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La gauche latino-américaine réunie à Cuba pour dire adieu à Fidel

La Havane (AFP) – Les figures de la gauche latino-américaine se joignent mardi au deuil des Cubains, encore sous le choc de la mort de Fidel Castro, pour rendre hommage à celui qui les a inspirés lors d’une grande cérémonie boudée par de nombreux dignitaires étrangers.

« Nous sommes ici pour rendre hommage à un géant », a déclaré à son arrivée à La Havane lundi soir le président vénézuélien Nicolas Maduro, se disant « aujourd’hui plus que jamais avec Fidel ».

« Nous venons accompagner les moments les plus douloureux (pour les Cubains, ndlr) en raison de la perte du frère, du compagnon, de l’ami Fidel Castro », a salué le dirigeant bolivien Evo Morales.

Comme lundi, les Cubains défilent toute la matinée face aux portraits de Fidel, exposés dans le mémorial du héros de l’indépendance José Marti sur la célèbre place de la Révolution, au centre de la capitale.

La veille jusque tard dans la nuit, des centaines de milliers d’entre eux, souvent en pleurs, avaient fait de même sur cette esplanade emblématique.

Partout sur l’île ils ont aussi été très nombreux à signer des registres où ils « juraient » de poursuivre l’héritage socialiste de celui qui a façonné pendant un demi-siècle le destin du pays, beaucoup d’entre eux confiant à l’AFP avoir été vivement incités à ne pas manquer à l’appel. 

Critiqué par l’ONU et par ses opposants pour des violations des droits de l’homme, Fidel Castro reste toutefois vénéré par beaucoup de Cubains, qui ont pris la nouvelle de son décès, vendredi à 90 ans, comme un séisme.

« Fidel est un symbole, Fidel est l’Histoire, il a fait l’Histoire », assure à l’AFP Roberto Hernandez Rosabal, 47 ans, parmi les premiers à défiler mardi matin.

 – Pas de délégation américaine –

Sur cette même place, théâtre des discours-fleuves du « Comandante », une cérémonie de masse aura lieu à 19h00 (00h00 GMT), à laquelle la communauté diplomatique et les chefs d’Etat étrangers ont été conviés aux côtés de la population cubaine.

La gauche latino-américaine, pour laquelle la révolution cubaine a été la grande source d’inspiration, est la plus représentée avec, outre MM. Maduro et Morales, les présidents de l’Equateur, Rafael Correa, et du Nicaragua, Daniel Ortega.

Mais ailleurs dans le monde, peu de dignitaires ont répondu à l’invitation : le président américain Barack Obama, pourtant artisan d’un rapprochement historique depuis fin 2014 entre les deux ex-ennemis de la Guerre froide, a fait savoir qu’il n’irait pas. Il n’a pas non plus envoyé de délégation officielle.

De même, les présidents de pays amis, le Russe Vladimir Poutine, le Chinois Xi Jinping et l’Iranien Hassan Rohani, sont représentés par de hauts responsables.

En revanche, les dirigeants du Zimbabwe Robert Mugabe, de Guinée Equatoriale Teodoro Obiang Nguema, d’Afrique du Sud Jacob Zuma ont honoré l’invitation, de même que l’ancien roi d’Espagne Juan Carlos et l’ex-chancelier allemand Gerhard Schröder.

A son arrivée à La Havane, Robert Mugabe, 92 ans, a salué la mémoire de son « cher frère » : « Il n’était pas seulement votre leader, il était le nôtre et celui de tous les révolutionnaires », a déclaré le dirigeant de 92 ans, au pouvoir depuis près de quatre décennies.

Seul chef de gouvernement européen ayant fait le déplacement, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a déclaré à son arrivée qu’il souhaitait rendre « hommage à cette grande personnalité qui était une flamme ayant inspiré non seulement Cuba et l’Amérique latine, mais le monde entier ».

 – Départ des cendres mercredi-

La situation diplomatique de l’île communiste reste complexe, comme en témoigne le tweet menaçant du président-élu des Etats-Unis Donald Trump, qui arrêtera le dégel « si Cuba ne veut pas sceller un meilleur accord pour le peuple cubain ».

« C’est un grand pas en avant ce qu’a fait le président Obama et ce que lui (Trump, ndlr) ferait, c’est revenir sur tout ça », a réagi à Cuba Elian Gonzalez, Cubain de 22 ans dont le sort avait fait l’objet, lorsqu’il était enfant, d’un bras de fer entre La Havane et Washington.

« Je ne pense pas que tant de personnes pourraient pleurer quelqu’un qui, comme il le dit, est un dictateur », a-t-il déclaré aux journalistes.

L’urne contenant les cendres du Lider Maximo traversera de mercredi à samedi le millier de kilomètres séparant La Havane de Santiago de Cuba (est), refaisant en sens inverse le chemin parcouru par le jeune Fidel dans sa « caravane de la liberté » lors du lancement de sa révolution en 1959.

Dimanche, enfin, ses cendres seront enterrées au cimetière de Santa Ifigenia de Santiago, qui abrite déjà la tombe de José Marti, scellant alors la fin du deuil national décrété pour neuf jours, période pendant laquelle les dissidents ont préféré se faire discrets, notamment par crainte de représailles.

Mais ils prévoient de reprendre ensuite leur lutte contre le régime castriste, désormais incarné par le petit frère de Fidel, Raul, 85 ans, au pouvoir depuis 2006.

Le président cubain Raul Castro rend hommage à son frère Fidel Castro, le 28 novembre 2016 à La Havane. © AFP

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Le président cubain Raul Castro rend hommage à son frère Fidel Castro, le 28 novembre 2016 à La Havane

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