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La Fape contre le projet minier de Makatea

 

La Fédération des associations de protection de l’environnement Te Ora Naho (Fape) s’oppose à une reprise de l’exploitation industrielle du phosphate à Makatea. Elle conteste « scientifiquement » la solution de « réhabilitation » proposée par Colin Randall, elle estime que le projet minier est « inadapté » pour l’île et qu’il provoquerait un « désastre écologique ».

La Fape, qui regroupe 24 associations qui militent en faveur de la protection de l’environnement et de la promotion du « milieu naturel » de Tahiti et de ses îles, a exprimé dans un communiqué son opposition au projet minier de Makatea. Pour le président de la Fape Winiki Sage, aussi président du CESC, l’atoll « mérite un autre sort » que celui de « redevenir une mine à ciel ouvert ». Il craint que la trentaine d’années d’extraction du projet de l’entreprise Avenir Makatea ne transforme l’île en une « cuvette instable, désertique et aride. » Le communiqué détaille cette opposition en trois principales raisons.

La « revégétalisation » pose problème

La première concerne la stratégie de « réhabilitation » choisie par Colin Randall, un composte fait de « pestes végétales » de l’île même. Selon la Fape ce moyen est « contesté » par des scientifiques parmi lesquels la biologiste Alice Cibois qui le qualifie de « leurre » : « Si cela était possible [de reconstituer des habitats terrestres à l’identique], les compagnies minières l’auraient fait à Nauru ou en Nouvelle-Calédonie. »

Des alternatives au développement existent

Le projet serait également « inadapté » à Makatea. Et pour cause une extraction de minerai est « par nature une activité non durable ». Pour la Fape ce projet est « la seule perche qui est tendue » aux habitants de l’île, pointant du doigt l’absence de propositions « concrètes » de désenclavement et de développement par le gouvernement. Winiki Sage évoque des alternatives au développement proposées par l’association Fatu Fenua no Makatea. Celle-ci suggère notamment une orientation vers la culture maraîchère, la culture de la vanille et l’apiculture avec la création d’un label bio de Makatea. Fatu Fenua no Makatea n’a pas manqué d’évoquer des « freins à lever » pour un développement durable : une desserte maritime régulière, la rénovation du quai de Tema’o (dont une étude menée en 2012 avait estimé un plan de financement de près de 9 millions de Fcfp), des aménagements divers ainsi qu’une « volonté politique ».

Un « désastre écologique » prévisible

Enfin, la Fape conteste le projet minier de l’Australien Colin Randall estimant qu’il aboutirait à la « destruction pure et simple d’une bonne partie de l’île ». Un « désastre écologique » que le gouvernement ne peut soutenir, selon la fédération. Le communiqué évoque l’avifaune de Makatea. L’île accueille notamment l’unique colonie de puffin d’Audubon des Tuamotu et le rupe (carpophage de la Société) qui après avoir disparu des îles de la Société est devenu une spécificité de Makatea. « Faut –il sacrifier une bonne partie de l’ île pour quelques emplois d’extracteurs miniers (avec les risques sanitaires induits)  et des revenus salariaux pour quelques-uns, pendant 25 ans ? ».

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1 Commentaire

  1. Equipe projet
    2 août 2017 à 17h53 — Répondre

    « La première concerne la stratégie de « réhabilitation » choisie par Colin Randall, un composte fait de « pestes végétales » de l’île même. Selon la Fape ce moyen est « contesté » par des scientifiques parmi lesquels la biologiste Alice Cibois qui le qualifie de « leurre » : « Si cela était possible [de reconstituer des habitats terrestres à l’identique], les compagnies minières l’auraient fait à Nauru ou en Nouvelle-Calédonie. »

    Seulement, la réhabilitation proposée n’est pas une restauration de la forêt. Il s’agit de replanter pour éviter les poussières, la désertification et stabiliser les sols pour leur éventuelle recréation à longue échelle. La réhabilitation proposée vise de rendre les sites praticables, ce qu’ils ne sont pas et offrent une alternative à l’utilisation pour l’agriculture ou autre activité pour qu’elles ne se produisent pas dans la forêt primaire comme ailleurs.

    Il n’a jamais été question de recréer la forêt, cette idée n’est malheureusement pas réalisable et nécessiterait l’approbation des propriétaires qui ont peut être leur idée et leur souhait quand à l’utilisation de leurs terres.

    La récréation d’une forêt primaire est par contre faite à Christmas Island, par le Département Australien, dans le cadre de l’exploitation secondaire du gisement. Mais la disponibilité de sol et la pluviométrie le permettent.

    Sur les autres points, les avis donnés sont très tranchées et ne tiennent pas vraiment compte des éléments présentés dans le dossier, voire de la situation écologique de l’atoll. Le manque de volonté de communication est regrettable.

    L’Equipe Projet

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