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La Corée du Nord revendique un 5e essai nucléaire, nouvelles sanctions en projet

Washington (AFP) – La Corée du Nord a affirmé vendredi avoir réussi à tester une tête nucléaire susceptible d’équiper un missile, un cinquième essai dénoncé par Washington qui veut imposer « de nouvelles sanctions » à Pyongyang.

Ce test est le plus puissant jamais mené par le Nord, selon Séoul. Les ambitions nucléaires et balistiques de la Corée du Nord lui ont déjà valu de dures sanctions de l’ONU.

Dénonçant une « menace sur la paix internationale », le président américain Barack Obama a indiqué qu’il allait « travailler avec le Conseil de sécurité de l’ONU (…) et la communauté internationale pour mettre en place avec force les mesures existantes imposées dans des résolutions précédentes et pour prendre des mesures significatives supplémentaires, notamment de nouvelles sanctions ».

Une réunion du Conseil de sécurité, demandée par Washington et Tokyo, est prévue à 19H00 GMT.

 « Notre patience, comme celle de la communauté internationale, a atteint ses limites », a déclaré la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye, estimant que l’essai témoignait de « l’inconscience maniaque » du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un.

Le Japon a condamné un acte « absolument inacceptable », la Russie a exprimé son « extrême préoccupation » et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a parlé d’une opération « très préoccupante et regrettable ».

D’après les médias officiels nord-coréens, ce dernier test a permis à Pyongyang d’atteindre une capacité de miniaturiser une ogive nucléaire afin de pouvoir la monter sur un missile.

« Nos scientifiques nucléaires ont mené un essai d’explosion nucléaire d’une tête nucléaire nouvellement mise au point, sur le site d’essais nucléaires dans le nord du pays », a déclaré une présentatrice à la télévision nord-coréenne.

Cet test a « confirmé la structure et les caractéristiques spécifiques d’une tête nucléaire qui a été standardisée de façon à pouvoir être montée sur des missiles balistiques stratégiques », selon l’agence KCNA.

– Recherche d’indices –

Les premiers soupçons sur un nouvel essai ont été émis par des sismologues qui ont détecté un séisme de magnitude 5,3 près du principal site d’essais nucléaires, dans le nord-est du pays.

La secousse, survenue à 00h30 GMT, a été signalée à proximité du site de Punggye-ri le jour anniversaire de la fondation de la Corée du Nord en 1948.

« Cette explosion de 10 kilotonnes, c’était presque deux fois plus que le quatrième essai nucléaire et légèrement moins que le bombardement d’Hiroshima, qui avait été mesuré à 15 kilotonnes environ », a expliqué Kim Nam-Wook de l’agence météorologique sud-coréenne.

Cet essai sera scruté de près par les experts qui chercheront à déterminer s’il a permis au Nord de réaliser de nouveaux progrès, et s’il s’agit d’une bombe atomique ou d’une bombe à hydrogène, bien plus puissante. 

Les analystes penchent d’après les données préliminaires pour l’hypothèse d’un engin classique.

Si Pyongyang arrivait à fabriquer une bombe nucléaire suffisamment petite pour équiper un missile, et renforcer la précision, la portée et la capacité de ses vecteurs, elle se rapprocherait de son objectif maintes fois affiché: être capable d’atteindre des cibles américaines. 

L’évaluation va être difficile, souligne cependant Melissa Hanham, experte à l’Institut Middlebury des études internationales. « Ce n’est pas vraiment possible pour nous de vérifier qu’il s’agissait d’une tête compacte à partir des données sismiques », dit-elle à l’AFP.

« Il faudrait la voir testée sur un missile comme l’avait fait la Chine dans les années 1960. Personne ne veut assister à ça », a-t-elle ajouté.

– Envers et contre tous –

Depuis son premier essai nucléaire de 2006, Pyongyang a essuyé cinq séries de sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU.

La Chine, dont les Occidentaux attendent qu’elle ramène Pyongyang à la raison, « va se retrouver dans la position la plus délicate », a estimé Shunji Hiraiwa, professeur à l’Université Kwansei Gakuin et spécialiste de la Corée.

Lundi, le Nord avait lancé trois missiles balistiques alors que se tenait en Chine un sommet du G20.

Pékin a fait savoir qu’il « s’opposait fermement » au dernier essai nucléaire.

Mais les marges de manoeuvre sont limitées. La Chine cherche à éviter un effondrement du régime nord-coréen qui créerait une crise à sa frontière et ferait pencher la balance du côté américain.

L’Institut américano-coréen de l’université Johns Hopkins, qui avait signalé jeudi de « nouvelles activités » sur le site de Punggye-ri, a jugé que ce cinquième test signait « l’échec flagrant » de la stratégie de Washington et de Séoul pour réfréner les ardeurs militaires de la Corée du Nord.

Pyongyang avait affirmé que son quatrième essai nucléaire, le 6 janvier, avait porté sur une bombe à hydrogène. Cette revendication avait été mise en doute par les spécialistes.

Des Nord-Coréens regardent sur un écran géant une présentatrice annonçant le 5e essai nucléaire, le 9 septembre 2016 à Pyongyang. © AFP

© AFP Kim Won-Jin
Des Nord-Coréens regardent sur un écran géant une présentatrice annonçant le 5e essai nucléaire, le 9 septembre 2016 à Pyongyang

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