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La Croix-Rouge française va pouvoir plus facilement retrouver les disparus

Paris (AFP) – Chaque année, des centaines de personnes contactent la Croix-Rouge française pour qu’elle retrouve leurs proches. Une loi promulguée le 29 décembre va faciliter cette mission méconnue.

« On fait un grand bond en avant », se réjouit Aurélie de Gorostarzu, responsable du service Rétablissement des liens familiaux. Cette mission de la Croix-rouge, consacrée par les conventions de Genève de 1949, vise à réunir les familles séparées par les conflits, les catastrophes et les crises humanitaires.

En France, la Croix-Rouge reçoit des demandes provenant d’antennes de la Croix-Rouge ou du Croissant-rouge dans le monde entier. Certains ont perdu la trace de leurs proches partis tenter leur chance en Europe, des fratries ont été séparées sur le chemin de l’exil. D’autres réalisent qu’ils ont des attaches en France.

« Un Allemand avait découvert au moment du décès de sa mère que son père était Français, il avait rencontré sa mère alors qu’il était prisonnier en Allemagne. Il avait une photo d’un homme en uniforme français, son nom, une vague date de naissance… On a fait une recherche de fourmi et on l’a retrouvé. Le monsieur a pu rencontrer son père, qui est décédé quelques mois plus tard, et il est toujours en contact avec ses deux demi-soeurs », raconte Aurélie de Gorostarzu. 

Les dossiers liés à la seconde guerre mondiale représentent 10% de l’activité du service, très occupé aussi par les migrants disparus.

Au total, « les demandes ont progressé de près de 30% par rapport à 2015, on gère entre 900 et 1.000 dossiers par an et on reçoit entre 8 et 10 nouvelles demandes par jour », explique la responsable de projet. « On arrive à retrouver trace de la personne dans 40% des cas. Cela prend du temps, on se donne deux à trois ans pour exploiter toutes les pistes mais le dossier n’est jamais fermé ».

– Site internet pour les migrants –

Jusqu’à présent, les administrations et les services publics refusaient souvent de transmettre des données personnelles concernant les personnes recherchées. « Au niveau des mairies, on avait une bonne écoute mais au niveau des administrations centrales, ça dépendait trop des interlocuteurs. Cette loi va vraiment permettre à la Croix Rouge de mener des recherches et de travailler en bonne intelligence avec les administrations », se félicite Aurélie de Gorostarzu. 

Grâce à cette nouvelle loi, la Croix-Rouge pourra par exemple obtenir des copies intégrales et des extraits d’actes d’état civil, savoir si une personne a été hébergée ou naturalisée, si elle est inscrite sur une liste électorale.

Les informations et coordonnées de la personne retrouvée ne sont transmises qu’avec son accord à sa famille. Par ailleurs, la Croix-Rouge ne s’occupe pas des affaires liées à des parcours d’adoption, des disparitions inquiétantes, ou des recherches généalogiques.

Une quarantaine de personnes enquêtent sur les disparus (une dizaine de salariés et une trentaine de bénévoles et volontaires) et le service dispose de sept antennes (Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Rennes, Bordeaux, Amiens) ainsi que d’un dispositif itinérant qui allait cette année à la rencontre des migrants dans les environs de Calais.

Pour unir leurs efforts afin de retrouver des migrants disparus, la Croix-rouge française et d’autres en Europe alimentent aussi un site internet (www.Tracetheface.org) sur lequel sont publiées plus de 2.000 photos de personnes cherchant leurs proches.

C’est ainsi qu’une femme afghane et sa belle-mère, réfugiées à Lyon, ont retrouvé la trace de leur mari et fils qui vivait en Inde. Aujourd’hui, ils sont réunis en France.

Depuis plusieurs années, Aurélie de Gorostarzu cherche une femme d’une cinquantaine d’année d’origine cambodgienne. Ses deux soeurs et elle, hébergées dans un camp de réfugié dans les années 1970 ont été dispersées: l’une s’est retrouvée aux Etats-unis et la seconde en Australie. La troisième serait en France. « On a déployé des trésors d’imagination mais malheureusement on n’a toujours pas réussi à la retrouver », explique-t-elle, « j’ai bon espoir que sur ce type de dossier-là, la loi permette d’avancer ».

Des membres de la Croix-Rouge à Tours, le 22  décembre 2016. © AFP

© AFP/Archives GUILLAUME SOUVANT
Des membres de la Croix-Rouge à Tours, le 22 décembre 2016

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