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La Syrie replonge dans la guerre sous les yeux d'une diplomatie impuissante

New York (AFP) – La Syrie était en proie aux combats et bombardements mardi, sous les yeux impuissants de la communauté internationale réunie à New York, incapable de mettre fin au conflit qui ravage le pays depuis plus de cinq ans.

La trêve conclue le 9 septembre par Washington et Moscou a fait long feu sur le terrain, même si les dirigeants du monde tentent de se convaincre qu’elle n’est « pas morte », comme l’a affirmé le chef de la diplomatie américaine John Kerry.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki moon a solennellement appelé mardi à « la fin des combats », en ouvrant la grand messe diplomatique annuelle de l’Assemblée générale.

« Nous allons devoir poursuivre le difficile travail de la diplomatie », s’est borné à promettre le président américain Barack Obama, qui quittera le 20 janvier la Maison Blanche en ayant refusé pendant quatre ans toute intervention militaire d’envergure au Moyen Orient.

Un peu plus tôt, une réunion internationale présidée par les Etats-Unis et la Russie, parrains d’un processus diplomatique introuvable, s’était tenue dans un palace new-yorkais, mais sans aucune percée diplomatique.

« Le cessez-le-feu n’est pas mort », a assuré John Kerry à l’issue de cette réunion du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), rassemblant 23 pays et organisations internationales directement ou indirectement impliqués dans le conflit. 

Mais aucune annonce concrète n’a été faite à l’issue d’une heure de discussions –« dans une ambiance dramatique et lourde » selon le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault– si ce n’est que de nouvelles réunions sont programmées.

M. Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov devraient se rencontrer de nouveau dans la semaine et une nouvelle réunion du GISS était envisagée.

Malgré la situation dramatique sur le théâtre de guerre, la diplomatie américaine refuse de jeter l’éponge afin de tenter de trouver avec la Russie une porte de sortie diplomatique au conflit.

– Raids et barils explosifs –

La réunion du GISS a eu lieu alors que les combats font de nouveau rage en Syrie, après que l’armée du régime de Damas eut déclaré lundi la « fin » du cessez-le-feu et repris ses bombardements.

Lundi, un raid meurtrier, dont Moscou et Damas ont démenti être les auteurs, a frappé un convoi d’aide humanitaire près d’Alep (nord), faisant environ vingt morts selon la Croix Rouge.

Cette attaque, qui a « scandalisé » la communauté internationale, a entraîné la suspension des convois d’aide de l’ONU. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière contre un convoi humanitaire depuis le début de la guerre en 2011.

Il s’agit « d’un jour très, très sombre pour les humanitaires en Syrie et dans le monde », a déclaré à Genève le porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), Jens Laerke, en demandant une « enquête » sur ce raid.

L’ONU n’a pas indiqué la nationalité des avions ayant mené ces frappes, mais le régime syrien et son allié russe ont nié avec force mardi en être responsables. Pour l’armée russe, la destruction des poids lourds a coïncidé avec « une offensive d’ampleur des rebelles vers Alep ». Aucun groupe rebelle syrien ne dispose de force aérienne.

Par ailleurs, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, au moins 27 barils explosifs, l’arme de prédilection du régime de Damas, ont été largués sur Alep dans la matinée de mardi.

Dans la ville et dans la province, au moins 39 civils ont été tués depuis l’annonce par l’armée syrienne de la fin du cessez-le-feu lundi en fin d’après-midi, selon l’ONG syrienne.

L’accord du 9 septembre conclu à Genève entre MM. Kerry et Lavrov, énième tentative d’arrêter la guerre, prévoyait une cessation des hostilités pendant sept jours à compter de lundi dernier, de l’aide humanitaire pour le nord de la Syrie et une collaboration militaire entre Washington et Moscou contre les jihadistes via un centre d’échange d’informations et de coordination. Le texte stipulait aussi que l’aviation syrienne serait clouée au sol pour ne plus aller bombarder l’opposition modérée et les populations civiles.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, lors de l'ouverture de la session annuelle de l’Assemblée générale de l'ONU, le 20 septembre 2016, à New York. © AFP

© AFP Jewel SAMAD
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, lors de l’ouverture de la session annuelle de l’Assemblée générale de l’ONU, le 20 septembre 2016, à New York

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