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Jusqu’à 120 tests par jour : le Pays annonce un « dépistage massif » du coronavirus

La directrice de la Santé Laurence Bonnac-Théron a annoncé ce mardi, depuis la cellule de crise sanitaire du Pays, le lancement d’une campagne de « dépistage massif » au fenua, notamment à Tahiti et Moorea. Il ne s’agit pas de tester toute la population, a toutefois précisé la responsable, mais toutes les personnes présentant des symptômes ou ayant une profession à risque. L’effort de dépistage pourrait atteindre les 120 prélèvements quotidiens, contre quelques dizaines ces dernières semaines. De quoi avoir une « cartographie plus fine » de l’épidémie avant de prendre des décisions sur la sortie de crise.

En matière de dépistage, le Pays est contraint, depuis le début de la crise, par les disponibilités de matériel. D’après la directrice de la santé, la livraison effectuée par le vol de continuité territorial Paris – Tahiti, atterri samedi soir à Faa’a, permettrait d’élargir la politique en la matière. Laurence Bonnac-Théron parle même d’une campagne de « dépistage massif » lancée dès demain.

Pas de tests systématiques

Le terme de « dépistage massif » peut recouper plusieurs réalités. Il a beaucoup servi, lors de l’explosion de l’épidémie au niveau mondial, à qualifier les politiques mises en place dans certains pays – la Corée du Sud, Singapour, ou, dans une moindre mesure, l’Allemagne – qui ont eu, très tôt, les moyens de dépister largement leur population pour détecter les malades du coronavirus. Une stratégie qui, quand elle est possible, a été encouragée par l’Organisation mondiale de la santé : « Nous avons un message simple à tous les pays : testez, testez, testez les gens ! » avait ainsi interpellé son directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus à la mi-mars. L’expression a aussi été utilisée, plus récemment en France à propos du plan de dépistage du gouvernement français pour accompagner le déconfinement. Aucun de ces pays n’a cependant fait passer de tests systématiques à sa population. Cela ne sera pas non plus le cas en Polynésie.

Jusqu’à présent seuls les « cas contacts » – qui ont été en rapport direct avec un cas confirmé – étaient testées au fenua. Laurence Bonnac-Théron explique que ce seront désormais « toutes les personnes présentant des symptômes » pouvant indiquer une contamination au Covid-19, ainsi que les professionnels en contact direct avec la maladie (soignants, pompiers, personnel navigants…).

Au drive de l’Institut Malardé ou par les équipes de terrain de la direction de la Santé

Le Pays va « demander la participation des médecins libéraux et des cliniques et hôpitaux » pour organiser ce dépistage. Ils signaleront les cas suspects et établiront les prescriptions médicales, obligatoires pour être testés. Mais ce sera bien l’Institut Malardé, « laboratoire de référence de la Direction de la santé » qui fera les analyses. L’ILM a mis en place depuis plusieurs jours un « drive », à Paofai, qui permet aux personnes désignées d’effectuer leur prélèvement sans sortir de voiture. Des équipes de la direction de la santé devraient aussi effectuer des prélèvements sur le terrain, notamment « dans les quartiers les plus éloignées« . « Nous ferons un premier point à la fin de la semaine sur le nombre de dépistage menés et leurs résultat » a annoncé la directrice de la Santé. Objectif de ce « dépistage massif » : « permettre d’avoir une cartographie plus fine sur la présence du virus » au fenua.

120 tests par jours pendant 10 jours, un maximum

Laurence Bonnac-Théron n’a pas indiqué clairement quelle étaient la réserve actuelle de tests  en Polynésie. À l’entendre, les capacités de dépistage dépendent non seulement de la disponibilité du matériel de prélèvement (et notamment des « écouvillons »  ces longues tiges faites pour prélever des cellules au fond du nez ou de la bouche) et des produits d’analyses (qui permettent de détecter la présence de fragment génétiques du Covid-19), mais aussi les capacités humaines et techniques des laboratoires. Ces différents facteurs pris en compte, le « dépistage massif pourrait atteindre les 120 tests par jour pendant 10 jours », assure la responsable qui « ne prend pas en compte » les capacités d’analyses du laboratoire du CHPF concentré sur les éventuels cas graves.

Depuis la détection du premier cas au fenua, le 10 mars, en moyenne une vingtaine de tests par jours ont été pratiqués. Le rythme de dépistage a atteint en moyenne 40 par jours depuis le lundi 6 avril.

En attendant les tests sérologiques rapides

La directrice de la Santé n’a pas non plus précisé si l’avion d’ATN arrivé samedi avaient effectivement livré les « 2 000 kits de dépistage » annoncées par le Haut-commissariat. D’après nos confrères de Tahiti-Infos, seule une partie de cette commande a effectivement été acheminée. Seule certitude : le Pays est toujours à la recherche de matériel de dépistage. De nouvelles livraisons pourrait avoir lieu lors de futures rotations de continuité territoriale (un avion décollera de Faa’a vendredi vers Paris) ou à l’aide d’un second vol cargo vers la Chine. Laurence Bonnac-Théron indique en outre que la Polynésie reste « très attentive » aux évolutions scientifiques en matière de dépistage. Beaucoup d’espoirs sont placés sur des tests sérologiques rapides, en développement partout dans le monde.

 

 

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2 Commentaires

  1. tam
    15 avril 2020 à 9h12 — Répondre

    Enfin!! il était temps…

Répondre à tam Annuler la réponse.

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