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La coalition militaire arabe admet une bavure après le carnage de Sanaa

Ryad (AFP) – La coalition arabe intervenant au Yémen a reconnu samedi avoir tué par erreur il y a une semaine 140 personnes qui assistaient à une cérémonie funéraire à Sanaa, un carnage qui avait déclenché un tollé international.

Après cette bavure, la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite a promis de revoir ses règles d’engagement dans la guerre qu’elle mène contre les rebelles chiites Houthis qui contrôlent la capitale yéménite et une bonne partie de ce pays de la Péninsule arabique. 

Ryad et ses alliés, qui soutiennent le président du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi, ont déjà été accusés dans le passé d’avoir bombardé des objectifs civils.

Les frappes aériennes du 8 octobre avaient ciblé une grande salle de Sanaa, contrôlée par les Houthis, où était organisée une cérémonie funéraire pour le père d’un haut responsable. Il a fait au moins 140 morts et 525 blessés selon l’ONU.

Après avoir nié son implication dans un premier temps, la coalition arabe avait lancé une enquête puis a admis samedi avoir fauté et causé des pertes civiles.

« En raison du non respect des règles d’engagement et des procédures de la coalition ainsi que d’une information erronée, un avion de la coalition a visé de manière erronée cet endroit entraînant la mort et les blessures de civils », a souligné l’équipe chargée de l’enquête.

Elle recommande en conséquence de sanctionner les personnes responsables de cette bavure, de dédommager les victimes des raids et de revoir les « règles d’engagement » des opérations militaires au Yémen.

Ces frappes avaient conduit les Etats-Unis, allié de l’Arabie saoudite, à annoncer un réexamen de leur soutien à la coalition arabe au Yémen, où la guerre a fait 6.885 morts depuis mars 2015, presque pour moitié des civils, selon l’ONU.

L’organisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch avait estimé qu’ils s’apparentaient à un « crime de guerre » et souligné qu’ils étaient « disproportionnés » en raison de « la présence évidente de civils » à la cérémonie visée.

Les enquêteurs de la coalition ont indiqué que ces raids avaient été lancés sur la base d’informations « erronées » fournies par l’armée du président Hadi et faisant état de la présence à la cérémonie d’un « grand nombre de responsables militaires des Houthis ».

– Evacuation de blessés –

Au moment même où la coalition publiait les résultats de son enquête, une première évacuation de personnes blessées dans le bombardement était organisée à Sanaa vers Oman.

Le sultanat d’Oman est le seul pays arabe du Golfe à ne pas participer à la coalition anti-rebelles au Yémen et garde de bons contacts avec ces derniers ainsi qu’avec les autorités du président Hadi.

Un groupe de 115 blessés ont été embarqués à bord d’un avion de l’armée de l’air omanaise, a constaté un photographe de l’AFP.

« Il s’agit du premier groupe (…) appelé à être évacué pour des soins à l’étranger », a déclaré à la presse le vice-ministre de la Santé des autorités rebelles yéménites, Nasser Awjali.

Il n’a pas précisé quand seraient évacués de nouveaux blessés.

Mardi, le roi Salmane d’Arabie saoudite avait autorisé l’évacuation des blessés graves parmi les victimes du bombardement.

Plus de 300 personnes sont dans un état grave et nécessitent des soins à l’étranger, avait indiqué dimanche Tamim al-Chami, porte-parole des autorités sanitaires des rebelles.

L’avion omanais qui évacuera les blessés a ramené, en atterrissant à Sanaa, les membres de la délégation rebelle aux négociations de paix qui se sont terminées à Koweït le 6 août sans succès et qui étaient bloqués depuis à Mascate en raison de l’embargo aérien imposé par la coalition arabe.

Après le carnage de Sanaa, le Royaume-Uni a annoncé son intention de présenter, dans les prochains jours, un projet de résolution au Conseil de sécurité de l’ONU réclamant un cessez-le-feu immédiat au Yémen.

« Nous avons décidé de présenter un projet de résolution au Conseil de sécurité sur le Yémen, appelant à la fin immédiate des hostilités et à une reprise du processus politique », a indiqué vendredi Matthew Rycroft, ambassadeur britannique auprès des Nations unies.

Des équipes de secours recherchent des victimes après le bombardement meurtrier d'une cérémonie funéraire, le 8 octobre 2016 à Sanaa. © AFP

© AFP/Archives MOHAMMED HUWAIS
Des équipes de secours recherchent des victimes après le bombardement meurtrier d’une cérémonie funéraire, le 8 octobre 2016 à Sanaa

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