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La CTC se demande à quoi sert la délégation de la Polynésie à Paris

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L’utilité de la Délégation de la Polynésie française à Paris (DPF) reste « problématique » pour la chambre territoriale des comptes, qui vient de publier un nouveau rapport sur son activité depuis 2011. Le coût budgétaire de la DPF est « en nette diminution », mais ces économies « ne suffisent pas à démontrer l’utilité » de la structure. Pour la chambre, la DPF devrait nourrir plus d’ambitions et devenir le représentant du Pays auprès de l’État et de l’Union européenne. La juridiction demande aussi de rentabiliser l’occupation de l’immeuble du boulevard Saint-Germain.

Il y a du progrès, mais on est encore loin du but. C’est, en substance, l’analyse livrée par la chambre territoriale des comptes concernant l’activité de la Délégation de la Polynésie française. Le service « est apparu avoir été recadré avec pragmatisme, notamment à partir de septembre 2014 », note la chambre, qui salue une baisse du budget de 25% dans son dernier rapport. Mais ce n’est pas parce que la Délégation coûte moins chère qu’elle est utile, souligne la juridiction. Elle reste « une dépense à rentabiliser ».

Manque de compétences global des agents

La CTC note d’abord un « décalage persistant » entre les moyens alloués, toujours « trop importants », et le service rendu. Alors qu’en 2011, il était encore question de calquer le fonctionnement de la Délégation et du délégué sur le modèle des représentations diplomatiques, la structure s’est depuis recentrée sur les missions logistiques et administratives. Elle assiste principalement les membres du gouvernement en mission à Paris. La CTC regrette un « défaut de stratégie médias », qui empêche de valoriser l’image de la Polynésie. Les magistrats pointent aussi du doigt « un flou » qui entoure l’intervention auprès des malades : deux agents de la Délégation rendent visite aux malades alors que cette mission est remplie par la CPS, « organisme présent dans les murs de la Délégation ».

Mais ce que la CTC regrette surtout, c’est la « forte dévalorisation » des missions de veille stratégique et de représentation de la Polynésie auprès de l’État et de l’Union européenne, principalement du fait d’un manque de compétences global des agents. Cela permettrait pourtant de faire avancer « des dossiers sensibles comme les contrats de projets et le suivi des conventions État », et au niveau européen, il y « un potentiel de retombées financières très appréciable qui peuvent justifier un investissement particulier », souligne la CTC.

Rentabiliser l’espace du boulevard Saint-Germain

Pour la chambre territoriale des comptes, il faudrait par ailleurs penser à « rentabiliser » la dépense que représente la Délégation en améliorant l’utilisation de l’immeuble dans lequel elle est installée. Il s’agit d’un immeuble de sept étages, boulevard Saint-Germain, dans le Ve arrondissement de Paris. « De vastes espaces restent inoccupés ou faiblement utilisés », dénonce la CTC, qui estime qu’une « gestion appropriée des espaces » pourrait générer « une recette de location comprise entre 27 et 34 millions de Fcfp ».

En somme, même si le climat social est de nouveau serein et qu’un format plus économe a été mis en place, la Délégation peine toujours « à formuler un projet de service de qualité ». Le travail effectué reste « encore bien loin de ce qui justifierait pleinement le maintien de cet organisme à Paris ».