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La douleur des familles des victimes à la barre

© Grégory Boissy

Mardi lors du deuxième jour du procès Air Moorea, les familles ont témoigné à la barre pour exprimer leur douleur face à la perte d’êtres chers. Une journée unanimement « éprouvante et difficile ». Nombre de familles éprouvent encore de la colère aujourd’hui et espèrent « obtenir une condamnation d’une sévérité exemplaire ».

« Je ne veux pas de votre pardon incongru, il est trop tard », « vous avez créé des orphelins », « j’ai de la haine », « Il a été tué, assassiné »… Des mots très durs ont été prononcés mardi matin au deuxième jour du procès Air Moorea par les familles des victimes du crash de 2007. Toutes attendent que « la justice soit rendue ».

Johanna Coissac : « on a tué leur père »

L’épouse de Pierre Coissac, ancien directeur de l’Environnement décédé dans l’accident, a expliqué au tribunal que le crash avait enlevé un père à deux jumeaux âgés de 5 mois. Elle s’était retrouvée à l’époque « seule » à les élever. Et pour elle, pas de doute, l’accident est dû à des « personnes négligentes qui n’ont pas fait le travail pour lequel elles étaient payés ».

A la sortie de l’audience, la veuve a confié que la journée avait été « très émouvante et très difficile ». Johanna Coissac pense que ce procès va aider les familles à faire leur deuil, mais pour cela « il faut que les conclusions soient justes ».

Alain Druet : « obtenir un verdict d’une sévérité exemplaire »

Alain Druet, frère de Bruno disparu lors de la catastrophe, a également témoigné à la barre. Une intervention nécessaire, selon lui, pour aider à évacuer la « colère qui dure depuis 11 ans ». Alain Druet, considère que ce procès « ré-ouvre une blessure qui ne s’est jamais réellement fermée et (lundi) il a été difficile de trouver le sommeil ».

A l’adresse des prévenus, il a lancé : « j’espère que la rupture du câble n’est plus mise en doute (…) et que l’histoire du pilote est définitivement balayée ». Alain Druet espère que les sanctions vont être « lourdes et sévères pour que la sécurité ne soit plus relayée au second plan ». Confirmant une journée « émouvante », il dit attendre de ce procès « des réponses et que les fautifs soient sanctionnés ».

Nikolaz Fourreau : « Je ne veux pas de votre pardon incongru »

Le président de l’association 9.8.7, Nikolaz Fourreau, a commencé son témoignage en citant tous les noms des disparus. « Je suis comme une maison qui a brûlé, (…) il flotte un parfum de suie et de cendre. Voilà ce qu’est ma vie ». Pour Nikolaz Fourreau : « une chose m’a fait tenir, c’est l’envie que mes enfants aient une vie normale et qu’ils retrouvent le sourire ».

A l’adresse des prévenus, il a affirmé : « je ne veux pas de votre pardon incongru, il est trop tard ». Rappelant certaines situations incompréhensibles des prévenus depuis l’accident : « certains ont été promus et d’autres cadres de l’Etat occupent leur fonction à vie ».

Nicole Corre : « il a été tué, assassiné »

Aujourd’hui encore la mère de David Corre « n’accepte pas » la mort de son fils. « Le passé est devenu notre présent ». Selon elle, la douleur est toujours aussi présente. « Rien ne s’apaise, nous avons toujours cette boule dans gorge. Cela fait onze ans que nous cohabitons avec ce drame ». Nicole Corre explique que le drame a fait des familles « des victimes à part entière ».

Sylvie Taputuarai « Moi je ne leur pardonnerai jamais (…) j’ai vraiment de la haine »

Sylvie, la sœur de Philippe Taputuarai a elle assuré qu’aujourd’hui « on ne vit pas on survit » et que ec drame a « bousculé notre vie ». Elle a rajouté qu’il fallait qu’elle soit « courageuse pour ma famille, pour mes parents, pour les enfants ».  Elle a affirmé « moi je ne leur pardonnerai jamais cela se voit qu’il y a eu un manquement (…) J’ai vraiment de la haine et que justice soit faite ».

Tensions entre parties civiles et prévenus

L’ambiance est tendue au tribunal correctionnel au deuxième jour du procès. Lors de son témoignage, la belle-sœur de Pierre Coissac a ainsi pris à partie les prévenus et leur défense : « je trouve désolant de voir depuis le début du procès des personnes sur la gauche absorbées par autre chose voire même dormir, je suis choquée par cela ».

A la reprise des témoignages en début d’après-midi, le président du tribunal a également demandé aux prévenus et aux familles « d’éviter tout types de contact pour que tout se passe sereinement ». En effet, l’un des prévenus est allé voir une des parties civiles pour lui souffler qu’il allait la traduire en justice pour « diffamation » après son témoignage. Le président du tribunal a rappelé que les « débats devaient avoir lieu dans la salle d’audience » et nulle part ailleurs.

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1 Commentaire

  1. viniura
    10 octobre 2018 à 6h38 — Répondre

    « situations incompréhensibles des prévenus depuis l’accident : « certains ont été promus et d’autres cadres de l’Etat occupent leur fonction à vie ».

    Le cas extrème ici de situations quotidiennes moins dramatiques mais tellement répétées de ces fonctionnaires qui ne pensent qu’à leur carrière et situation et ne se remettent jamais en cause. Encouragés par une hiérarchie tout aussi peu empathique.

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