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La mission impossible de la Caisse de soutien au coprah

Pour la chambre territoriale des comptes, la question du devenir de la Caisse de soutien des prix du coprah (CSPC) se pose. Ses missions apparaissent en effet « beaucoup plus importantes que son action réelle ». La Caisse devait aider les populations isolées des îles, mais le revenu mensuel moyen des coprahculteurs n’est que de 14 334 Fcfp sur la période 2012-2016.

La chambre territoriale des comptes a examiné la gestion de la CSPC sur les exercices 2010 à 2016 et ce qu’il en ressort, c’est que la Caisse n’a pas les moyens de remplir sa mission. Créée en 1967, alors que l’on craignait un exode massif vers Tahiti avec l’ouverture du centre d’expérimentation du Pacifique et la fin de l’exploitation des phosphates de Makatea, la Caisse de soutien des prix du coprah devait offrir une alternative aux populations des îles et les inciter à rester vivre sur place. Par ses statuts, la CSPC est chargée d’assurer la régulation des prix d’achat du coprah aux producteurs afin de garantir un revenu stable aux coprahculteurs.

Problème : la Caisse n’exerce en fait aucune action régulatrice puisque le prix est fixé par le conseil des ministres. Or la Polynésie française, qui produit moins de 0,5% de la production mondiale de coprah, n’est pas en mesure de peser sur l’évolution du cours mondial, qui est peu élevé.

14 334 Fcfp de salaire moyen pour les coprahculteurs

La CSPC a, en outre, un objectif d’évaluation et de prospective. Encore une fois, elle est incapable de remplir sa mission, puisqu’elle n’a aucun contact avec les coprahculteurs. Seuls les mandataires de la SA Huilerie de Tahiti, et éventuellement les transporteurs, rencontrent les coprahculteurs.

Dans ces conditions, impossible de savoir combien gagnent précisément les coprahculteurs, alors que c’est censé être la préoccupation majeure de la Caisse. La CTC avance une évaluation : sans même prendre en compte le versement d’un loyer au propriétaire, un coprahculteur ne gagne en moyenne que 14 334 Fcfp par mois, très loin du SMIG, et loin d’un contrat CPIA (convention pour l’insertion par l’activité, l’ancien CAE), rémunéré 85 000 Fcfp par mois.

Redéfinir les objectifs de la Caisse

Le dispositif n’offre donc pas réellement de moyens complémentaires d’existence aux populations isolées et il fait, malgré tout, peser un risque non négligeable sur la situation financière de la Collectivité, souligne la CTC. La chambre territoriale des comptes note ainsi que le soutien public a atteint en 2015 un niveau sans précédent et de profondes incertitudes existent quant à sa soutenabilité financière sur le long terme.

Pour résumer, les missions de la Caisse sont beaucoup plus importantes que son action réelle. Il est donc temps de redéfinir les objectifs et les priorités de la CSPC – dispositif de soutien agricole, politique de l’emploi, ou aide sociale, il va falloir choisir, recommande la CTC.

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2 Commentaires

  1. Warning sign
    15 novembre 2017 à 6h53 — Répondre

    Comment prendre les contribuables polynésiens pour des cons ? 14 000 de revenus par coprahculteur, c’est ignorer qu’une partie des travailleurs du coprah bénéficient déjà de contrats aidé et cumulent plusieurs revenus. Ils ne sont pas riches sauf quelques propriétaires, ce qui pose le problème de la redistribution des terres agricoles. Ne prendre qu’une partie des infos consiste à donner son avis sur la production maraichère en ne calculant que les revenus des tomato culteurs sans prendre en compte leurs revenus de salado culteurs, concombro cilteurs etc …

  2. Tihoti
    15 novembre 2017 à 13h32 — Répondre

    Le prix de l’huile vierge de coco se situe entre 4.000 et 16.000f en magasin… quel est l’intérêt de continuer à alimenter l’huilerie de tahiti qui produit une huile de coprah de basse qualité?
    Produire un piètre Monoï sous appelation d’origine? Alors qu’une filière est prête à être relancée avec l’engouement actuel du coco…

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