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La Russie aux urnes pour des législatives test pour Vladimir Poutine

Moscou (AFP) – Les Russes votaient dimanche lors de législatives que le parti pro-Kremlin Russie Unie devrait remporter sans surprise, permettant à Vladimir Poutine de préparer sereinement son éventuelle candidature en 2018 pour un 4e mandat présidentiel.

A quelques heures de la clôture des bureaux de vote, la participation était modeste mais comparable à l’affluence lors des législatives précédentes en 2011. A 15H00 (12H00 GMT), la participation s’élevait ainsi à plus de 33%, selon la commission électorale centrale.

Les premiers sondages de sortie des urnes sont attendus après la clôture du vote à 18H00 GMT à Kaliningrad, enclave russe au coeur de l’Union européenne.

« Je savais pour qui voter. Vous êtes sûrement au courant », a lancé Vladimir Poutine après avoir déposé son bulletin dans un bureau de vote de Moscou.

Contrairement aux élections législatives de septembre 2011, marquées par des fraudes et à la suite desquelles des centaines de milliers de manifestants étaient descendus dans la rue, le Kremlin a voulu donner plus de transparence au processus électoral.

Le président russe a ainsi placé à la tête de la commission électorale centrale l’ex-déléguée aux droits de l’homme auprès du Kremlin, Ella Pamfilova, pour remplacer Vladimir Tchourov accusé par l’opposition d’avoir manipulé les résultats de plusieurs élections.

Mme Pamfilova a indiqué dimanche que les autorités enquêteraient sur des soupçons de fraudes à Barnaoul (Sibérie) et que la commission électorale centrale « pourrait réfléchir à annuler les élections » dans la région si celles-ci étaient confirmées.

Lors d’une séance retransmise en direct à la télévision, elle a en outre interrogé les chefs de commissions électorales de plusieurs régions où des candidats de l’opposition ont dénoncé des fraudes, notamment du bourrage d’urnes.

 – Premier vote russe en Crimée –

Ces élections se déroulent alors que le pays traverse une profonde crise économique. La chute du prix des hydrocarbures, qui représentent une part importante des revenus budgétaires, et les sanctions occidentales décrétées à la suite de la crise ukrainienne ont provoqué la plus longue période de récession depuis l’entrée en scène politique de Vladimir Poutine en 1999.

Le scrutin intervient par ailleurs dans un contexte politique exceptionnel: c’est la première consultation à l’échelle nationale depuis l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée, le déclenchement du conflit dans l’est séparatiste de l’Ukraine et la dégradation des relations de Moscou avec les Occidentaux qui a suivi.

Ces législatives où plus de 6.500 candidats issus de 14 partis sont en compétition pour 450 sièges à la Douma d’Etat, la chambre basse du Parlement, interviennent en outre près d’un an après le début d’une intervention militaire en Syrie, où Moscou est devenu le maître du jeu.

« La campagne électorale était inintéressante. Ils promettent tous beaucoup, mais rien ne change », regrette Alexandre, un retraité qui assure être venu malgré tout à son bureau de vote de Moscou pour que « les autres ne choisissent pas » à sa place.

A Saint-Pétersbourg, Dmitri Pribytkov, 47 ans, évoque, lui, un scrutin « absolument prévisible ». « C’est mon pays, et je dois donner mon avis. Au moins, on me le demande — formellement, en tout cas », ajoute-t-il.

Le vote fait office de test en Crimée, où les habitants participent pour la première fois à une élection russe. « Je suis allé voter et tous mes proches et voisins aussi. Nous sommes pour la Russie », a déclaré Valentina, une retraitée de la péninsule, tandis que les représentants de la communauté tatare de Crimée, une minorité musulmane opposée à l’annexion, ont appelé au boycott du scrutin.

Les 110 millions d’électeurs devront également renouveler certains parlements régionaux et élire leurs gouverneurs. A ce titre, le président tchétchène Ramzan Kadyrov fait face pour la première fois à ces électeurs depuis sa nomination à ce poste par le Kremlin en 2007.

L’opposition libérale, qui a cette fois eu l’occasion de présenter beaucoup plus de candidats que lors du scrutin précédent en 2011 et de diffuser ses clips de campagne à la télévision, a échoué à surmonter ses querelles internes et n’a pu présenter une liste commune.

Face à l’immense machine du pouvoir, les opposants qui avancent en ordre dispersé ont eu du mal à susciter l’enthousiasme des électeurs, davantage tentés de voter pour les candidats « du pouvoir en place » ou par l’abstention.

Des électeurs dans un bureau de vote à Moscou, le 18 septembre 2016 . © AFP

© AFP YURI KADOBNOV
Des électeurs dans un bureau de vote à Moscou, le 18 septembre 2016

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