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La mosquée renflamme les passions

Discret depuis plusieurs mois, le Centre islamique de Tahiti est à nouveau au cœur d’une polémique. L’association cherche des fonds pour construire une mosquée en Polynésie française. La mise en place, en métropole, d’une collecte pour recueillir les dons des fidèles a provoqué l’émoi sur le territoire et les réactions politiques ne se sont pas faites attendre.

Mercredi, la Présidence se fendait d’un communiqué rappelant « le principe constitutionnel de liberté religieuse qui s’applique également en Polynésie française » en rajoutant qu' »en aucune manière cette position de principe ne peut être interprétée comme un soutien officiel du Président à l’initiative d’ouvrir un centre islamique en Polynésie française« .

Et la Présidence de rappeler les agissements illégaux de l’association qui avait ouvert en octobre dernier un lieu de culte sans avoir les autorisations nécessaires. Le gouvernement se dit également « particulièrement vigilant vis à vis d’initiatives extérieures dont on ignore la portée (…) le Président ne saurait cautionner une initiative qui masquerait une quelconque propagande islamiste. »

L’annonce d’une collecte en métropole et à l’étranger a relancé la polémique autour du CIT ©DR

Sandra Lévy-Agamy dénonce « un projet de colonisation culturel. » Jeudi, dans un communiqué, l’élue à l’Assemblée de Polynésie rappelle, elle aussi, la liberté de culte et de religion, mais précise que « cette liberté ne doit pas devenir l’instrument d’un prosélytisme religieux dont les préceptes sont en tout point contraire au mode de vie et aux valeurs polynésiennes et républicaines« .

C’est donc la personnalité d’Hicham el Barkani et sa proximité supposée avec des milieux radicaux qui inquiètent nos élus.

Hicham el Barkani © Cédric VALAX

L’imam autoproclamé paye encore aujourd’hui les fruits d’une implantation, au mieux mal préparée, qui jette l’opprobre sur une religion bien loin de tous les clichés, parfois délirants – souvent violents et extrémistes, véhiculés sur les réseau sociaux et sites Internet.

Car après les politiques, ce sont les polynésiens qui réagissent à cet appel au financement d’une mosquée en Polynésie française. L’amalgame entre islamique et islamisme est encore très marqué dans un pays où les musulmans vivent pourtant depuis plusieurs décennies en pratiquant leur religion sans que personne n’y trouve à redire. Stigmatisés, ils en sont les premières victimes.

Depuis cette nouvelle polémique, le Centre islamique de Tahiti a renforcé sa communication sur le web. Après une page Facebook et un site internet (récemment lancé), le CIT vient d’ouvrir un nouveau compte Facebook au nom, là encore, évocateur: « Communication et Médiation des Musulmans de Polynésie », la page officielle du porte-parole de l’association.

Dans notre podcast: la réaction de Sandra Lévy-Agami.