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La Russie élit son parlement dans un scrutin sans passion dominé par le parti au pouvoir

Moscou (AFP) – Les Russes se rendaient aux urnes dimanche pour des législatives que le parti pro-Kremlin au pouvoir devrait remporter sans surprise, à l’issue d’une campagne électorale apathique dans ce pays frappé par la récession économique.

Les premiers bureaux de vote ont ouvert sur la péninsule volcanique du Kamtchatka, dans l’Extrême orient russe mais – immensité du pays oblige – la majorité des électeurs votent à partir de 05H00 GMT dimanche matin dans la partie européenne du pays, notamment à Moscou et Saint-Pétersbourg. Après la clôture du vote à 18H00 GMT à Kaliningrad, enclave russe au coeur de l’Union européenne, les premiers sondages sortie des urnes sont attendus.

Ces élections se déroulent alors que le pays traverse une crise économique. La chute du prix des hydrocarbures, qui représentent une part importante de ses revenus budgétaires, et les sanctions occidentales décrétées à la suite de la crise ukrainienne, ont provoqué la plus longue période de récession pour la Russie depuis l’entrée en scène politique de Vladimir Poutine en 1999.

Le scrutin intervient dans un contexte politique exceptionnel: il s’agit de la première consultation à l’échelle nationale depuis l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée, le déclenchement du conflit dans l’Est séparatiste pro-russe de l’Ukraine et la pire dégradation dans les relations de Moscou avec les Occidentaux depuis la fin de la Guerre froide.

La Crimée participe pour la première fois à une élection russe.

Le scrutin où plus de 6.500 candidats issus de 14 partis sont en compétition pour 450 sièges à la Douma d’État, chambre basse du parlement, intervient par ailleurs après près d’un an d’une intervention militaire inédite en Syrie qui a fait de la Russie le maître du jeu dans le conflit syrien.

Les électeurs devront également renouveler certains parlements régionaux et élire leurs gouverneurs. A ce titre, le président tchétchène Ramzan Kadyrov devra pour la première fois faire face aux électeurs depuis sa nomination à ce poste par le Kremlin en 2007.

– « Votez pour la Russie! » –

Les premiers enseignements du scrutin où quelque 110 millions d’électeurs sont appelés aux urnes devraient être connus peu après 18H00 GMT.

Vladimir Poutine, fort d’une popularité record d’environ 80%, notamment en raison du rattachement de la Crimée largement salué par les Russes, et son parti Russie Unie, qui domine actuellement la Douma d’État, peuvent envisager ce scrutin sereinement, assurés d’une victoire qui permettrait au président russe de briguer éventuellement son 4e mandat en 2018.

« Je vous demande d’aller aux urnes, de voter, d’exprimer votre position », a déclaré jeudi M. Poutine, 63 ans, lors d’une allocution télévisée. « Faites votre choix, votez pour la Russie! », a-t-il lancé.

– « La campagne la plus molle » –

Contrairement aux élections législatives de septembre 2011, dénoncées comme frauduleuses par des centaines de milliers de manifestants descendus dans la rue, le Kremlin semble cette fois vouloir donner au processus électoral plus de transparence.

Le président russe a ainsi placé à la tête de la commission électorale centrale l’ex-déléguée aux droits de l’homme auprès du Kremlin, Ella Pamfilova, pour remplacer Vladimir Tchourov, accusé par l’opposition d’avoir manipulé les résultats de plusieurs élections.

Les élections, où la moitié des députés seront pour la première fois élus au scrutin majoritaire, n’ont toutefois suscité que peu d’engouement en Russie.

L’ONG de défense des droits des électeurs Golos a ainsi dénoncé dans son rapport « la campagne électorale la plus molle et la moins active de ces 10 dernières années ».

L’opposition libérale, qui a cette fois eu l’occasion de présenter beaucoup plus de candidats que lors du scrutin précédent en 2011 et de diffuser ses clips de campagne à la télévision, a échoué à surmonter ses querelles internes et présenter une liste commune.

Face à l’immense machine du pouvoir, les opposants qui avancent en ordre dispersé ont eu du mal à susciter l’enthousiasme des électeurs, davantage tentés de voter pour les candidats « du pouvoir en place » ou par l’abstention.

Des membres d'une commission électorale locale mettent en place leur bureau de vote, le 18 septembre 2016, à Moscou.. © AFP

© AFP YURI KADOBNOV
Des membres d’une commission électorale locale mettent en place leur bureau de vote, le 18 septembre 2016, à Moscou.

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