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"Jungle": les migrants mineurs quittent massivement Calais

Calais (AFP) – Deux jours après le démantèlement total de la « Jungle », les mineurs encore sur place ont commencé mercredi à quitter Calais pour des destinations éloignées de la côte d’Opale où devraient être examinées leurs demandes de transfert vers la Grande-Bretagne.

A 10H00, onze cars avaient déjà pris la route, depuis les conteneurs blancs du Centre d’accueil provisoire (CAP) où étaient regroupés et hébergés quelque 1.500 mineurs isolés depuis le début, lundi 24 octobre, des opérations d’évacuation du plus grand bidonville de France. La plupart d’entre eux continue pourtant de ne rêver que d’Angleterre.

Le premier véhicule, avec 43 mineurs à bord, a quitté peu avant 08H30 l’enceinte du CAP pour Carcassonne et Bolquère (Pyrénées-Orientales) rapidement suivi d’autres se rendant notamment aux Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouches-du-Rhône) et dans l’Allier.

Quelque 30 bus ont été réservés mercredi pour ces départs à destination de 60 centres d’accueil et d’orientation (CAOMI) dédiés aux mineurs en France, selon la préfecture du Pas-de-Calais. Elle précise que les mineurs ne choisissent pas leur destination mais décident avec qui ils veulent voyager et s’installer.

Ces dernières semaines, 300 mineurs environ avaient pu quitter Calais pour la Grande-Bretagne avec l’accord de fonctionnaires du ministère britannique de l’Intérieur présents au CAP.

Une longue file d’attente composée de dizaines de mineurs s’était formée dans la matinée au sein du CAP, tous attendant de pouvoir monter dans un car, avec deux représentants britanniques pour chacun de ces véhicules. Certains se disaient cependant sceptiques.

« On peut pas dire que je suis vraiment content, parce que je ne sais pas où je vais. Grande-Bretagne? Canada? France? Mais je suis quand même content de quitter la +Jungle+ car, ces derniers jours, il y a eu des problèmes entre les catholiques et les musulmans avec des bagarres », a déclaré Ahmed Soudanais de 17 ans. Une rixe avait mise aux prises une centaine de mineurs érythréens et afghans la veille. 

Présente sur place, Fabienne Buccio, la préfète du Pas-de-Calais, espère pour sa part « faire partir le maximum de jeunes » dans la journée.

Restera ensuite, à partir de jeudi selon elle, à évacuer les 360 à 400 femmes et leurs enfants hébergés au centre d’accueil Jules Ferry, un ancien centre aéré jouxtant l’ex-« Jungle ». Le secteur sera alors totalement désert, alors que s’y entassaient encore mi-octobre 6.400 à 8.100 personnes selon les comptages. D’après les chiffres fournis par le gouvernement, 6.000 personnes ont été depuis « mises à l’abri », soit une majorité dans divers CAO répartis partout en France, et ces 1.500 mineurs du CAP.

– ‘Situation inextricable’ –

Pour les pouvoirs publics, vider rapidement le CAP relève d’un enjeu à la fois symbolique, en parachevant le démantèlement promis de ce vaste bidonville, et pratique, en supprimant un lieu vu comme un point de fixation des migrants, déjà attirés par la proximité de Calais avec les côtes britanniques. 

« Il n’y aura pas de réinstallation sur la lande (…) Plus personne ne pourra la rejoindre », avait martelé François Hollande mardi.

Mercredi midi, le Premier ministre Manuel Valls devait présider à Matignon une réunion consacrée à la situation des mineurs non accompagnés de Calais en présence notamment du Garde des sceaux et des ministres de l’Intérieur et du Logement, mais aussi des représentants des collectivités territoriales.

Les dossiers des mineurs, souhaitant ou non rejoindre la Grande-Bretagne, seront désormais étudiés dans les CAOMI, avec un concours des Britanniques qui instruiront les dossiers dans des délais très courts, et transfèreront les heureux élus dans la foulée, assure-t-on de sources proches de l’opération.

Reste à savoir ce que feront les « recalés » pour l’Angleterre, promis théoriquement à passer dans le giron de l’aide sociale à l’enfance.

Les premiers CAO mineurs ont ouvert la semaine dernière mais, en Meurthe-et-Moselle et Charente-Maritime, « la moitié environ des jeunes se sont déjà évaporés », assure Pierre Henry, directeur général de France terre d’asile. « Ils veulent retourner à Calais », a-t-il soupiré, déplorant « une situation inextricable ».

Des mineurs montent à bord de cars le 2 novembre dans l'ex-Jungle à Calais. © AFP

© AFP PHILIPPE HUGUEN
Des mineurs montent à bord de cars le 2 novembre dans l’ex-Jungle à Calais

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