais. © AFP

© AFP/Archives PHILIPPE HUGUEN
Un commerce illégal le 3 mars 2016 dans le camp de migrants de la « Jungle » à Calais

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