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Justice : le bruit à la barre  

©PB/Radio1

Le quotidien d’un tribunal n’est pas fait que d’affaires de stupéfiants, de violences ou d’atteintes sexuelles. De temps à autres il a à juger ce qu’on pourrait qualifier de petites affaires, mais qui ont de grandes conséquences sur la vie de tous les jours. Ce jeudi, c’était le bruit qui était sur le banc des accusés.

Sur une dizaine d’affaires qui étaient portées au rôle du tribunal de police, plus de la moitié avait comme seul accusé le bruit. Que ce soit la musique boum boum ou les aboiements de chiens, toutes ont pour point commun de pourrir la vie d’un voisinage et parfois de dégénérer en voie de faits.

Ce jeudi, l’une des premières affaires à être entendues au tribunal de police concernait des loulous de Poméranie. Chiens qui à l’image de certaines personnes de petite taille, compensent leur manque d’envergure par une certaine propension à l’ouvrir.

C’était de cela que venait se plaindre un couple de personnes âgées dont le proche voisin, un membre de la famille, s’adonnait à l’élevage de ces chiens.  Les loulous sont certes petits, mais possèdent un organe vocal qui suscite l’irrépressible envie de les envoyer ad patres. Fort heureusement, pour cette race canine, tout le monde n’a pas le sang chaud et ces affaires peuvent se régler à l’amiable ou devant les tribunaux.

De 2012 à 2016, l’homme avait en sa possession huit loulous, qui avaient la fâcheuse manie d’aboyer pour un rien, et de préférence la nuit. Malgré de nombreuses interventions des mutoi qui relevaient « des aboiements stridents », rien n’y faisait. Leur maître persistait à ne pas régler la situation, à part réduire quelque peu le nombre de ses pensionnaires. De guerre lasse, le couple a porté l’affaire devant le tribunal, assurant qu’ils avaient besoin de calme, certificats médicaux à l’appui.

Leur avocat a demandé une somme de 300 000 Fcfp de dommages-intérêts et ajouté, « éventuellement la confiscation des objets incriminés, ce qui ferait jurisprudence. » Ce à quoi le juge, sourire aux lèvres, a abondé dans son sens, « On confisque bien les voitures, pourquoi pas les animaux ». L’homme a été condamné à 40 000 Fcfp d’amende et 300 000 Fcfp au titre de préjudice moral.

 « Quand il met sa musique, il y a tout qui vibre à la maison »

Une autre affaire mettait en cause cette fois un mélomane soucieux de faire partager ses goûts musicaux à tout le voisinage. Goûts musicaux que son voisin, un colosse qui est aussi son cousin, ne partage pas. « Quand il met sa musique, il y a tout qui vibre à la maison, du sol au plafond. Et quand il n’est pas chez lui, c’est dans sa voiture qu’il met la musique à fond. J’aime bien la musique mais à un niveau sonore convenable.»

À voir la carrure du bonhomme et celle du mélomane taillé comme un copeau d’allumette, on se dit que le plaignant a des arguments qui pourraient faire baisser le son à n’importe qui. Mais non. Visiblement  le mis en cause ne connaît pas la maxime, « Quand un gars de 120 kilos dit quelque chose, celui de 60 l’écoute ».

Quand le juge lui fait remarquer qu’il a déjà été condamné pour son niveau sonore d’écoute, le récalcitrant indique qu’il a revendu son matériel. « Vous dites tous cela, réplique le juge, de peur que l’on vous confisque le matériel. »

Tamatea Tuheiava, commandant de police à la DSP, qui pour l’occasion endossait le rôle de procureur, lui a de son coté conseillé « mettez votre casque, bousillez-vous les oreilles si vous voulez, mais laissez votre voisin en paix. ». Le mélomane a été condamné à une amende de 30 000 Fcfp, confiscation du matériel et 50 000 Fcfp de préjudice à son cousin.

D’autres affaires du même acabit se sont ensuite succédé à la barre, dont l’une où une pétition signée par tout un quartier a été faite à l’encontre d’une femme et de son neveu. Ceux-ci avaient pour véritable passion la bringue qu’ils pratiquaient en semaine et le week-end, et lorsque des voisins venaient les voir, ils étaient reçus par des flots d’injures et parfois des jets de pierre. Comme quoi, la musique n’adoucit pas toujours les mœurs. Ils ont été condamnés à 30 000 Fcfp d’amende, confiscation du matériel et 50 000 fcp de dommages-intérêts.

Tamatea Tuheiava ne s’est pas trompé en qualifiant ce type de comportement  de « véritable fléau », mais heureusement, de plus en plus de plaintes sont déposées et la confiscation du matériel incriminé fait réfléchir les bringueurs.

Si sur la zone urbaine, on note une baisse de tels comportements grâce aux nombreuses interventions de la DSP et de la police municipale, reste que dans les districts ou dans les fonds de vallée, certains bruits courent encore.

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4 Commentaires

  1. Teaito
    11 octobre 2019 à 8h55 — Répondre

    Bravo la justice ! Véritable fléau à exterminer…Et puisse ces gens prennent conscience de leurs erreurs !!!

  2. patu
    11 octobre 2019 à 13h30 — Répondre

    La justice est trop laxiste. Les memes personnes recommencent et les gens ont en marre de porter plainte et ça ne finit jamaisn Quand ils ont l’occasion de faire mal les juges donnent 30 000 balles d’amende, des cachuetes a cote de ce que ça prpvoque chez les gens. Du foutage de gueule.

  3. Microstring
    9 décembre 2019 à 10h34 — Répondre

    Un vrai désastre le bruit dans ce pays. Voyez la vallée de Tipaerui où le maire autorise l’implantation d’entreprises industrielles génératrices de bruits bien plus fort que les sonos. Heureusement les élections municipales prochaines permettront d’élire un maire, qui je l’espère, tiendra compte du bien-être de ses administrés…

  4. Bresson
    30 décembre 2019 à 22h10 — Répondre

    Si les services de police et de gendarmerie appliquaient la loi, la justice n’aurait à s’occuper de telles affaires. Normalement, au premier appel aux services de police, c’est un avertissement, au second c’est une amende de 8.000 Fcfp, au troisième ça devient un délit avec un amende de plus de 50.000 Fcfp, et en cas de récidive, c’est la saisie du matériel.

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