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La Cour suprême des États-Unis révoque le droit à l’avortement

La Cour suprême des États-Unis a enterré vendredi un arrêt qui garantissait le droit des Américaines à avorter. Cette décision ne rend pas les interruptions de grossesse illégales, mais renvoie les États-Unis à la situation en vigueur avant l’arrêt emblématique « Roe v. Wade » de 1973, quand chaque État était libre de les autoriser ou non.

Dans une volte-face historique, la très conservatrice Cour suprême des Etats-Unis a enterré vendredi un arrêt qui, depuis près d’un demi-siècle, garantissait le droit des Américaines à avorter, mais n’avait jamais été accepté par la droite religieuse. Cette décision ne rend pas les interruptions de grossesse illégales, mais renvoie les États-Unis à la situation en vigueur avant l’arrêt emblématique « Roe v. Wade » de 1973, quand chaque État était libre de les autoriser ou non. Le procureur général du Missouri a annoncé que cet État conservateur du centre des États-Unis devenait le « premier » à interdire les interruptions volontaires de grossesse. Peu après, la gouverneure républicaine du Dakota du Sud et le gouverneur républicain de l’Indiana ont décidé eux aussi, de bannir l’avortement.

 Joe Biden appelle à poursuivre le combat de manière « pacifique »

Le président des Etats-Unis a déclaré vendredi que la décision de la Cour suprême annulant le droit à avorter était une « erreur tragique » et le résultat d’une « idéologie extrémiste ». « La santé et la vie des femmes de ce pays sont maintenant en danger », a martelé le démocrate dans la foulée de l’arrêt historique, déplorant un « triste jour » pour l’Amérique qui fait désormais figure « d’exception » dans le monde. « Cette décision est le résultat d’un effort délibéré depuis des décennies pour rompre l’équilibre de notre droit », a-t-il déclaré.

La Cour ramène « l’Amérique 150 ans en arrière »

La Cour de neuf juges, qui porte pour longtemps l’empreinte de la droite religieuse américaine suite aux nominations faites par  Donald Trump, « ramène littéralement l’Amérique 150 ans en arrière » en invoquant d’anciennes jurisprudences, a déploré Joe Biden dans le grand hall d’entrée de la Maison Blanche. Le président a demandé à ses compatriotes de poursuivre le combat de manière « pacifique », et surtout de défendre « dans les urnes » le droit à l’avortement et toutes les autres « libertés personnelles » à l’approche des législatives de mi-mandat qui s’annoncent difficiles pour son camp démocrate.

Climat tendu autour de la Cour

Vendredi, dès l’annonce de la décision, des manifestants ont afflué par centaines vers le temple du droit à Washington, avec des larmes de joie ou de tristesse.

Dans les rangs officiels, les réactions étaient également aux antipodes. La principale organisation de planning familial a promis de continuer à « se battre » pour garantir l’accès à l’avortement. L’ancien président démocrate Barack Obama a dénoncé une « attaque contre les libertés fondamentales de millions d’Américaines ».

Mais l’ancien vice-président républicain Mike Pence, un fervent chrétien, a salué un arrêt qui « répare une erreur historique », tandis que le groupe d’opposants à l’avortement Pro-Life Campaign évoquait « une journée mémorable pour les droits humains ».

« L’avortement est un droit fondamental pour toutes les femmes. Il faut le protéger. J’exprime ma solidarité avec les femmes dont les libertés sont aujourd’hui remises en cause par la Cour suprême des États-Unis d’Amérique », a réagi Emmanuel Macron dans un Tweet.

Au bilan de Trump

La décision va à contre-courant de la tendance internationale à libéraliser les IVG, avec des avancées dans des pays où l’influence de l’Eglise catholique reste forte comme l’Irlande, l’Argentine, le Mexique ou la Colombie. Elle couronne 50 ans d’une lutte méthodique menée par la droite religieuse, pour qui elle représente une énorme victoire, mais pas la fin de la bataille : le mouvement devrait continuer à se mobiliser pour faire basculer un maximum d’États dans son camp ou pour essayer d’obtenir une interdiction au niveau fédéral.

Lois « zombies »

Selon l’institut Guttmacher, un centre de recherche qui milite pour l’accès à la contraception et à l’avortement dans le monde, 13 États disposent de lois dites « zombies » ou « gâchette » : interdisant l’avortement, elles ont été rédigées pour entrer en vigueur quasi automatiquement en cas de revirement à la Cour suprême. « Dans les prochains jours, semaines et mois, on devrait voir des cliniques fermer » dans ces États parfois très peuplés (Texas, Louisiane…), anticipe Lawrence Gostin. Une douzaine d’autres États devraient suivre avec des interdits complets ou partiels.

Dans une partie du pays, les femmes désirant avorter seront donc obligées de poursuivre leur grossesse, de se débrouiller clandestinement, notamment en se procurant des pilules abortives sur internet, ou de voyager dans d’autres États, où les IVG resteront légales. Anticipant un afflux, ces États, le plus souvent démocrates, ont pris des mesures pour faciliter l’accès à l’avortement sur leur sol et les cliniques ont commencé à basculer leurs ressources en personnel et équipement.

Mais voyager est coûteux et la décision de la Cour suprême pénalisera davantage les femmes pauvres ou élevant seules des enfants, qui sont sur-représentées dans les minorités noires et hispaniques, soulignent les défenseurs du droit à l’avortement.

En partenariat avec Europe 1.

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1 Commentaire

  1. 25 juin 2022 à 8h18 — Répondre

    Il reste encore des relents de la politique de Donald Trump, des juges de la cour suprême nommés par l’ancien président, ont renvoyé le droit à l’avortement au moyen âge. C’est tout bonnement de l’intégrisme.

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