AFPINTERNATIONAL

"Jungle": nuit d'incendies avant la reprise de l'évacuation

Calais (AFP) – Plusieurs incendies ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi dans la « Jungle » de Calais, après deux jours d’évacuation sans heurts du bidonville, faisant un blessé léger mais sans déclencher de panique. 

Ces incendies sont une « tradition, notamment pour certaines communautés qui mettent le feu à leur habitation au moment de la quitter », a expliqué à l’AFP la préfecture du Pas-de-Calais, précisant avoir mobilisé en prévention de nombreux pompiers. Le même phénomène avait été constaté en mars lors du démantèlement de la zone sud.

Le blessé a été transporté à l’hôpital pour « une blessure aux tympans », a précisé la préfecture.

Dès le début de soirée mardi, plusieurs incendies avaient été allumés au sein du bidonville en cours d’évacuation depuis lundi mais ces derniers se sont « intensifiés entre minuit trente et trois heures du matin, notamment dans la +zone des commerces+ » à l’entrée du camp, a ajouté la préfecture.

Au moins deux bonbonnes de gaz ont alors explosé, obligeant plusieurs personnes du campement à s’éloigner sur la « bande des 100 mètres », une zone franche à l’ouest du camp et en bordure de la rocade portuaire.

Ces incendies ont tous été combattus par les pompiers, accompagnés par des CRS. « Nous avons été caillassés et avons dû intervenir protégés par les forces de police », a expliqué à l’AFP un pompier sur place. 

« Dès 21 heures, des départs de feux malveillants se sont déclarés de part et d’autre de la Lande (le nom officiel du camp, ndlr) mais cela a pris une tournure plus sérieuse en seconde partie de nuit », a déclaré Philippe Mignonnet, adjoint au maire de Calais, présent sur les lieux.

« Nous avons évacué 150 à 200 migrants, notamment des Afghans et des Syriens qui ont été pris en charge par des associatifs et une infirmière présents sur les lieux. Parmi eux nous avons répertorié une quinzaine de mineurs qui ont été mis en sécurité et amenés dans le Centre d’accueil provisoire (CAP) avec ceux hébergés lundi et mardi », a expliqué le commissaire de police de Calais Patrick Visser-Bourdon.

– Combien de récalcitrants? –

Ainsi, vers 03H00, un groupe de plusieurs réfugiés dormait sous le pont des Garennes, à l’ouest du camp, dans des duvets, à même le sol, a constaté un correspondant de l’AFP. « De toute manière, je vais prendre le bus aujourd’hui », a expliqué l’un d’entre-eux, un Erythréen, avant de tenter de se rendormir.

Les associations avaient prévenu que ce genre d’incidents allaient se produire et, redoutant « qu’un drame ne se produise » en raison de la densité des habitations et de la présence de bouteilles de gaz, avaient distribué en amont plusieurs dizaines d’extincteurs à des migrants.

Plusieurs d’entre eux ainsi que des bénévoles associatifs ont d’ailleurs eux-mêmes éteint les feux aux côtés des pompiers.

Les autorités ont commencé mardi la destruction des cabanes et abris de la « Jungle », signe de leur détermination à en finir avec le plus grand bidonville de France, qui a commencé à être évacué lundi.

En deux jours, plus de 4.000 migrants ont été « mis à l’abri » selon le gouvernement: 3.242 majeurs ont quitté le camp en autocar pour rejoindre des Centres d’accueil et d’orientation (CAO) répartis dans toute la France et 772 mineurs ont été relogés dans le Centre d’accueil provisoire (CAP).

Mais il est difficile de savoir combien de migrants sont « récalcitrants » au départ: l’Auberge des migrants avait estimé lundi que 2.000 d’entre eux voulaient quoi qu’il arrive rejoindre l’Angleterre, une « rumeur » totalement infondée selon le ministère de l’Intérieur.

Un abri en feu dans la "Jungle" de Calais, le 25 octobre 2016. © AFP

© AFP François NASCIMBENI
Un abri en feu dans la « Jungle » de Calais, le 25 octobre 2016

Article précedent

Maison Blanche: Trump et Clinton labourent la Floride, Etat-clé

Article suivant

Uruguay: au pays de la viande, un caviar au goût presque sauvage

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

"Jungle": nuit d'incendies avant la reprise de l'évacuation