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La sonde Rosetta s'approche de la comète, son tombeau

Darmstadt (Allemagne) (AFP) – Une fin spectaculaire pour une mission spatiale historique: la sonde européenne Rosetta va s’écraser volontairement vendredi à la mi-journée sur la comète Tchouri, signant la fin d’une odyssée spatiale de douze ans pour tenter de percer les mystères de la formation du système solaire.

Rosetta n’a pas été conçue pour atterrir. Mais les ingénieurs de l’Agence spatiale européenne ont fait leur possible pour que « l’impact contrôlé » de la sonde sur la comète, attendu vendredi aux alentours de 10H40 GMT (12H40 heure de Paris), soit le plus « soft » possible.

Il faudra ensuite 40 minutes pour que la Terre soit informée. L’ESOC devrait donc avoir la confirmation de l’impact vers 11H20 GMT (13H20 heure de Paris).

La sonde a été programmée pour s’éteindre dès qu’elle entrera en contact avec la surface du noyau cométaire. Ce sera la fin de la mission. 

Décidée en 1993 par l’Agence spatiale européenne, elle est auréolée de plusieurs succès: Rosetta est la première sonde à avoir escorté une comète dans sa course, pendant plus de deux ans. Elle a récolté une abondante moisson de données qui occuperont les scientifiques « pendant des décennies », selon l’ESA.

Son petit robot-laboratoire Philae a réalisé le 12 novembre 2014 une première historique en se posant sur un de ces petits corps qui sont parmi les plus primitifs du système solaire.

La mission Rosetta vise à mieux comprendre la formation du système solaire. Les comètes sont apparues il y a 4,5 milliards d’années et sont en quelque sorte restées dans le « congélateur » de l’espace pendant quasiment tout ce temps. Ce qui en fait des témoins d’exception.

Lancée en mars 2004, Rosetta, qui a parcouru 7,9 milliards de kilomètres, escorte depuis août 2014 la comète Tchourioumov-Guérassimenko. Mais celle-ci s’éloigne dorénavant de plus en plus du Soleil.

Dotée de grands panneaux solaires, la sonde commence à manquer de puissance. L’ESA a donc choisi de mettre fin de façon à la mission pendant qu’elle contrôle encore la sonde et que celle-ci a encore assez de puissance pour travailler.

La sonde et la comète se trouvent à environ 720 millions de kilomètres de la Terre. Rosetta est commandée à distance par le Centre européen d’opérations spatiales (ESOC) à Darmstadt (Allemagne).

Vers 20H50 GMT jeudi (22H50 heure de Paris), alors que la sonde se trouvait à 19 kilomètres de Tchouri, Rosetta a allumé ses propulseurs pour se mettre sur une trajectoire la menant directement en collision avec la tête de la comète.

« Prochain stop: 67P! », a écrit l’ESA sur Twitter alors que la sonde entamait une lente descente suicidaire de plus de 14 heures.

Sur la fin, sa vitesse atteindra 90 centimètres par seconde (3,2 km/heure) soit la vitesse de la marche humaine. 

Des régulations imposent d’éteindre une sonde et son émetteur une fois que la mission est terminée pour ne pas perturber les autres communications dans l’espace.

De toute façon, « Rosetta n’a aucune chance de pouvoir communiquer avec nous une fois au sol car elle n’aura plus les moyens d’orienter son antenne principale », selon Sylvain Lodiot, responsable des opérations de vol de Rosetta à l’ESOC.

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A l’ESA, « les sentiments sont un peu mêlés », reconnaît Matt Taylor, responsable scientifique de la mission Rosetta, interrogé par l’AFP.

« Nous sommes excités » par ces derniers moments mais aussi « un peu tristes » car c’est la fin de la mission. « En même temps, nous savons qu’il y a encore beaucoup de recherches scientifiques à faire » autour des données recueillies, dit-il.

Au sein de équipes de vol de Rosetta tout particulièrement, « l’émotion est en train de monter », relève-t-il. Leur travail est de s’assurer que les vaisseaux spatiaux « restent en forme ». Et là il doivent prendre un virage à 180 degrés puisqu’on va tuer la sonde », ajoute le scientifique. 

Rosetta est en train d’utiliser ses dernières forces pour accumuler le plus de données scientifiques possibles pendant ces dernières heures.

La plupart des instruments de la sonde sont allumés. Rosetta est en train de prendre des images de très près, elle « sniffe » les gaz, et doit aussi mesurer la température de Tchouri et sa gravité.

Rosetta doit se poser sur une zone qui comporte des « puits », sortes de dépressions circulaires larges et profondes, d’où s’échappent parfois des jets de gaz et de poussières.

« Nous espérons voir sur les flancs de ces puits des structures qui pourraient remonter à la période pendant laquelle la comète s’est formée et qui nous donneraient des indications sur l’évolution primordiale du système solaire », a déclaré à l’AFP Jean-Pierre Bibring, responsable scientifique en charge de Philae.

Les scientifiques s’interrogent sur le rôle que les comètes ont pu jouer dans l’apparition de la vie sur Terre.

Rosetta : impact final. © AFP

© AFP Laurence SAUBADU, Alain BOMMENEL, Sophie RAMIS
Rosetta : impact final

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