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La CTC pas convaincue par le projet aquacole de Hao

La Chambre territoriale des comptes a rendu public ce jeudi son rapport d’observations sur le projet aquacole de Hao. La CTC souligne les zones d’ombre qui subsistent toujours, 8 ans après l’apparition de Tahiti Nui Ocean Foods, sur la faisabilité du projet et son impact aussi bien environnemental que social. 

Une promesse d’investissements à hauteur de 32 milliards de Francs, le projet porté depuis près de huit ans par Tahiti Nui Ocean Foods (TNOF) avait de quoi faire rêver plusieurs gouvernements successifs. Les déclarations d’Emmanuel Macron lors de sa visite en Polynésie, en juillet dernier, ont douché les espoirs qui pouvaient encore subsister : un projet « exotique, aventureux », « aux financements incertains, aux créations d’emplois improbables avec d’étranges investisseurs », avait alors déclaré le Président de la République.

Le rapport de la CTC, qui met en évidence une conduite de projet aussi décousue de la part du Pays que de la part de l’investisseur chinois, sera-t-il le dernier clou dans le cercueil du projet aquacole de Hao ? Malgré les facilités consenties par le Pays (mise à disposition de près de 30 hectares, locations gratuites pendant 15 ans, ou encore incitations fiscales, notamment des exonérations de droits et taxes durant 30 ans), rien n’est encore sorti de terre. Sans compter les 617 millions de dépenses du Pays pour détruire des installations existantes et en déplacer d’autres, comme la centrale électrique et la route d’accès. Et malgré les premiers permis délivrés en 2016, puis prorogés, peu de travaux ont été réalisés. « Fin 2020, seule une première zone de terrassement a été réceptionnée », note la chambre, et certains permis de construire arrivent à échéance cette année, « un sujet préoccupant pour la suite du projet ».

Autre critique, le fait que « le projet ne concerne jusqu’à présent que la partie terrestre, la partie maritime du projet n’a pour l’instant fait l’objet d’aucune autorisation. Or les impacts environnementaux des activités aquacoles à venir sur l’écosystème lagonaire doivent être mesurés, sans plus attendre. » La CTC rappelle que TNOF n’a jamais donné ses réponses à la Direction de l’environnement sur les installations classées pour la protection de l’environnement.

Des inquiétudes concernant les pêcheurs locaux

Quant à la promesse de Tahiti Nui Ocean Foods d’employer des professionnels des Tuamotu – ils devaient être 1 000 selon les premières estimations de TNOF, ils ne seraient plus que 500 – la chambre territoriale des comptes craint que la « désorganisation du secteur » n’alourdisse « les risques d’un partenariat déséquilibré » entre TNOF et les pêcheurs locaux. Elle engage le Pays à encadrer les conditions de formation, d’embauche et de travail.

Enfin, la CTC estime indispensable une « coordination plus formalisée » par la mise en place par le Pays d’un comité de suivi, s’appuyant sur une « expertise scientifique élargie et structurée » pour ce qui serait le plus gros projet piscicole au monde.

Conclusion : le projet d’aquaculture de Hao « interroge quant à un modèle à la fois sensible aux soubresauts économiques mondiaux mais également à la conjoncture diplomatique ».  Et la langue de bois dont a fait preuve Wang Chen de TNOF dans les colonnes de La Depêche de Tahiti, soutenant que le projet se fera, n’incite pas nécessairement à l’optimisme. Si le Pays souhaite voir aboutir le projet, dit la CTC, il lui faut se doter d’un pilotage plus actif qui puisse « résoudre les questions encore en suspens mais également le profit que pourrait en tirer l’ensemble de la population des Tuamotu ».

Retrouvez ci-dessous l’intégralité du rapport de la CTC :

Rapport CTC Projet aquacole…

 

 

 

 

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1 Commentaire

  1. Hei
    8 octobre 2021 à 15h51 — Répondre

    Et voilà le projet aquacole qui refait surface après avoir été en mode tortue depuis des années. Ce projet a été remanié X fois , revu à la baisse en matière d’investissement financier , nombre d’emplois promis. Le président Macron le voit d’un mauvais œil , lui préférant la création d’un RSMA sur l’île . Avis non partagé par le pays qui préfère mener ce projet de ferme jusqu’à son terme faisant fi de son impact sur l’environnement. Sur ce point c’est « mérou ». Le lagon de Hao est déjà pollué pourquoi en rajouter? On peut aussi anticiper et s’inquiéter pour d’ autres îles alentours sur lesquelles les chinois voudraient jeter leur dévolu.

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