FAITS DIVERS

La femme kamikaze, une première en France

Si des centaines de femmes ont rejoint au la Syrie ou l’Irak ces deux dernières années, rares étaient celles qui avaient choisi la voie du martyr.

« La déshumanisation n’a pas de sexe ». Le constat de Dounia Bouzar est glaçant. L’anthropologue, également directrice générale du centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam, n’est pas surprise qu’une femme puisse se faire exploser au nom du djihad, comme cela est arrivé mercredi matin à Saint-Denis. Une première en France et en Europe. Elle s’en est expliquée sur Europe 1.

Aux environs de 4h20, le Raid s’apprête à lancer l’assaut sur l’appartement de Saint-Denis. Avant cela, un (très) bref échange s’engage avec celle qui serait la cousine d’Abdelhamid Abaaoud, membre de l’organisation l’Etat islamique et chef opérationnel présumé des attentats de Paris.

« Elle contribue à la lutte ». « Dans ce cas, c’est avant tout une marque de détermination », décrypte Fatima Lahnait, chercheuse, auteur du rapport « Femmes kamikazes, le jihad au féminin » publié par le Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R). « L’endoctrinement et l’embrigadement sont tels qu’elle a préféré mourir que d’être arrêtée. Ce faisant, elle contribue à la lutte », explique-t-elle. En déclenchant sa ceinture d’explosifs plutôt que d’être capturée vivante, cette femme a ouvert une nouvelle ère en France.

Si des centaines de femmes ont rejoint au cours des deux dernières années les « terres de djihad » syrienne ou irakienne, rares étaient celles qui avaient choisi la voie du martyr. Parmi elles, Muriel Degauque, jeune Belge convertie à l’islam, qui s’est faite sauter en novembre 2005 en Irak, au passage d’un convoi américain. Des cas rares, certes, ce qui ne veut pas dire pour autant que Daech ne s’intéresse pas au sexe faible.

 "La déshumanisation n'a pas de sexe"par Europe1fr

« Daech s’adapte aux profils ». Dounia Bouzar est revenue sur les conditions de recrutement de ces femmes. « Daech propose différentes raisons de s’engager qui correspondent à la psychologie de la personne », assure-t-elle, avant de décrire la stratégie du groupe terroriste : « s’ils trouvent une femme qui est à la recherche de la toute-puissance, qui est attirée par les armes, ils vont lui faire miroiter qu’elle prendra la place de Dieu en s’engageant et qu’elle aura le droit de vie et de mort. Mais s’ils sentent que cette femme cherche un but dans sa vie, alors ils vont lui promettre la direction d’un orphelinat. Ce qui sera faux en arrivant. On leur fait croire qu’elles seront sage-femme en un mois…Ils s’adaptent aux profils. »

De 1985 – date à laquelle une Libanaise de seize ans, Sana Khyadali, précipite sa voiture piégée contre un convoi israélien, tuant deux soldats – à 2006, on estime que plus de 220 femmes kamikazes se sont sacrifiées, ce qui représente près de 15% du total des kamikazes recensés. Et Dounia Bazar  de conclure : « elles n’aiment pas leur mari pour ce qu’il est, mais pour l’idée qu’il va se sacrifier pour ce qu’elles imaginent être une régénération du monde. Il n’y a même plus de lien humain »

Boko Haram friand des femmes kamikazes

C’est actuellement le groupe djihadiste nigérian Boko Haram qui a le plus recours aux femmes kamikazes, allant même jusqu’à envoyer dans des marchés surpeuplés des fillettes dont la plus jeune avait sept ans. Dans ce cas, les chefs gardent souvent le contrôle de l’explosion de la charge, qu’ils déclenchent à distance par téléphone.

« A Maiduguri » (grande ville du nord du Nigeria), « les attentats-suicide sont quotidiens », affirme Marc-Antoine Pérouse de Montclos, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). « Ce sont surtout des femmes ou des enfants, des fillettes, qui vengent la mort de leurs maris ou de leurs pères, tués dans des affrontements avec l’armée nigériane ».

Source : Europe1

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