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La Colombie signe un accord de paix renégocié avec les Farc

Bogota (AFP) – La Colombie a signé jeudi avec les Farc un accord de paix visant à clore plus d’un demi-siècle de guerre, révisé après l’échec du référendum d’octobre, mais qui devrait être ratifié par le Congrès n’en déplaise à l’opposition.

Le président Juan Manuel Santos et le chef de la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), Rodrigo Londoño, ont signé la paix sous les applaudissements, avec des « boligraphes », stylos fabriqués à partir de balles du conflit.

« La paix va nous rendre l’espérance, la foi en l’avenir et la possibilité d’une vie meilleure pour nous et nos enfants », a déclaré M. Santos lors de la brève cérémonie au théâtre Colon de Bogota.

« Je reconnais que ce nouvel accord est meilleur (…) car il contient les espoirs et les observations de l’immense majorité des Colombiens », a-t-il ajouté.

Le chef des Farc, plus connu sous ses noms de guerre de Timoleon Jimenez ou Timochenko, a assuré qu’avec cet accord les Colombiens mettaient « fin de manière définitive à la guerre, pour confronter les contradictions de manière civilisée ». 

Il a ensuite surpris en proposant de former un « gouvernement de transition dont l’objectif principal sera l’application intégrale de l’accord » et sera « intégré par toutes les forces et tous les secteurs qui ont travaillé sans trêve » pour la paix.

Le texte a été finalisé le 12 novembre après six semaines de renégociations pour intégrer certaines critiques de l’opposition sur la mouture d’origine, signée le 26 septembre, mais que les électeurs ont rejetée le 2 octobre.

– Pour un pays réconcilié –

« Il n’y a pas de doute que certains aspects ont été améliorés. Mais il y a des points substantiels qui n’ont pas été modifiés », a cependant déploré jeudi Alvaro Uribe, chef de file des opposants, dénonçant notamment « l’impunité totale, le trafic de drogue comme délit politique » dont vont, selon lui, bénéficier les guérilleros démobilisés.

Consuelo Gonzalez de Perdomo, ex-parlementaire séquestrée pendant sept ans par les Farc, estimait pour sa part que « le nouvel accord est une immense opportunité pour nous les Colombiens qui parient sur un pays réconcilié ».

Le conflit fratricide qui déchire la Colombie depuis les années 60 a impliqué une trentaine de guérillas de gauche, des paramilitaires d’extrême droite et l’armée, faisant plus de 260.000 morts, 60.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.

La signature de la paix a été retransmise sur un écran géant sur l’emblématique place Bolivar. Au théâtre, seuls étaient invités des victimes de la guerre, d’anciens présidents colombiens, des magistrats et des représentants d’associations. 

Dans la foulée, l’accord a été transmis au Congrès, où le gouvernement bénéficie de la majorité. Il devrait y être débattu à partir de mardi, puis ratifié, avant que les parlementaires légifèrent sur sa mise en application.

« Il va être approuvé sans problème », a estimé l’analyste Kyle Johnson, d’International Crisis Group, même si les opposants « se battront pour ralentir la mise en application ».

– Enjeu électoral –

La procédure a été critiquée notamment par le parti de droite de M. Uribe qui l’a qualifiée de « coup contre la démocratie », l’exécutif ne tenant selon lui « pas compte du triomphe du +non+ » au référendum.

Faute d’explications suffisantes du contenu des 297 pages de l’accord, le scrutin avait été marqué par une abstention record de plus de 62% et le « non » l’avait emporté, mais avec à peine plus de 50.000 voix d’avance.

Les partisans de M. Uribe, qui agitent le spectre d’un futur régime castro-chaviste inspiré de Cuba et du Venezuela, s’opposent à la future participation à la vie politique de guérilleros et ont fait de l’accord un enjeu électoral.

« Avec la proximité de l’élection présidentielle de 2018, il était très difficile que l’opposition s’embarque dans un grand pacte national », selon la politologue Angelika Rettberg.

M. Santos a précisé que la ratification marquerait « le Jour J » de l’entrée en vigueur de l’accord, donc du désarmement des guérilleros dans des zones sous contrôle de l’ONU.

Après la mort de deux rebelles dans des combats présumés avec l’armée et l’assassinat de leaders communautaires, le chef de l’Etat, comme les Farc, a souligné la « fragilité » du cessez-le-feu en vigueur depuis fin août, et a appelé à l’application de l’accord de paix « le plus rapidement possible ».

Le président colombien Juan Manuel Santos (G) et le chef de la guérilla des FARC Timoleon Jimenez, alias Timochenko, se serrent la main lors de la deuxième signature de l'accord de paix historique, le 24 novembre 2016 à Bogota. © AFP

© AFP LUIS ROBAYO
Le président colombien Juan Manuel Santos (G) et le chef de la guérilla des FARC Timoleon Jimenez, alias Timochenko, se serrent la main lors de la deuxième signature de l’accord de paix historique, le 24 novembre 2016 à Bogota

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